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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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Gênes, il avait pris certaines précautions contre une descente prématurée de l’armée de réserve en Italie du Nord. Il avait laissé à Alexandrie un corps de trente-cinq mille hommes aux ordres du général Kaim pour couvrir ses arrières. Le restant de ses troupes, soit soixante mille hommes, était réparti en quatre groupes : à l’est de Gênes, les corps de Ott et de Hohenzollern ; au centre, la colonne la plus importante commandée par Melas lui-même et appuyée par celle d’Elsnitz. Le commandant en chef autrichien avait lui aussi ignoré le front des Alpes et pour réduire Gênes entendait couper sa voie de ravitaillement. Très tôt, en février, le général Oudinot, qui avait fait fonction de chef d’état-major de Masséna pendant la seconde bataille de Zurich, était arrivé à Gênes. Masséna lui rendit ce poste mais il avait prévu pour Suchet une honnête compensation. Il lui donna le commandement du secteur central. Depuis le départ, il entendait agir de la sorte et c’était même la raison pour laquelle il l’avait conservé disponible à l’étonnement de son entourage. En même temps, il honora ses trois généraux adjoints en leur accordant le titre de lieutenant général, ce qui n’était pas un grade mais une fonction qui les plaçait au-dessus des autres divisionnaires.
    Le corps de Suchet comprenait trois divisions aux ordres des généraux Clausel, Pouget et Lesuire. L’ensemble s’élevait à un peu moins de treize mille hommes avec lesquels il devait couvrir un front de soixante-quatre kilomètres. Évidemment, il était hors de question que Suchet répartît équitablement ses forces sur l’ensemble de son front. Il constitua donc un ensemble de petits avant-postes, en quelque sorte des sonnettes, et concentra le gros de ses divisions autour des villes de Savone et Finale sur la côte d’où il lui serait possible de se porter rapidement sur le col de Cadibona par où les Autrichiens tenteraient sans doute de déboucher car c’était le seul dont la chaussée permît le passage de l’artillerie. Comme chef d’état-major, il choisit Préval malgré son jeune âge, car il avait travaillé avec lui sous Joubert.
    Pendant les mois de février et mars 1800, quoique les deux armées eussent été au contact, les hostilités se résumèrent à de simples escarmouches entre patrouilles sur le front central. Mais, sur la droite française, Soult, conformément au plan de Masséna, avait lancé des actions de portée réduites mais suffisamment virulentes pour gêner la mise en place des troupes autrichiennes. C’était autant de temps de gagné.
    Par ailleurs, Masséna avait chargé Bavastro, un marin hardi qu’il connaissait bien, de mener une espèce d’offensive contre l’escadre anglaise par des procédés de corsaire. Sans doute ne pouvait-il pas s’attaquer aux vaisseaux de haut bord et aux frégates, mais il avait la possibilité d’enlever les bâtiments de charge et de liaison et de cette manière, forçant les Anglais à protéger leurs communications, il permettrait à quelques caboteurs serrant la côte d’apporter un peu de ravitaillement à la ville. En définitive, l’offensive autrichienne ne démarra que le 5 avril. En prenant lui-même la tête d’une de ses colonnes, Melas se mettait dans l’impossibilité de diriger l’ensemble de la bataille. Son double objectif était d’une part, sur sa gauche, de refouler les Français jusque sous les murs de Gênes et d’en entreprendre le siège ; et, sur sa droite, de couper la route côtière, de forcer Suchet à se replier sur Gênes, ce qui faisait autant de bouches supplémentaires à nourrir, et d’être ainsi en mesure de marcher sur Nice et éventuellement sur Marseille en tendant la main aux mouvements insurrectionnels royalistes de Provence.
    La disproportion des forces était telle que les Autrichiens avancèrent partout. Mais alors que, face à Soult, Ott éprouvait de grandes difficultés et fut arrêté avec des pertes importantes à huit kilomètres de Gênes, à Nervi, au centre, les combats, après une résistance acharnée des divisions de Suchet, qui dura plusieurs heures, tournèrent à l’avantage de Melas. Il finit par s’emparer du col de Cadibona et put dévaler jusqu’à Vado sur la côte, séparant ainsi Suchet de Soult. L’ensemble de l’opération, la résistance des troupes de Suchet, avait duré trois jours. En un sens, la manœuvre de Melas avait échoué,

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