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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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de vue activité économique ne voulait pas dire grand-chose. Saragosse, la capitale, à la suite de son siège ne présentait plus qu’un champ de ruines.
    La province vivait essentiellement d’agriculture comme presque toute l’Espagne. Les deux sources de sa prospérité restaient la culture et l’élevage dans les zones les plus hautes : bovins et ovins. Sur ces terres, par nature arides, l’irrigation tenait une place importante. Les paysans étaient tous ou presque des petits et moyens propriétaires cultivant leurs champs avec un minimum de main-d’œuvre mais obtenant d’assez bons rendements. Par contre, il n’y avait pas de grands domaines comme en Andalousie ou en Castille. Les habitants, assez paisibles et laborieux, s’ils se voulaient bons patriotes, entendaient également exploiter leurs terres en paix.
    Le départ du 5 e corps pour Burgos laissa Suchet en place avec des effectifs squelettiques et il écrivit immédiatement à Clarke, nouveau ministre de la Guerre, avec qui il entretenait de bons rapports, pour demander des renforts. Sa requête tombait assez mal, car Napoléon avait besoin de toutes les forces disponibles pour constituer une nouvelle grande armée avec laquelle il allait faire la guerre à l’Autriche. Clarke répondit donc en ce sens à Suchet.
    Le nouveau chef du 3 e corps comprit et s’attacha à réorganiser sur cette base son corps d’armée. Mais il fut contraint de soustraire de son corps de bataille déjà bien faible un millier d’hommes placés en garnisons dans les villes conquises. Il articula le reste en deux divisions. En revanche, il eut la chance de mettre la main sur un excellent chef d’état-major, le général Harispe, basque d’origine qui connaissait bien le nord de l’Espagne, parlait la langue et se montra d’une extraordinaire efficacité. Assez curieusement, il termina sa carrière en 1852 lorsque le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, l’éleva après le coup d’État du 2 décembre 1851, auquel ce vétéran n’avait pourtant pas participé, à la dignité de maréchal de France.
    Comme sous-chef d’état-major, Suchet désigna le colonel Saint-Cyr Nugues qui était depuis dix ans son aide de camp. Ses divisionnaires, Laval et Musnier, avaient servi comme officiers sous l’Ancien Régime et connaissaient parfaitement leur métier. Lorsque, un peu plus tard, Suchet fut à même de constituer une troisième division, il en confia le commandement au général Habert également très compétent. Avec cette équipe bien soudée et efficace, Suchet, ayant écarté et renvoyé en France quelques éléments indésirables, reconstitua rapidement un corps de bataille moins pour chasser les guérillas que pour faire face aux troupes « régulières » espagnoles.
    Celles-ci étaient commandées par le général Blake, officier d’origine irlandaise, né à Malaga, et qui accomplit toute sa carrière dans l’armée espagnole. Suchet devait le rencontrer comme adversaire pendant toutes les années qu’il passa en Espagne et assez curieusement ils entretinrent une correspondance épisodique après la fin de l’Empire. Officier très moyen, il était tout de même, en 1809, un des meilleurs dont disposait la junte révolutionnaire. Si la population aragonaise ne se soulevait pas, elle n’en profitait pas moins pour compter les Français et communiquer à son armée le nombre de nos soldats. Blake se mit donc en tête d’attaquer ce faible 3 e corps, de le rejeter en Navarre et ensuite de couper la route de Bayonne à Madrid. C’était un projet ambitieux et très certainement au-dessus de ses moyens et de ses capacités. Toutefois, avant d’entrer en campagne, il commença par activer la guérilla peu agressive en Aragon pour harceler le 3 e corps dans toutes ses opérations. Pourtant, dès l’arrivée de Suchet, Blake disposait de dix-neuf mille fantassins, mille cinq cents cavaliers et vingt-deux pièces d’artillerie. Dans la première quinzaine de mai, les Espagnols remportèrent un petit succès sur la rivière Cinca où ils contraignirent à se rendre huit compagnies d’élite, isolées par une crue de la rivière. En fait, à ce moment, le 3 e corps était encore plus ou moins commandé par Junot. Mais, aussitôt après le départ de celui-ci, ayant appris que Blake s’était retranché à Alcaniz, Suchet marcha contre lui avec ses deux divisions. Un combat un peu confus s’engagea. Alors que les Français

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