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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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faut pas oublier que la Terreur, qui touchait du reste presque à son terme, était alors à son comble. Même la présence dans l’armée ne présentait plus une garantie de sûreté, lorsqu’on était d’origine noble ou bourgeoise. C’était l’époque où Bonaparte faisait sa cour aux frères Robespierre, où un Davout suppliait un membre de la Convention d’intervenir en faveur de sa mère emprisonnée et menacée d’exécution. Ce fut sans doute la raison qui poussa Suchet, soucieux d’assurer la sécurité de son frère ainsi que la sienne, à écrire la fameuse lettre à Maignet.
    Une telle démarche était-elle absolument nécessaire pour conforter leur sécurité ? La question demeure sans réponse. Mais il devait par la suite payer assez cher sa fâcheuse initiative. Étiqueté Jacobin bon teint, s’il ne fut pas emprisonné comme Bonaparte au moment de la réaction thermidorienne, il allait voir, malgré ses qualités d’officier et de chef de corps, son avancement bloqué durant quatre ans.

II
    À L’ARMÉE D’ITALIE
    (1794-1797)
    À la suite de son peu brillant exploit qu’il s’efforçait de faire rapidement oublier, le 4 e bataillon de l’Ardèche regagna Marseille où il fut affecté à la défense du château d’If, car les autorités craignaient de voir les Anglais, maîtres absolus de la mer, tenter d’y débarquer. C’était l’époque où, par application du système dit de « l’amalgame », les unités de volontaires étaient incorporées dans des régiments réguliers afin d’être mieux encadrées ; mais ce mélange ne s’opérait pas sans résistance de part et d’autre : mépris chez les soldats de métier et opposition parmi les commandants de bataillons qui n’avaient de comptes à rendre en tant que chefs de corps qu’aux autorités civiles de leurs départements d’origine, autrement dit à personne.
    Ils goûtaient peu l’idée de se voir enrégimentés et soumis à des supérieurs hiérarchiques aussi proches. Un certain nombre de généraux, commandants de places eux-mêmes, à la promotion incertaine, se montraient tout disposés à répondre favorablement aux demandes de recommandations des commandants de bataillons de volontaires. C’est ainsi que, le 23 septembre 1794, le général Villemaret délivra un certificat des plus élogieux au 4 e bataillon des volontaires de l’Ardèche « fort bien discipliné et qui a montré un grand zèle pour le triomphe de la liberté ». Pourtant, à cette date, ledit bataillon détenait une manière de record avec près de trois cents déserteurs !
    À la fin de l’année, le bataillon quitta Marseille pour Toulon. Il avait été désigné pour faire partie de l’expédition maritime dont l’objectif était la reconquête de la Corse occupée par les Anglais. Suchet eut l’occasion d’y revoir Bonaparte chargé d’organiser les troupes pour cette entreprise. Il l’invita même à souper un soir, en compagnie de Junot, son aide de camp. Mais, alors que celui-ci était à présent général, Louis-Gabriel n’était toujours que lieutenant-colonel. Le bataillon Suchet fut cantonné à Laseigne en attendant d’être embarqué. Cette opération eut lieu au début de mars 1795. Hélas, l’escadre de l’amiral Martin, sortie de Toulon en couverture au même moment, fut battue par celle des Anglais et contrainte de regagner son port après avoir perdu deux vaisseaux. Les troupes déjà embarquées furent donc mises à terre. Cette campagne ratée fit naître chez Suchet une certaine méfiance pour toutes les opérations combinées faisant appel à la marine
    Le général Mouret, commandant la division, fut remplacé à ce moment par Masséna et les soldats de Suchet allaient s’initier à une forme particulière de combats : la guerre de montagne. Celle-ci, qui comportait non pas de vastes mouvements mais de petits sauts en avant pour occuper une crête ou un groupe de chalets, nécessitait autant de prudence que d’habileté ainsi que de la méthode. Ces qualités s’accordaient parfaitement au caractère circonspect et organisé de Suchet. Comme, depuis plus d’un an, il avait assimilé les caractéristiques de son métier, il allait pouvoir employer son bataillon dans les meilleures conditions possibles. Ce fut au cours de ces mois passés dans la montagne que les hommes de Suchet affrontèrent véritablement pour la première fois l’ennemi au cours de petits engagements.
    Masséna, ayant

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