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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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l’aurait inquiété. Mais il savait que Jehanne ne connaissait pas vraiment d’autre homme à qui elle aurait pu le comparer.
    — Oh, j’ai confiance en vous. Vous êtes si bon avec moi.
    Elle espéra qu’il allait se souvenir de ce compliment si par mégarde elle finissait par commettre quelque bévue. Elle devait constamment se rappeler à l’ordre et éviter de chercher Sam des yeux.
    La tendre mélodie se termina. Il garda Jehanne un instant supplémentaire auprès de lui en lui serrant la nuque, puis il dit, en la libérant :
    — Retournons.
    Abandonnant l’aire de danse à des couples plus fringants, ils retournèrent s’asseoir. Jehanne se lova contre lui. Elle ne lui laissa pas le temps de se soucier de Desdémone, qui n’avait cessé de les épier. Le vent coucha les fleurs du pré que la nuit faisait semblables, confondant leur parfum avec celui des gens et du vin.
    De nombreux convives finirent par rouler sous les tables. Une bagarre avait éclaté parmi les ménestrels, dont Sam, et certains finirent par s’endormir, pêle-mêle à même le sol dans un enchevêtrement de bras, de jambes et de manches de luth. À quelques pas de là, un buisson s’agitait et grognait de manière suspecte, complice inavoué de mystérieux ébats. Il n’y avait plus personne à table, et même les serviteurs s’étaient retirés.
    Au plus noir de la nuit, Louis aida son épouse à se lever. Jehanne obéit. Une petite main glissa entre les jambes de son mari et effleura cette bosse étrangère qui l’avait tant effrayée un peu plus tôt. Elle ricana, soulagée par sa bravoure avinée, et se moula contre lui. Il la prit par les poignets et lui entoura les épaules d’un bras pour l’empêcher de tomber et il la guida jusqu’à la maison.
    Ceux qui tenaient encore debout essayèrent de les suivre jusque dans la chambre, mais, heureusement, le couple en sema plusieurs en route. Jehanne se laissa mollement guider jusqu’à la porte sur laquelle on avait accroché une couronne de fleurs et de feuillages. Le père Lionel fut seul autorisé à entrer avec eux dans la chambre nuptiale, le temps d’une bénédiction du lit et des mariés. Le moine ressortit et les laissa seuls. Louis mit le loquet sur la porte.
    — Ton pipeau contre mon tambourin qu’elle crie d’ici à ce que j’aie fini ma chope, chuchota une voix à la fenêtre.
    — Tenu, dit une autre.
    — Vos gueules, dit celle, rauque, de Sam.
    Les volets s’ouvrirent brusquement devant eux. Des mains anonymes projetèrent à la tête de Sam un plein seau d’eau froide, ce qui fut suivi du seau lui-même.
    — Sacré bon Dieu de Faucheur ! cria Sam, titubant sous le seau. La tête de Louis apparut à la fenêtre.
    — Allez donc un peu voir ailleurs si on y est.
    Les volets claquèrent sur les rires gras des compères ménestrels qui avaient accompagné Sam. Ils sifflèrent Louis et l’acclamèrent avant de s’en retourner boire un coup.
    La chambre conjugale était décorée de guirlandes de fleurs qui faisaient une ronde autour du lit à la lueur des chandelles. Des pétales et des épis de blé avaient été semés sur l’édredon parfumé à la lavande par Margot qui, ce faisant, avait ressuscité d’anciennes pratiques païennes. De délicats flacons piriformes qui sentaient bon avaient été mis bien en évidence sur une étagère. Des choses de femme. II crut reconnaître parmi elles un parfum d’ambre gris*.
    Un peu hébétée, la mariée écarta les courtines et s’assit sur le lit en duvet d’oie où des carreaux* bombés, eux aussi rembourrés de duvet d’oie, invitaient le couple aux secrets de la nuit. Elle se laissa imprégner par les riches teintes fauves de la tapisserie de Margot qui avait été accrochée à la tête du baldaquin.
    — J’ai quelque chose pour vous, dit-elle soudain en se relevant. Elle marcha jusqu’au coffre et l’ouvrit pour en sortir la huque* qu’elle vint timidement lui remettre. Louis la déplia un peu afin de voir ce que c’était.
    — Avec cela, vous n’aurez plus froid à votre lever. Est-ce qu’elle vous plaît ?
    — Oui. Merci.
    Il disparut un moment derrière le paravent et en ressortit vêtu de la huque*, attachée par son cordon, par-dessus son sous-vêtement de lin. Jehanne lui sourit.
    — Elle vous va bien. Cela se porte ainsi, dit-elle.
    Et, pour le taquiner, elle entreprit de dénouer le cordon. Il eut un mouvement de recul et la fixa intensément.
    — Oh,

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