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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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toucher quelqu’un pour une autre raison que celle d’infliger de la douleur. Mais en même temps que ce nouvel émoi se réveillait la crainte d’un refus, d’un échec.
    Il s’approcha un peu. Jehanne retint son souffle et fut tentée de reculer. Il s’arrêta.
    — S’il vous plaît… J’ai peur, commença-t-elle.
    Il lui tendit la main. Hésitante, elle finit par consentir et marcha jusqu’à lui. Il l’enlaça à peine, comme il l’avait fait pour la danse. Il pouvait voir que Jehanne haletait, sa poitrine s’élevant et s’abaissant rapidement sous le tissu délicat de sa chemise. Il dit, d’un ton apaisant :
    — Je ne vous obligerai pas à faire quoi que ce soit cette nuit, Jehanne. Il y a un moyen de contourner la chose. Si vous ne le voulez pas, dites-moi non maintenant et je m’en irai. Personne n’en saura rien.
    Elle se mordit les lèvres et le regarda dans les yeux comme si elle implorait son aide.
    — Si je ne le veux pas ? Mais c’est l’objectif du sacrement.
    — Ne vous occupez pas de ça. Ma question est : Me voulez-vous, oui ou non ? Si c’est non, je respecterai votre désir et j’irai dormir dans mon ancienne chambre.
    — Vous feriez cela ?
    — Oui. Quelle que soit votre réponse, je vous demande de vous souvenir que je vous ai posé la question. Que je vous ai offert ce choix.
    — Bien sûr, mais… pourquoi me l’offrez-vous ? Qu’essayez-vous donc de me dire ?
    — Vous savez très bien de quoi je parle.
    — Bien sûr, mais… je… c’est que je ne m’y connais guère en ces choses.
    — Moi, si.
    — Alors… s’il vous plaît, montrez-moi, supplia-t-elle tout bas.
    Il savait que la plupart des maris se donnaient rarement la peine d’être aussi prévenants. Mais il avait envie de se montrer délicat avec elle. Cela eut l’air de la rassurer. Lui aussi fut rassuré par sa réponse.
    — J’irai doucement, Jehanne, ne vous inquiétez pas, dit-il à son oreille. Plus doucement que les autres hommes. Savez-vous pourquoi ?
    — N-non.
    Le vent les frôlait avec impudence sous leurs vêtements. L’étreinte de Louis devint plus précise. Ses mains commencèrent à lui caresser les flancs. Il se pencha pour nicher son visage au creux de son cou.
    — Parce que je saurai garder le contrôle de mon corps pour écouter ce que me dira le vôtre.
    Louis avait conservé la plupart des aspects de sa maladresse d’adolescent. S’il était conscient de son manque d’expérience, doublé de la quasi-absence de désir physique qui pouvait jouer en sa défaveur, il savait aussi que s’il s’y prenait bien, cet état de choses risquait de s’avérer un précieux acquis. Il suffisait d’utiliser cette neutralité à bon escient, en sachant se montrer réceptif aux réactions de sa partenaire. Après tout, se disait-il, il en allait du plaisir comme de la torture.
    — Si vous n’aimez pas cela, vous n’avez qu’à me le dire et je cesserai aussitôt, dit-il, et il l’attira davantage contre lui.
    Ses mains larges descendirent sur les hanches qui, même si elles étaient un peu étroites, possédaient néanmoins une courbe agréable.
    — D’accord ?
    — Oui, dit-elle.
    Deux petites mains se rejoignirent derrière la nuque de son mari. Il cligna des yeux, un instant surpris par des caresses qui lui semblaient venues de nulle part. Il en avait perdu l’habitude, ses uniques échanges charnels depuis vingt ans s’étant produits avec des femmes qui étaient immobilisées pour quelque interrogatoire. Cela le déconcertait un peu de sentir ces doigts qui butinaient dans ses cheveux. Troublé, il ne savait que faire de ce corps de femme en attente. Il se laissa envelopper de son odeur d’herbe tendre et de pétales et baissa la tête pour embrasser Jehanne. Tout d’abord, elle se laissa faire. Louis ne se découragea pas de sa passivité et ne se demanda même pas s’il s’y prenait correctement.
    Il ne s’aperçut pas tout de suite qu’il dénouait un à un les cordonnets de sa robe de nuit. Jehanne se mit graduellement à réagir et répondit à ses baisers. Les mains calleuses achevèrent de détacher les petits rubans et s’immiscèrent sous la chemise mince. La peau de Jehanne était soyeuse et rose. « C’est donc cela, une licorne », pensa-t-il distraitement, s’étonnant lui-même d’avoir eu pareille réflexion.
    Il la souleva et l’emmena jusqu’à la couche nuptiale. La jeune femme se hâta de se soustraire aux

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