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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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la lumière du jour
et vit qu'il était beau, avec ses yeux anglais bleu foncé, de grandes mains et
de grands pieds. Il joua avec les doigts minuscules et les petites jambes
légèrement fléchies. L'enfant sentait l'olive car sa mère l'avait frotté
d'huile ; il le changea, retrouvant les gestes d'autrefois quand il
s'occupait de ses frères et de sa petite sœur. Les reverrait-il un jour pour
leur présenter leur neveu ?
    Il se querella
avec Mary à propos de la circoncision.
    « Cela ne
lui fera pas de mal. Ici, tous les hommes sont circoncis, musulmans ou
juifs ; il n'en sera que mieux accepté.
    – Je n'ai pas
envie qu'il soit accepté en Perse, mais chez nous, où les hommes restent tels
que les a faits la nature. »
    Il rit, elle
pleura. Il dut la consoler puis s'échappa pour aller s'entretenir avec Ibn
Sina. Le prince des médecins l'accueillit chaleureusement, remercia Allah de
l'avoir épargné et dit sa tristesse d’avoir perdu Mirdin. Il écouta avec
attention l'exposé des traitements et interventions après les combats, très
intéressé par les observations de Rob quant à l'efficacité comparée de l'huile
et du vin sur les blessures ouvertes. Plus attaché à la vérité scientifique
qu'à sa propre infaillibilité, il insista pour que son élève consacre à cette
expérience un rapport écrit et sa première conférence de médecin.
    « J'aimerais
que tu travailles avec moi, Jesse ben Benjamin. Comme assistant. »
    C'était plus
qu'il n'en avait jamais rêvé, et il eut envie de dire au maître qu'il n'était
venu à Ispahan – une si longue route à travers tant de pays – que pour toucher
l'ourlet de son vêtement. Mais il accepta, simplement.
     
    Mary ne fit
aucune difficulté. Elle avait déjà assez vécu à Ispahan pour savoir qu'on ne
refuse pas un pareil honneur, assorti de confortables revenus et du prestige
d'une étroite collaboration avec un homme vénéré tel un demi-dieu.
    « Je te
ramènerai chez nous, je te le promets, Mary, mais pas encore. Fais-moi
confiance, je t'en prie. »
    Elle s'efforça
même de s'adapter davantage au milieu, et finit par consentir à la
circoncision. La sage-femme mena Rob chez Reb Asher Jacobi, le mohel , et
plaida la cause de l'étrangère qu'elle avait assistée pendant sa grossesse et
son accouchement. En l'absence de tout autre membre de la famille, le père
tiendrait lui-même son enfant et Nitka se chargeait d'amener ses deux fils et
quelques amis.
    Le matin, elle
arriva la première avec ses deux solides tailleurs de pierre. Puis Hinda, la
marchande du marché juif, le cordonnier et le boulanger avec leurs épouses,
vinrent à leur tour, apportant des cadeaux.
    « Que ce
garçon grandisse en vigueur, de corps et d'esprit, pour une vie active et
généreuse », dit le mohel tandis que le bébé criait.
    Les voisins
burent à sa santé et Rob donna à son fils le nom juif de Mirdin ben Jesse. Mary
avait détesté tout cela ; quand ils furent seuls chez eux, elle mouilla
ses doigts d'eau d'orge et, touchant l'enfant au front, au menton, à l'une et
l'autre oreille, elle le baptisa "  au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit "  et lui donna les noms de son père et de son
grand-père : Robert James Cole. Désormais, elle l'appela toujours Rob J.
     
    Rob écrivit au
père de Mirdin, Reb Mulka Askari, avec affection et respect, disant combien il
avait aimé et admiré son fils. Il lui envoyait le plan de la tombe, avec ses
tefillim, l'échiquier et les pièces du jeu du chah qui les avaient réunis pour
tant d'amicales parties.
     
    Al-Juzjani
avait été le plus brillant assistant d'Ibn Sina, mais les autres avaient
également réussi. Le médecin-chef exigeait beaucoup de ses collaborateurs, qui
se perfectionnaient à son contact. Rob, dès le début, ne se contenta pas de
suivre et si, en cas de problème, le maître était toujours prêt à donner son
avis, il faisait confiance au jeune hakim et lui laissait toute initiative. Ce
fut une période heureuse.
    Quand il fit
son exposé à la madrassa sur l'utilisation du vin dans le traitement des
blessures ouvertes, il eut peu d'auditeurs car un médecin d'al-Rayy donnait le
même matin un cours sur les pratiques sexuelles. Le sujet attirait en foule les
praticiens persans, alors qu'en Europe il ne relevait pas de leur
responsabilité. Rob suivit lui-même beaucoup de conférences de ce genre et – à
cause de sa science ou malgré elle ? – son mariage le comblait. Mary se

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