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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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à la cantonade, et personne ne le comprit car il s'était exprimé en
anglais. L'âne, de toute façon, dérouté par cette inquiétante forêt, revenait
déjà, aussi tremblant que son maître.
    Chacun s'agenouilla en se
prosternant la face contre terre et Lonzano obligea Rob à se baisser,
s'assurant, une main sur son cou, que sa tête plongeait au plus bas. La leçon
n'avait pas échappé au chasseur. Rob entendit le bruit de ses pas et aperçut
les souliers de chagrin qui s'arrêtaient à quelques pouces de sa tête
obéissante.
    « Voilà une grande panthère
morte, et un grand dhimmi mal éduqué », dit une voix amusée, et les
souliers disparurent.
    Le chasseur et les serviteurs
portant sa proie s'en allèrent sans un mot de plus. Au bout d'un moment, les
hommes à genoux se relevèrent.
    « Ça va ? demanda
Lonzano.
    – Oui oui. »
    Le caftan de Rob était déchiré,
mais lui n'était pas blessé.
    « Qui était-ce ?
    – Ala al-Dawla, le chahinchah, le
roi des rois.
    – Et qu'est-ce qu'un
dhimmi ?
    – Cela veut dire l’
" homme du Livre ". C'est ainsi qu'on appelle les Juifs,
ici. »

37. LA CITÉ DE REB JESSE

 
    Ils se séparèrent deux jours plus tard à Kupayed, douze misérables maisons de
brique à une croisée de chemins. Pour Rob, Ispahan était à moins d'un jour de
voyage, tandis que les autres avaient encore devant eux trois semaines
difficiles vers le sud, et la traversée du détroit d'Ormuz avant de rentrer
dans leur pays. Il savait que sans eux et les communautés juives qui l'avaient
accueilli le long de la route, il n'aurait jamais atteint la Perse. Loeb et lui
s'étreignirent.
    « Dieu
soit avec toi. Rob Jesse ben Benjamin. »
    Aryeh lui-même
esquissa un sourire crispé quand ils se souhaitèrent bon voyage, sans doute
aussi soulagés l'un que l'autre de se quitter.
    « Quand
tu seras à .l'école de médecine, fais bien nos amitiés au parent d'Aryeh, Reb
Mirdin Askari. » dit Lonzano.
    Rob lui prit
les mains et l'autre lui sourit.
    « Pour
quelqu'un qui est presque un goy, tu as été un excellent compagnon et un homme
de bien. Va en paix, Inghiliz.
    – Va en paix,
toi aussi. »
    Et dans un
dernier échange de bons vœux, ils se dispersèrent.
    Rob montait la
mule car, depuis l'attaque de la panthère, il avait transféré son sac sur le
dos de l'âne effrayé, qu'il menait par la bride. Il allait ainsi moins vite
mais, si près du but, il tenait à savourer la dernière partie du voyage. La
route était très fréquentée. Il entendit le bruit qui lui plaisait tant et
rejoignit bientôt une file de chameaux à clochettes portant chacun deux grands
paniers de riz. Suivant le dernier de la colonne, il restait sous le charme de
cette musique cristalline.
    La forêt
s'ouvrit sur un vaste plateau : partout où l'eau le permettait, des champs
de riz et de pavots ; ailleurs, l'aridité du roc. Plus loin, des collines
calcaires, creusées de nombreuses carrières et dont le soleil et l'ombre
nuançaient la blancheur. En fin d'après-midi, sur une hauteur, Rob aperçut une
petite vallée où coulait une rivière et, vingt mois après avoir quitté Londres,
il découvrit Ispahan.
    Une
éblouissante blancheur ponctuée de bleu. Une cité voluptueuse pleine
d'hémisphères et de courbes, avec de grands édifices couronnés de dômes qui
brillaient au soleil, des mosquées et leurs minarets, de larges espaces verts,
de hauts cyprès, des platanes. Le quartier sud se colorait de rose sous les
rayons reflétés par le sable des collines.
    Maintenant, il
ne pouvait plus attendre. «  Hai  !  » cria-t-il en
talonnant la mule, et, l'âne trottant derrière, ils dépassèrent à vive allure
la caravane des chameaux. A quelque distance de la ville s'ouvrait une superbe
avenue à quatre voies, pavée et bordée de platanes, qui franchissait la rivière
au-dessus du barrage d'un bassin d'irrigation. Dans le Zayandeh, le Fleuve de
la Vie, des garçons à la peau brune se baignaient en s'éclaboussant.
    Derrière
l'enceinte de pierre, passé l'unique porte de la cité, c'étaient de riches
demeures, avec des terrasses, des vergers et des vignes. Partout des ouvertures
en arc brisé, aux portes, aux fenêtres aux grilles des jardins. Au-delà, les
dômes blancs et ronds qu'achevait une pointe, comme si les architectes étaient
tombés amoureux fous des seins de femme. Et tout cela en pierre blanche des
carrières, ornée de petits carreaux bleu foncé qui formaient des motifs

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