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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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veiller à ce qu'on ne touche pas à ses bandages avant cinq
jours ! Si Eswed Omar ne guérit pas et si al-Juzjani passe sa rage sur
moi, je découpe ton gros cul en rondelles comme un rôti de mouton ! »
    Avisant Rob,
qui était resté médusé, il fronça les sourcils.
    « Que
voulez-vous ?
    – Parler à Ibn
Sina pour entrer à l'école de médecine.
    – C'est
possible, mais le prince des médecins ne vous attend pas ?
    – Non.
    – Alors, il
faut d'abord aller au premier étage du bâtiment voisin, voir Hadji Davout Hosein, le sous-directeur de l'école. Rotun bin Nasr, un cousin éloigné
du chah, est directeur à titre honorifique ; il est général d'armée et ne
vient jamais. Hadji Davout Hosein est notre administrateur, c'est lui que vous
devez rencontrer. »
    Quelques
étudiants habitaient sans doute le Grand Téton, car sur le couloir obscur
ouvraient une série de petites cellules. Par une porte entrebâillée près de
l'escalier, Rob aperçut deux hommes qui dépeçaient un chien jaune couché sur
une table, mort peut-être. Au premier étage, il demanda à un étudiant de le
conduire au hadji.
    Le
sous-directeur était petit, mince, encore jeune, visiblement conscient de sa
propre importance ; une tunique grise, le turban blanc de ceux qui ont
fait le pèlerinage de La Mecque, de petits yeux noirs et, sur le front, un
zabiba très marqué, témoignant de sa piété. Après l'échange des salaam ,
il écouta la requête de Rob et l'examina avec attention.
    « Tu
viens d'Angleterre, dis-tu ? C'est en Europe ? Dans le Nord ? Et
combien de temps as-tu mis pour venir chez nous ?
    – Pas tout à
fait deux ans, hadji .
    – Deux
ans ? C'est extraordinaire ! Ton père est médecin, diplômé de notre
école ? Non ? Un oncle peut-être ?
    – Non. Je
serai le premier médecin de ma famille. »
    Hosein
s'assombrit.
    « Nous
avons ici des étudiants qui descendent d'une longue lignée de médecins. Tu as
des lettres d'introduction, dhimmi ?
    – Non, maître
Hosein, répondit Rob, que la panique gagnait. Je suis barbier-chirurgien et
j'ai un peu d'expérience...
    – Pas de
références d'un de nos distingués praticiens ? Non ? Nous n'acceptons
pas n'importe qui !
    – Ce n'est pas
un caprice. J'ai fait un long et terrible voyage, soutenu par ma volonté
d'apprendre ce métier. J'ai appris votre langue.
    –
Médiocrement, d'ailleurs, dit le hadji en reniflant. Nous n'enseignons pas un métier et nous ne produisons pas des artisans. Nous formons des hommes instruits. Nos
étudiants apprennent la théologie, la philosophie, les mathématiques, la
physique, l'astrologie et la jurisprudence, aussi bien que la médecine. Devenus
des savants et des érudits complets, ils peuvent choisir leur carrière dans
l'enseignement, la médecine ou le droit. »
    Rob attendait,
consterné.
    « Il faut
bien comprendre que c'est impossible. »
    Deux ans pour
comprendre. Pour tourner le dos à Mary Cullen. Suer sous le soleil, grelotter
dans la neige, souffrir pluies et tempêtes, désert de sel et forêt traîtresse.
Escalader montagne après montagne comme une misérable fourmi.
    « Je ne
partirai pas sans avoir parlé à Ibn Sina », dit-il avec fermeté.
    Hosein ouvrit
la bouche mais quelque chose dans le regard de Rob l'arrêta. Il pâlit et hocha la
tête.
    « Un
moment... », dit-il en quittant la pièce. Et Rob resta seul.
     
    Quelques
instants plus tard, quatre soldats entrèrent moins grands que lui, mais musclés
et armés de lourdes matraques.
    « Comment
tu t'appelles, Juif ? demanda l'un d'eux, qui avait le visage grêlé et
tenait son bâton de la main gauche.
    – Jesse ben
Benjamin.
    – Tu es
étranger ? Européen a dit le hadji ?
    – Oui,
d'Angleterre. C'est très loin d'ici.
    – Tu as refusé
de partir quand le hadji te l'a demandé.
    – C'est vrai,
mais...
    – Il faut partir
maintenant, Juif. Avec nous.
    – Je ne
partirai pas sans parler à Ibn Sina. »
    L'homme
balança son bâton. « Pas mon nez ! » pensa Rob dans son
angoisse. Mais le sang coulait déjà et chaque soldat maniait le gourdin avec
compétence et efficacité. Ils le cernaient, interdisant le moindre geste.
    « Salauds ! »
dit-il en anglais.
    Ils n'avaient
rien compris mais le ton leur suffit et ils frappèrent plus fort. Un coup à la
tempe lui donna le vertige et des haut-le-cœur. Ils connaissaient leur travail
à fond. Quand ils le virent à bout de résistance, ils laissèrent les

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