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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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un sourire malicieux, suggéra au jeune homme des plaisirs
de son âge dans les quartiers musulmans.
    « Il y a
des femmes et du vin, de la musique et des divertissements que tu ne peux pas
imaginer, Reb Jesse.
    – Non, une
autre fois, dit Rob en secouant la tête. Je veux garder l'esprit clair, car
demain je dois négocier une affaire de la plus haute importance. »
     
    Il ne dormit
pas de la nuit, se tournant et se retournant : Ibn Sina était-il un homme
d'un abord facile ?
    Le matin, il
trouva des bains publics et s'y lava minutieusement de toute la crasse du
voyage ; il tailla sa barbe, qui avait bien épaissi, revêtit son meilleur
caftan et, son chapeau de cuir sur la tête, il demanda dehors, à un mendiant,
où était l'école de médecine.
    « La
madrassa, tu veux dire ? Près de l'hôpital dans la rue Ali. C'est au
centre de la ville, à côté de la mosquée du Vendredi. »
    En échange de
son aumône, l'homme bénit les enfants de Rob jusqu'à la vingtième génération.
    La mosquée du
Vendredi était un monument massif, avec un superbe minaret autour duquel
voltigeaient les oiseaux. Un peu plus loin, un marché, où dominaient les petits
restaurants. Près de l'école, entourés de marchands de livres destinés aux
étudiants, des immeubles d'habitation, longs et bas, des enfants qui jouaient,
et une foule de jeunes gens coiffés de turbans verts. La madrassa était un
ensemble de pavillons de calcaire blanc, séparés par des jardins. Sous un
marronnier, six étudiants assis en tailleur écoutaient avec attention un homme
à la barbe blanche qui portait un turban bleu ciel. Rob s'approcha.
    « ... les
syllogismes de Socrate, disait le conférencier. La vérité d'une proposition est
logiquement déduite du fait que deux autres propositions sont vraies. Par
exemple, du fait que, primo, tous les hommes sont mortels, et secundo, que
Socrate est un homme, on peut déduire, tertio, que Socrate est mortel. »
    Rob fit une
grimace et s'éloigna, saisi d'un doute ; c'était là plus qu'il n'en
savait, beaucoup plus qu'il n'en pouvait comprendre. Il s'arrêta devant un
bâtiment très ancien, rattaché à une mosquée, pour demander à un étudiant où
l'on enseignait la médecine.
    « Trois
bâtiments plus loin. Ici, c'est la théologie, à côté, la loi islamique, et la
médecine, c'est là-bas, dit-il en désignant un dôme blanc, si parfaitement
fidèle à ce que Rob connaissait de l'architecture d'Ispahan que, désormais, il
l'appela toujours le Grand Téton.
    A côté de la
madrassa, un grand bâtiment à un étage portait l'inscription «  maristan ,
maison des malades ». Intrigué, il en monta les trois marches de marbre et
franchit la porte de fer forgé. D'une cour centrale, contenant un bassin aux
poissons multicolores et des bancs sous des arbres fruitiers, rayonnaient les
couloirs qui menaient aux grandes salles, pleines pour la plupart. Il n'avait
jamais vu tant de patients à la fois, regroupés, semblait-il, en fonction de
leurs maux : fractures, fièvres, diarrhée et autres maladies intestinales.
L'atmosphère pourtant n'était pas oppressante, grâce aux larges fenêtres
voilées seulement d'étoffe légère pour décourager les insectes. Des rainures en
haut et en bas des ouvertures permettaient sans doute, en hiver, d'y poser des
volets. Les murs blanchis à la chaux et les sols de pierre, faciles à
entretenir, maintenaient une relative fraîcheur. Et une petite fontaine
clapotait dans chaque salle !
    Une porte
fermée signalait le séjour de « ceux qu'il faut enchaîner ». Rob vit
là trois hommes nus au crâne rasé, liés à une fenêtre par des colliers de
fer ; deux, affalés, semblaient inconscients, mais le troisième se mit à
hurler comme une bête, ses joues molles mouillées de larmes.
    Dans la salle
de chirurgie, il aurait voulu s'attarder devant chaque paillasse, examiner les
blessures sous les pansements. Quelle promesse d'expériences
quotidiennes ! Et l'enseignement de grands maîtres ! Plus loin, il
crut comprendre qu'on traitait les maladies des yeux. Un solide infirmier
courbait le dos sous les reproches d'un homme jeune, athlétique et
merveilleusement beau, dont les yeux bruns étincelaient de colère.
    « C'est
une erreur, maître Karim Harun, répondait l'infirmier.
    – C'est ta faute, Rumi. Je t'ai dit de changer les pansements de Kuru Yezidi, pas ceux
d'Eswed Omar. Ustad Juzjani a opéré lui-même cette cataracte ; il
m'a ordonné de

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