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Le Monstespan

Le Monstespan

Titel: Le Monstespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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le berceau où
dort Louis-Antoine.
    — Je suis
tellement content pour toi ! lance le mari amoureux, pleine bouche dans
celle de son épouse.
    Mme Larivière
détourne la tête. Les grandes mains de Louis-Henri attrape les fesses
d’Athénaïs. La cuisinière, d’un signe du menton, indique à la domestique de
sortir de la pièce puis demande :
    — Madame
déjeunera-t-elle aussi ?
    — Et ce
n’est pas tout !... déclare encore la marquise au mari. Le roi m’offre
également la succession des boucheries de Paris.
    — La
quoi ? s’étonne Louis-Henri.
    — L’impôt
que les bouchers paient lorsqu’ils passent la main. Avant, l’aristocrate qui
possédait ce privilège recevait des bouchers un aboivrement  – un festin
et un gâteau pétri aux œufs -, mais maintenant ce sont des pistoles.
    — Le roi
te fait don de cela ? Quelle drôle d’idée.
    — C’est
pour nous aider.
    — Mais
pourquoi agit-il ainsi ?
    — Je
crois que Sa Majesté m’apprécie. Je l’égaie en singeant les mines et les
aguicheries des filles lancées à l’assaut de son cœur royal. Depuis que je suis
arrivée à Versailles, Louis assiste au coucher de la reine. Il vient m’y
entendre donner la chronique du jour où chacun se trouve brocardé par ma verve.
Il délaisse sa maîtresse La Vallière pour venir m’écouter. La reine en est fort
satisfaite et m’a beaucoup remerciée.
    — C’est
formidable ! lance Montespan en s’asseyant devant son assiette tandis que
la cuisinière emplit celle de la marquise qui s’assoit aussi.
    — Que
vous semble de cette...
    — Vous
avez malencontreusement fait tomber un citron dedans ? C’est différent des
délicatesses des maîtres queux de Versailles, commente Athénaïs en reposant sa
cuillère et poussant la porcelaine devant Mme Larivière qui encaisse l’affront.
    — J’avais
prévu pour ce soir du chou-fleur braisé dans un bouillon à la noix de muscade.
Mais Madame préférerait peut-être une sole  – la perdrix de la mer  –
ou bien des bécasses avec du pain grillé au beurre pour les accompagner.
    — Je ne
dînerai pas là. Je suis seulement venue chercher quelques robes avant de retourner
à la cour. Dites à la domestique de me les préparer.
    — Tu
repars déjà ? demande son mari.
    L’épouse,
coudes sur la table et avant-bras dressés, croise ses doigts sur lesquels elle
pose son menton :
    — Sais-tu
que Sa Majesté t’apprécie aussi, Louis-Henri ?
    — Qui,
moi ?
    — En ce
qui concerne ta compagnie de chevau-légers et de miquelets pour laquelle tu
n’as pas assez d’argent, le roi ordonne que l’État paie la différence.
    — Tu
plaisantes ! Jamais il ne fait ça pour personne, alors pour...
    — Ce
courrier de Louvois t’est adressé, sourit Athénaïs en sortant de l’échancrure
de son corsage une lettre.
    — Le
secrétaire d’Etat à la Guerre qui m’écrit, à moi ?...
    Le marquis
gascon n’en revient pas de ce qu’il découvre et commente à voix haute.
     
    Monsieur de Montespan,
     
    Nonobstant
la résolution que Sa Majesté a prise de ne pas entretenir de compagnies de
cavalerie, elle m’a toutefois commandé de vous faire savoir qu’elle veut bien
entretenir la vôtre en considération de la dépense que vous avez faite pour la mettre
sur pied.
    — Ça
alors...
    C’est ce
que je fais présentement savoir, de la part de Sa Majesté, à M. le duc de
Noailles pour qu’il mette votre compagnie dans un quartier du Roussillon où il
y aura le plus souvent des occasions de rendre vos services au roy...
    Près de la
frontière espagnole ? J’aurais préféré le suivre en Flandre mais...
    ... afin
que, par ce moyen, vous puissiez mériter un régiment dans la première occasion
qui se présentera.
    — Quoi ? !
Un régiment pour moi ?
    Je me
réjouis avec vous des avantages que Sa Majesté vous fait, vous assurant que je
prendrai toujours beaucoup de part à ceux qui vous arriveront.
     
    François
Michel Le Tellier, marquis de Louvois
     
    — D’autres
avantages m’arriveront ?... Mais pour quelle raison ?
    Athénaïs se
garde de lever les yeux du bord de la table :
    — Je ne
sais pas...
    Mme Larivière
l’observe puis ramasse les assiettes dont personne ne semble plus vouloir. Elle
quitte le salon et, sur le palier, appelle : « Dorothée ! »
tandis que Louis-Henri remarque, ému, la façon dont Marie-Christine, debout
près de la chaise, enlace un bras de sa mère aux

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