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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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remarquable. Il conduit donc de la ville à l’abbaye, et
il a une double fonction, militaire et religieuse. C’est en effet un passage
obligé pour piétons, et ce passage ne peut s’effectuer que lentement, donnant
ainsi le temps aux défenseurs de l’abbaye de contrer l’avance d’éventuels
assaillants. Tout a été prévu à ce sujet, et une embouchure à acon a été percée
dans la muraille. À mi-hauteur, une porte pivotante pouvait couper complètement
l’accès, et tout le long du Degré, une courtine, c’est-à-dire un mur rectiligne
de fortification, permettait de surveiller ou d’attaquer tous ceux qui s’y
seraient risqués sans autorisation. À droite de ce Degré, il y avait – et il
existe toujours – un autre escalier qui reliait la Tour du Nord, principal
point de défense, à l’abbaye, et là se trouvait la Tour Claudine, dont l’intérieur
servait de soute à munitions. Et l’escalier est aussi une sorte de vestibule où
l’on doit peiner avant d’atteindre l’enceinte sacrée.
    L’entrée proprement dite de l’abbaye est défendue par un
Châtelet, c’est-à-dire par une fortification indépendante, un « petit
château » précédé d’une barbacane, ouvrage avancé, rectangulaire et muni
de créneaux. Le Châtelet est flanqué de deux très belles tourelles qui
encadrent l’entrée elle-même, et l’escalier abrupt, qu’on appelle parfois le « Gouffre »,
qui conduit à la Salle des Gardes, était fermé par une herse. Si le système de
défense de l’entrée de la ville était compliqué, on peut facilement voir que le
système de défense de l’entrée du monastère n’était pas moins sophistiqué. Sous
le Châtelet, près de la poterne méridionale, se dresse un bâtiment qui était
autrefois une taverne, la « Truie qui file », lieu de perdition bien
entendu, que fréquentaient les gardes de l’abbaye, lorsque que tout était calme
dans les environs, et parfois même, au dire de certaines chroniques, quelques
moines que la règle conventuelle ne parvenait point à assagir.
    À l’intérieur de l’abbaye, la Salle des Gardes, qui date du XIII e  siècle, est voûtée. Elle est protégée par la
Tour Perrine, du XIII e  siècle également, et
forme avec cette tour et le Châtelet le groupe de bâtiments qu’on nomme
Belle-Chaise. La troisième travée, au sud de cette salle, est ouverte, et, par
une série de marches, conduit à ce qu’on appelle la Cour de l’Église. À droite,
se dressent en effet l’Église abbatiale, et, à gauche, les logis abbatiaux, commencés
vers 1250 et continués tout au long du XIV e  siècle.
C’est là que s’ouvre le magnifique Grand Degré intérieur.
    Ici aussi, la fonction est double. Gravir un escalier monumental
est un acte sacré, non seulement pour le modeste pèlerin qui se rend dans l’église
et qui peut méditer ou prier à chaque marche, mais pour un grand dignitaire, civil
ou ecclésiastique, lorsqu’il est reçu en grande pompe. L’entrée d’un roi, d’un
évêque, d’un noble, dans une ville ou dans une abbaye, s’accompagnait toujours
d’un cérémonial compliqué : il fallait donc que l’architecture fût adaptée
à ce genre de rituel. Et dans cette optique, le Grand Degré intérieur du
Mont-Saint-Michel est particulièrement étudié pour permettre l’allongement de
la cérémonie : cet escalier, avec ses nombreux paliers et ses larges
marches, fait en effet à peu près toute la longueur de l’abbaye, allant de la
porte d’entrée à la plate-forme devant l’entrée de l’église. Il est tortueux à
souhait, longeant à la fois l’église dans ses fondations et dans ses parties
moyennes, et les logis abbatiaux, lesquels ont souvent été modifiés en vue de
cette fonction cérémonielle pour permettre au Grand Degré d’acquérir un aspect
le plus majestueux possible.
    Cela n’empêche nullement la fonction de défense. En tant que
passage obligé entre le sanctuaire et les logis, seul chemin vers l’entrée de l’église,
il constitue un véritable fossé entre deux murailles. Du haut de deux ponts
fortifiés, les gardes et les moines pouvaient facilement en interdire l’accès. L’un
de ces ponts, en pierre, avec des mâchicoulis, a été édifié au XV e  siècle, et il servait également à relier
directement le logis abbatial à la partie souterraine de l’Église. L’autre pont,
en bois et en ardoises, fut construit au XVI e  siècle.
    On aboutit alors à

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