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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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e  siècle, et elle a conservé sa herse et ses
mâchicoulis. Au-delà, c’est le plein cœur de la ville, autrement dit une Grande
Rue qui se déroule en une longue courbe montante jusqu’à la porte de l’abbaye. Car,
au fond, le Mont-Saint-Michel, c’est une rue unique, flanquée de quelques
ruelles minuscules ou d’impasses. Cette rue se termine en escalier divisé en
plusieurs rampes. Ici, tout est porté à dos d’homme. Il n’est pas question d’utiliser
des véhicules, sauf, à la rigueur, dans la partie basse. On se sent réellement
dans une autre époque, dans un autre monde, bien que tout soit conçu de façon
pratique et qu’on entende parfois des flots de musique moderne à l’intérieur
des boutiques ou des auberges.
    Le Mont est évidemment le domaine du Commerce. Que
pourrait-on y faire d’autre, sinon d’y vivre de ses rentes ? La seule
activité possible est l’accueil des visiteurs, qui sont nombreux, venant non
seulement de toute la France, mais du monde entier. Et cela a toujours été
ainsi : les commerçants et les hommes de guerre se sont partagés la ville,
laissant aux hommes de Dieu le soin de prier le ciel, plus haut, sur le sommet
de la butte. La Grande Rue est bordée de maisons à pignons dont la plupart
datent des XV e et XVI e  siècles, et ont été restaurées avec goût. Ce
sont d’anciennes hôtelleries de pèlerins qui n’ont pas perdu de leur vocation
primitive, puisque ce sont aujourd’hui des restaurants, des hôtels, des bars, des
boutiques de souvenirs et aussi des musées. Mais les pèlerins d’autrefois sont
devenus, dans la plupart des cas, des touristes amateurs de pittoresque ou
désireux de parfaire leur connaissance de l’art et de l’architecture du Moyen
Âge. Signe des temps…
    Sur la gauche, en montant, un petit renfoncement permet d’accéder
à l’église paroissiale qui est d’ailleurs le siège de la confrérie des pèlerins
de saint Michel. Car il y a quand même des visiteurs qui sont des pèlerins et
qui manifestent leur piété de diverses façons. Derrière l’église, se trouve le
petit cimetière qui est ainsi en plein cœur de la ville, à peine séparé des maisons,
enserré entre elles et le rocher qui surplombe. L’église a été construite aux
environs de 1440, remplaçant un édifice antérieur. Elle conserve une Vierge
Noire dite « Notre-Dame du Mont-Tombe », ce qui est une référence à l’ancien
nom de la butte. Et, bien entendu, il y a une chapelle dédiée à saint Michel, garnie
de boiseries sculptées du XV e  siècle et
provenant de l’abbaye. Cette église, que délaissent trop souvent les visiteurs,
a été un élément important de la vie religieuse du Mont : il ne faut pas
oublier que l’abbaye constituait un monde à part et que les habitants n’y
avaient pas toujours accès. Il y règne une atmosphère étrange, comme si, sous
ces voûtes, retentissait un chant lointain venu du fond de la terre. Qui est
donc cette mystérieuse Vierge Noire sans laquelle saint Michel ne peut assurer
sa mission ?
    Au-delà de l’église, sur la gauche, se trouve une maison qui
a été très restaurée mais qui excite toujours la curiosité : c’est la
maison que fit bâtir, en 1366, le célèbre Bertrand du Guesclin pour sa
femme Tiphaine Raguenel, celle qui avait la réputation d’être astrologue et
même quelque peu sorcière. Et près de cette maison, dans un jardin, se trouvent
des vestiges romans, un portail et trois grands cintres. C’est tout ce qui
reste de l’ancienne ville, avant que les incendies et les destructions de la
guerre n’aient obligé les habitants à la reconstruire, à la fin du Moyen Âge.
    La Grande Rue devient alors un escalier, montant et tournoyant
vers l’entrée de l’abbaye et permettant l’accès au chemin de ronde qui encercle
la ville, du côté de la baie, ainsi qu’aux différentes tours, dont celle du
Nord, la plus belle et la mieux conservée, d’où l’on a un point de vue
remarquable sur Tombelaine – qui paraît tout proche bien qu’il soit à trois
kilomètres – et sur la côte du Cotentin. Les escaliers frôlent le mur de l’abbaye,
ce mur qui protège les jardins établis par les moines sous leurs bâtiments et
qui sont, eux aussi, un défi aux lois de la pesanteur.
    Au Mont-Saint-Michel, comme d’ailleurs dans certains sites
monumentaux, l’escalier constitue une œuvre d’art en lui-même. Le Grand Degré
extérieur est tout à fait

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