Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon
la mystique juive, les Sephirôth (dont le nom provient de sephira , numération),
qui sont au nombre de dix groupés en trois ternaires, sont les
« rayons », les « qualités », les « attributs »
de Dieu dont ils manifestent l’activité descendante, et dont la médiation
permet inversement de remonter vers le Principe, d’appréhender
l’inappréhensible Essence. Le concept de Sephirôth ,
élément fort important de la Kabbale, est en fait d’une grande complexité et
peut être difficilement transmis en langue philosophique classique.
[28] Recueil de commentaires rabbiniques de tendances ésotériques, alors
que la Torah se présente comme un enseignement
officiel et exotérique.
[29] Le mot signifie « prince », mais dans tous les textes bibliques,
y compris dans les Évangiles, on joue sur les mots par suite de sa quasi-
homophonie avec Zeboul , « mouche ».
Ainsi, le fameux Belzébuth ( Belzebul , dans le texte) dont il est question dans
Matthieu, XII, 24, peut-il être interprété de deux façons : Baal le Prince
ou Baal des Mouches. Baal, le dieu phénicien, certainement apparenté au
Bel-Belenos de la tradition celtique (signifiant le « Brillant »),
porte un nom qu’on peut traduire par « seigneur » ou
« roi ». Mais si Michel est placé dans le quatrième ciel, Zebul , c’est bien pour marquer plus précisément son
rang inégalable de prince, c’est-à-dire de « premier » ( princeps ).
[30] Henry Corbin, Avicenne ,
I, p. 204.
[31] Il est quand même surprenant de constater qu’Henry Corbin, spécialiste
incontesté de l’angélologie, traduit le Quis ut Deus par « qui est comme Dieu ». Pourquoi ?
[32] Saint Michel triche : il veut
sauver une âme que, selon la justice, il devrait laisser emporter par le
Diable. Ainsi apparaît la notion de charité :
c’est la grande leçon du Christianisme d’avoir fait de la charité , c’est-à-dire de l’ Amour , une notion plus forte que celle de Justice.
Mais cela pose un problème à la fois métaphysique et théologique : en
vertu de quel droit Michel est-il autorisé ainsi à tricher et à bafouer la
justice divine objective et absolue ?
[33] Voir Jean Markale, La Tradition celtique ,
pp. 25-26, et Le Druidisme ,
pp. 122-126.
[34] Voir Jean Markale, Le Druidisme ,
pp. 82-91.
[35] Trad. Ch. Guyonvarc’h, Textes
mythologiques irlandais , Rennes, 1980, I, pp. 66-67.
[36] Voir ce qui concerne le « Cycle de Cûchulainn » dans Jean
Markale, L’Épopée celtique d’Irlande , Paris,
Payot, 1971, pp. 75-137.
[37] Voir Jean Markale, Le Graal , Paris,
éd. Retz, 1980.
[38] Voir Jean Markale, Lancelot et la chevalerie
arthurienne , Paris, Imago, 1985, notamment le chapitre sur la
« Mythologie de Lancelot », pp. 111-155.
[39] « L’an du Seigneur 390, il y avait dans Siponto un homme qui,
d’après quelques auteurs, se nommait Gargan, du nom de cette montagne, ou bien
cette montagne avait pris le nom de cet homme. Il possédait un troupeau immense
de brebis et de bœufs ; et un jour que ces animaux paissaient sur les
flancs du mont, un taureau s’éloigna des autres pour monter au sommet et ne
rentra pas avec le troupeau. Le propriétaire prit un grand nombre de serviteurs
afin de le chercher. Il le trouva enfin, au haut de la montagne, à l’entrée
d’une caverne. Irrité de ce que le taureau errait ainsi seul à l’aventure, il
lança aussitôt contre lui une flèche empoisonnée ; mais à l’instant, la
flèche, comme si elle eût été poussée par le vent, revint sur celui qui l’avait
lancée et le frappa. Les habitants effrayés allèrent trouver l’évêque et
demandèrent son avis sur une chose si étrange. Il ordonna trois jours de jeûne
et leur dit qu’on devait en demander l’explication à Dieu. Après quoi, saint
Michel apparut à l’évêque en lui disant : “Vous saurez que cet homme a été
frappé de son dard par ma volonté : car je suis l’archange Michel qui,
dans le dessein d’habiter ce lieu sur la terre et de le garder en sûreté, a
voulu donner à connaître par ce signe que je suis l’inspecteur et le gardien de
cet endroit.” Alors l’évêque et tous les citoyens allèrent en procession à la
montagne : comme ils n’osaient entrer dans la caverne, ils restèrent en
prières à l’entrée » (Jacques de Voragine, Légende
dorée ).
[40] Archives départementales du Calvados, C. 472.
[41] Bibliothèque de l’Arsenal,
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