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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’une immense Œuvre philosophale dans
laquelle se trouvent enfermés les schémas les plus purs d’un art qui a osé
défier le temps et le vide.
    Le cloître, qui est de loin la partie la plus célèbre, a été
achevé en 1228. Par suite des dégradations, il a fallu le restaurer considérablement
aux alentours de 1880, lorsque l’abbaye est devenue un des sanctuaires de la
civilisation médiévale. C’est, comme on le dit souvent, un authentique « bijou
d’architecture » composé de 220 colonnettes dont la finesse étonne, formant
un rectangle de 25 mètre de long sur 14 mètres de large. Une centaine
de ces colonnes décorent les murailles latérales. Les 120 autres forment une
colonnade à jour dont les voûtes sont soutenues par d’élégantes nervures. Entre
les arceaux, on peut remarquer des sculptures, rosaces, bas-reliefs, inscriptions,
d’une grande variété et d’une grande finesse d’expression : le seul
problème est de savoir ce qui reste des colonnettes anciennes. Il y en a très
peu, le cloître étant dans un état lamentable lorsque la restauration du
monument a été entreprise. Mais la reconstitution mérite la reconnaissance de
tous les amateurs d’art et des puristes eux-mêmes. L’ensemble demeure parfait, d’une
sobriété qui fait rêver. Au-dessus de ces arceaux et des 70 arcades qui
entourent le cloître, on peut apercevoir une frise composée de 140 roses, constituant
une remarquable continuité. Il y a d’autres sculptures dans ce cloître, sur les
murs, en particulier les effigies de trois des artistes, l’un religieux, les
autres laïques, qui ont dirigé ou exécuté ces travaux d’un raffinement
exemplaire. Dans la galerie méridionale, on peut remarquer le lavatorium , c’est-à-dire la fontaine où les moines
procédaient à des ablutions rituelles à l’occasion de certaines cérémonies, et
qui servait, de façon tout aussi ordinaire, à laver les corps des morts. Les
fenêtres donnent toutes sur la mer, ou sur les sables, dominant le rivage à
cent mètres d’altitude. Une porte qui, selon le plan des architectes, aurait
communiqué avec un autre bâtiment qu’il était prévu de construire plus à l’ouest,
est actuellement fermée par une verrière, ce qui permet d’admirer le paysage et
de savourer les délices quelque peu morbides du vertige. Le cloître est au même
niveau que l’église et le dortoir des moines, ce qui montre avec certitude que
la vie monastique se déroulait essentiellement entre l’heure du sommeil, l’heure
du culte et l’heure de la méditation.
    Dans la galerie orientale du cloître s’ouvre une grande
porte qui donne sur le Réfectoire des Moines, vaste salle parfaitement éclairée
par de multiples verrières, avec une chaire de lecteur bâtie dans le mur, et d’où
la voix peut parvenir sans aucun effort jusqu’aux moindres recoins de la salle.
Il n’y a pas de voûte en pierre ici, mais une simple charpente en plein cintre,
immense carène renversée qui, à l’époque gothique, rappelle évidemment le
vaisseau de la « nef » romane. Il fallait un mur très épais pour
supporter cette charge continue, et ainsi se posait le problème de l’éclairage :
on y remédia avec génie, car au lieu d’affaiblir la muraille par de grandes
verrières, on se contenta de fenêtres étroites comme des meurtrières, mais
agencées de telle sorte que, invisibles à l’entrée du réfectoire, elles
parviennent quand même à donner une luminosité étonnante à l’ensemble. Au sud, entre
le réfectoire et l’abbatiale, se trouvaient l’office et la cuisine.
    À l’étage intermédiaire, exactement sous le Cloître, se trouve
la fameuse Salle des Chevaliers, qu’on appelle également le Scriptorium, qui
est divisée en quatre nefs, de largeur inégale, par trois rangées de colonnes
monocylindriques supportant des arceaux avec des clefs sculptées. Ces colonnes
comportent de beaux chapiteaux. C’était autrefois la bibliothèque et le lieu de
travail des moines, d’où le nom de « scriptorium ». C’était, à l’intérieur
même de l’enceinte claustrale, le seul lieu qui fût abondamment chauffé et
éclairé. Dans l’angle nord-ouest de cette magnifique salle, qu’on peut considérer
comme la plus douillette, la plus habitable, se trouve l’entrée du Chartrier, où
l’on conservait les documents précieux, composé de deux petites salles
superposées et communiquant entre elles par un escalier

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