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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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travail, renforçant de surcroît le pouvoir des monopoles.
    En vertu du Führerprinzip (principe du chef), les grands chefs d’entreprise voyaient leur autorité renforcée, tandis que les travailleurs étaient, eux, enrégimentés dans une organisation unique de type totalitaire : le Front du travail (Deutsche Arbeit Front). Ces réformes furent d’ailleurs élaborées avec la volonté explicite de maintenir l’ossature des anciennes organisations patronales, alors qu’elles démantelaient celle des anciennes organisations syndicales ouvrières. Elles accrurent considérablement l’autonomie de la sphère économique, tout en la maintenant sous le contrôle étroit des appareils de l’État nazi, et marquaient l’abandon définitif des aspirations corporatistes, au grand soulagement des milieux d’affaires 6 .

    Dans cette première période qui va de 1933 à 1936, l’alliance entre les capitalistes et les nazis se concrétisa également par des gains de nature économique. La politique de blocage des salaires mit un terme à la pression que les revendications ouvrières faisaient peser sur les grandes entreprises allemandes : entre 1931 et 1938, la part des salaires dans le revenu national baissa de 58 % à 52 %, tandis que la part des bénéfices augmentait. Dans le même temps, les prélèvements fiscaux sur les profits industriels furent diminués.
    Si le grand capital allemand, comme le reste des élites dirigeantes, se voyait dans l’obligation de se soumettre à la férule de l’État et à celle de la politique hitlérienne, il n’en tirait pas moins de substantiels avantages, en particulier dans les secteurs bénéficiant des commandes publiques dans le cadre du réarmement. C’est pourtant cette même politique qui allait entraîner les premières réticences des milieux d’affaires.
    Contrairement aux idées reçues, la mobilisation économique de l’Allemagne, qui s’accéléra en 1936-1937, fut toute relative. En 1938, les dépenses liées au réarmement se montaient à moins de 10 % du produit national brut. Cette faiblesse, compte tenu des ambitions stratégiques du Reich, fut la conséquence de plusieurs facteurs.
    D’abord, les dirigeants nazis ne pouvaient accroître indéfiniment le volume des dépenses publiques, déjà multiplié par deux entre 1936 et 1939, sans risquer à nouveau l’inflation et donc la déstabilisation sociale.
    Ensuite, la difficulté de concilier les multiples intérêts politiques et économiques concurrents au sein du complexe « militaro-industriel » aboutit à l’inefficacité, voire à l’absence de réelle planification de l’économie de guerre, et ce jusqu’au tournant de la Seconde Guerre mondiale, en 1942.
    Enfin, la volonté de ne pas menacer la relative prospérité dont jouissait à nouveau la population allemande, à qui l’on ne demanda réellement des sacrifices que lors de la phase dite de « guerre totale », à partir de 1942-1943, se traduisit par un souci de produire autant de beurre que de canons, contrairement à une autre idée reçue très répandue à l’époque, surtout en France.
    Ces contraintes et ces choix expliquent très largement l’adoption de la stratégie dite du « Blitzkrieg ». Loin de n’être qu’une tactique militaire, une « guerre éclair » utilisant de façon combinée l’aviation et les blindés, le Blitzkrieg constituait un véritable choix politique. Il permettait, dans la phase de préparation, entre 1936 et 1939, d’éviter une mobilisation économique générale, qui aurait pu menacer la stabilité du régime. Seuls quelques secteurs industriels clés étaient invités à produire de façon intensive – l’acier, le charbon, l’aéronautique, la chimie.
    Or cette politique souleva de grandes résistances au sein du monde industriel. D’une part, elle creusa un peu plus le fossé entre les industries lourdes et les industries de transformation, ces dernières étant victimes d’une véritable pénurie de main-d’œuvre. Ensuite, appliquée dans un cadre autarcique qui répondait plus à des impératifs idéologiques qu’économiques, elle aboutissait à des non-sens.
    Le cartel de l’acier refusa ainsi en 1937 d’augmenter ses capacités de production et donc de soutenir l’effortde réarmement : l’obligation d’utiliser du minerai de fer allemand ne contenant que 26 % de métal au lieu du minerai suédois qui en contenait 46 % augmentait les coûts de

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