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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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Je sais qu’il vit encore. Il m’a dit : « Reviens me voir. Dès demain je vais parler à l’état-major de votre situation à toi et à tes camarades évadés. » « Merci Tovaric, et si par hasard je me faisais arrêter en route par une patrouille de partisans, je n’ai rien pour justifier ? » Il prit alors une feuille, un laissez-passer (un zapismo) et le signa de sa main, me donna plusieurs paquets de cigarettes, du pain. Quelle « fumée » avec Cognet et Sbicca ! Quelle bonne nuit pleine de rêves.
    — Le surlendemain, fier comme tout avec mon laissez-passer, je rendais visite à nouveau à Mirko. Même processus : « Assieds-toi. s Café, pot de confiture, pain, cigarettes. « Le commandant du Korpus va vous recevoir demain avec tes deux camarades de Cepovan. » Rendez-vous était pris pour 10 heures. Auparavant, il me présenta à un groupe de partisans assez âgés : c’étaient les journalistes du Korpus. Ils me demandèrent mon nom et mon adresse, celles de mes deux camarades, Pagès et Pimpaud. Ils ont dû communiquer un message aux troupes alliées car des amis ont entendu dans l’émission de langue française de la B.B.C. que j’étais chez les partisans yougoslaves bien vivant, ainsi que mes deux camarades.
    — L’entrevue du lendemain avec l’état-major du Korpus a été dramatique. Ils étaient plusieurs gradés, dont le commandant Kodric que j’ai revu plusieurs fois depuis. Mais il n’y en avait qu’un qui parlait. Il s’est surtout cabré quand je lui ai dit, voyant qu’il ne pensait pas à nous vêtir, alors que par la fenêtre, pendant l’entrevue, j’apercevais le terrain de parachutage, avec un tas de containers du parachutage du matin même, alors que les rayons anglais étaient surchargés… Je lui ai dit : « Trouvez-vous normal que des combattants soient réduits à cet état ? Je suis évadé depuis le 17 septembre 1944, j’ai rallié les partisans le 18 et je fais la guerre depuis 1939. » Et joignant le geste à la parole, je levais ma jambe pour lui montrer mon pantalon rayé déchiré sur au moins 30 centimètres, la veste en lambeaux, pas de pull. J’enlevais le chiffon que j’avais autour des pieds pour lui montrer mes ballerines, etc. « Nous en avons besoin pour nos soldats, pour nos partisans », hurla-t-il. L’entretien se termina dans la confusion. Nous sommes sortis et là un jeune officier me dit : « Le commandant a décidé de réunir tous les Français qui pourraient être dans les brigades du Korpus et de les incorporer dans une brigade autrichienne, stationnée non loin d’ici. » Pas de pantalon, pas de chaussures, pas de pull mais c’était déjà un petit résultat.
    — C’est le surlendemain que se produisit une chose mémorable, inespérée. C’était le soir. J’étais comme d’habitude dans cette maison détruite et m’apprêtais à rejoindre mon étable. Tout à coup j’entends une rumeur, un chant. Je distinguais nettement les accents de la Marseillaise. Mais oui, c’était bien la Marseillaise entonnée par un groupe important. Plus d’une fois j’ai pensé que j’étais devenu fou. Mais cette fois je me secouais, me disant : « Mais tu es devenu dingue. » Je m’approchai de la sortie et je vis défiler, trois par trois, une centaine de S.S., toujours chantant la Marseillaise à tue-tête, au pas cadencé. Je restai cloué sur place, interdit, figé. Ils étaient déjà au moins à 100 mètres quand je réalisai. Je piquai un sprint effréné, rattrapai la queue du groupe. « Qu’est-ce que vous êtes ? » « On est Français, Alsaciens, on s’est rendu aux partisans. Va voir en tête. Il y a un Parisien. Il parle bien français. » Je redémarrai au sprint. Ils marchaient vite les bougres.
    — « Il y a un Parisien ici ? » « Oui, me répondit quelqu’un sans aucun accent, nous nous sommes rendus avec armes et bagages et nous allons à Zolla, à environ 10 à 15 kilomètres d’ici. Après nous serons rapatriés. » Je les regardai passer et disparaître dans le lointain.
    — Je rejoignis mes camarades Auguste et Sbicca. Ils avaient entendu, comme moi, mais de loin. Je les mis au courant ; abasourdis comme moi. Je n’ai guère beaucoup dormi cette nuit-là. Dès 9 heures j’étais sur la route pour rejoindre mon commissaire Mirko. Je lui exposais la situation. Il était naturellement au courant. C’étaient des Alsaciens qui étaient dans la S.S. Polizei, qui

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