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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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avaient combattu avec acharnement à plusieurs reprises contre les partisans, dans cette région du IX e  Korpus à Primorsk. Apprenant la libération de Strasbourg, ils s’étaient échappés et s’étaient rendus avec toutes leurs armes, formidable armement ! Un bon moment, il fut question de les fusiller tellement ils avaient fait de dégâts dans les rangs des partisans. Certains d’entre eux me l’ont d’ailleurs confirmé par la suite. Finalement, l’état-major décida de les rapatrier, laissant aux Français le soin de les juger.
    — Finalement, je dis au Tovaric Mirko : « Voilà des gens qui ont été vos ennemis, qui ont fait des ravages dans vos rangs et vous allez les rapatrier ? Tandis que nous…» Il me coupa la parole et dit : « Je vais aujourd’hui même à l’état-major et vais soulever le problème devant tous les officiers. Viens me revoir demain. » J’ai attendu avec angoisse le résultat de sa démarche. Le lendemain, il me dit avec un grand sourire et une grande tape amicale : « Tous les Français du Korpus vont se joindre aux Alsaciens. » Je donnai la situation exacte de l’endroit où j’avais quitté mes deux camarades Pagès et Pimpaud, le port d’attache du kommando Mesto à Treboussa, à quelques kilomètres de Cepovan. Le commissaire Mirko s’en occupait activement. Je lui rendis visite tous les jours. Mes amis restaient introuvables ; ils devaient être dans quelque autre endroit pour déblayer la neige.
    — Un beau jour, vers le 15 décembre, nous reçûmes l’ordre de partir pour Zolla où se trouvaient les Alsaciens. Nous sommes partis ; Sbicca et Cognet m’accompagnaient. Nous avons mis environ trois heures pour arriver à ce village en grosse partie détruit. Quelques maisons restaient habitables et environ une dizaine de personnes n’avaient pas quitté leur maison. Il y avait là aussi un bataillon italien : le bataillon Massini combattant auprès des partisans.
    — Dès notre arrivée, nous nous sommes présentés aux officiers. Parmi eux un officier yougoslave m’avait connu quand j’étais dans le bataillon russe. Il fit réunir tous les Alsaciens, les fit mettre en rang, m’appela et me désigna : « Voici votre commissaire politique. Vous devez lui obéir et exécuter tous ses ordres. » Puis il me prit à part : « Tu vas leur faire une demi-heure de causerie politique tous les jours, tu dois les surveiller ou les faire surveiller nuit et jour. Nous n’avons aucune confiance en ces… Ils nous ont fait assez de mal. En un mot tu es, à partir de cette minute, responsable de tous ces hommes. »
    — J’ai commencé à les répartir équitablement dans les maisons, chacune comptant vingt à vingt-cinq hommes. Je pris avec moi six Alsaciens parmi ceux qui me paraissaient les plus sympathiques et parlant le mieux le français. L’un d’entre eux, en particulier, Rie… de Strasbourg-Neudorf, un gros ferrailleur de cette région (il l’est toujours d’ailleurs). Je pris celui-ci à part et lui dis : « J’ai besoin de toi. Je ne comprends pas votre langue. Il faut que tu sois en permanence parmi eux et que tu me fasses un rapport sur leur état d’esprit et leurs intentions. » Tous les jours il me fit scrupuleusement un petit rapport. Dans la journée, je leur faisais ramasser du bois pour la roulante du bataillon Massini et la nôtre. Par roulement, ils descendaient pour le ravitaillement de ce même bataillon. L’instruction politique durait cinq minutes. La plupart s’en fichant éperdument, ne comprenant ou ne voulant pas comprendre le français. Chaque jour nous arrivaient un ou deux Français qui se trouvaient dans des brigades yougoslaves. La plupart étaient des S.T.O. travaillant en Yougoslavie, en Slovénie, région occupée par les Allemands. Les partisans, par des coups de main nocturnes, les avaient délivrés et embrigadés. En peu de temps, il en était arrivé une dizaine. Tous plus mal vêtus les uns que les autres et très diminués au point de vue physique. L’état-major avait tenu parole en rassemblant les Français. Mais toujours pas trace de mes camarades Pagès et Pimpaud. Il m’affirma continuer ses recherches, avoir donné des ordres. Mais aucune trace d’eux. Je revins à Zolla atterré.
    — Vers le 22 décembre, une corvée d’Alsaciens remontait de Cepovan. Je remarquais aussitôt quelque chose d’anormal. Ils se tenaient par groupes et discutaient avec force gestes. Rie…

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