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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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interprète, prétendait-on, dont le
visage, la silhouette me faisaient penser aux kapos, à celles qu’on appelait “les
chiennes”, qui frappaient les déportées à coups de gourdin.
    Cette femme était sûrement un agent des “Organes”,
traductrice en effet, mais surveillante d’abord, et Maria jetait vers elle ce
regard que je connaissais bien, celui des êtres terrorisés.
    Et maître Albert Jouvin, plein d’attention et
de compassion, a commencé à présenter Maria Kaminski qui, enfant, à l’hôtel Lux,
avait compris que sa mère et son père avaient été victimes des machinations de
celle que ses parents appelaient l’“espionne des nazis”.
    — Qui, Mademoiselle ? La
reconnaissez-vous ? Vous souvenez-vous de son nom ?
    Voix presque inaudible de Maria Kaminski, forcée
de répéter, et la traductrice, reprise par le traducteur officiel du tribunal, clamait
mon nom, Julia Garelli-Knepper, que l’on disait comtesse.
    J’ai souffert pour Maria que le NKVD devait
avoir menacée des pires tourments, pour elle et ceux qu’elle aimait, si elle ne
jouait pas le rôle qu’on lui avait attribué.
    J’ai vu ses mains trembler.
    J’ai entendu sa voix étouffée et la manière
dont elle butait sur les mots.
    Ce qu’elle disait était une suite de mensonges
si monstrueux qu’au fur et à mesure qu’elle parlait, ma détermination à ne plus
jamais renoncer à la liberté, à la vérité, à la lutte contre ces régimes de
terreur, devenait plus forte.
    Elle disait que ses parents avaient été
arrêtés sur mes dénonciations qui avaient un temps trompé la justice soviétique.
Mais que, lorsque j’avais été démasquée et condamnée, ses parents avaient été
libérés, réhabilités.
    Son père était mort en héros de l’Union
soviétique à Stalingrad, en combattant les nazis. Sa mère, décorée elle aussi
pour sa lutte aux côtés des partisans, désirait oublier ce moment cruel de leur
vie. Elle avait souhaité ne pas témoigner, mais Maria, parce qu’elle avait
souffert par ma faute, séparée de ses parents, avait décidé de venir pour m’accuser,
dire qui j’étais, une espionne de Hitler qui avait cherché à désarmer la patrie
du socialisme face à la menace hitlérienne.
    Mais Staline avait démantelé la conspiration
que ce misérable traître de Kravchenko et cette nazie, Julia Garelli, tentaient
de ranimer en s’étant mis cette fois au service des États-Unis.
    « Les mots
étaient tonitruants, mais la voix de Maria, qui les prononçait, était si ténue
que personne ne pouvait imaginer que ces accusations lui appartenaient.
    Et j’ai entendu maître Jouvin et maître Doucet
les reprendre, les répéter de leur voix de stentors.
    Maître Izard, l’avocat de Kravchenko, a
commencé à interroger Maria Kaminski, mais elle a chancelé, et l’interprète a
expliqué que l’émotion avait été trop forte, qu’il fallait reporter la fin de
sa comparution.
    Maître Jouvin a invoqué les droits
imprescriptibles de la personne humaine, appuyant la demande de l’interprète. Le
tribunal devait comprendre combien il était difficile à Maria Kaminski d’affronter
celle qui était à l’origine de tant de souffrances : moi.
    Le président du tribunal a accédé à la demande
de Maria Kaminski.
    Elle s’est éloignée, soutenue par l’interprète.
    Et on m’a regardée comme une coupable.
    « Malgré les
convocations, Maria ne s’était plus présentée à l’audience.
    Maître Jouvin avait prétendu qu’elle avait dû
regagner d’urgence l’URSS où sa mère, bouleversée par le rappel de cette
tragique période de sa vie, venait d’être hospitalisée.
    Albert Jouvin avait conclu :
    — Ainsi Vera Kaminski est une nouvelle
fois victime des traîtres que la défaite du nazisme aurait dû réduire au
silence, et qui osent, au lieu de se terrer de crainte d’être poursuivis, utiliser
les faiblesses et les complaisances pour se muer en procureurs et continuer
leur croisade antisoviétique avec de nouveaux inspirateurs !
    Cette indignation, cette posture lui avaient
permis de rejeter avec violence, comme des faux forgés par les officines
anticommunistes et les services secrets américains, les documents que maître
Izard avait présentés au tribunal, lesquels prouvaient l’exécution en 1937, à
la Loubianka, de Lech Kaminski, et, en 1938, celle de Vera, son épouse. Quant à
leur fille Maria, elle avait été placée dans un orphelinat réservé aux

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