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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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un presbytère d'Aber-deen ? Elle poursuivit sa lecture :
    J'ai tant de choses à te raconter, ma chère fille! Mais il faut que je prenne soin de t'écrire tout cela étape par étape, comme cela s'est passé.
    Peu après mon retour à High Glen, ton beau-frère, Robert Jamisson, a pris en main la gestion du domaine. C'est maintenant Sir George qui paie les intérêts sur mes hypothèques : je ne suis donc pas en position de discuter.
    Pour des raisons d'économie, Robert m'a demandé de quitter la grande maison et d'aller habiter le vieux pavillon de chasse. Je t'avouerai que je n'étais pas ravie de cet arrangement, mais il a insisté. Je dois te dire aussi qu'il ne s'est pas montré aussi plaisant ni affectueux, que pourrait l'être un membre de la famille.
    Une vague de rage impuissante déferla sur Lizzie. Comment Robert osait-il chasser de chez elle la mère de Lizzie ? Elle se rappelait ce qu'il avait dit après qu'elle l'eut repoussé pour accepter la demande de Jay: ´Même si je ne peux pas vous avoir, j'aurai quand même High Glen. ª Sur le moment, cela avait
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    paru impossible, mais voilà maintenant que c'était devenu réalité.
    Serrant les dents, elle continua sa lecture.
    Là-dessus, le révérend York a annoncé qu'il nous quittait. Il a été pasteur à Heugh pendant quinze ans et c'est mon plus vieil ami. J'ai compris qu'après la disparition tragique et prématurée de son épouse il éprouvait le besoin d'aller vivre ailleurs. Mais tu peux imaginer mon désarroi de le voir partir juste au moment o˘ j'avais besoin d'amis.
    Alors est arrivée la chose la plus stupéfiante. Ma chérie, je rougis de te le dire: il m'a demandé de l'épouser! Et j'ai accepté!
    ´ Bonté divine ! ª fit Lizzie tout haut.
    Tu le vois donc, nous sommes mariés et nous sommes allés nous installer à Aberdeen d'o˘ je t'écris.
    Bien des gens diront que je me suis mariée au-dessous de ma condition, moi qui suis la veuve de Lord Hallim, mais je sais combien un titre a peu de valeur et John ne se soucie guère de ce que pensent les gens de la société.
    Nous menons une vie paisible. On m'appelle Mrs. York et je suis plus heureuse maintenant que je ne l'ai jamais été.
    Il y avait bien d'autres choses encore - à propos de ses trois beaux-fils et belles-filles, des domestiques du presbytère, du premier sermon de Mr.
    York et des dames de la congrégation - mais Lizzie était trop bouleversée pour absorber toutes ces nouvelles.
    Elle n'avait jamais pensé que sa mère se remarierait. Bien s˚r, il n'y avait aucune raison pour qu'elle
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    ne le fasse pas : Mère n'avait que quarante ans. Elit pourrait peut-être même avoir encore des enfants.
    Ce qui bouleversait Lizzie, c'était le sentimen d'avoir perdu ses racines.
    High Glen avait toujoun été sa maison. Même si sa vie était ici en Virginie avec son mari et son bébé, elle avait toujours consi déré High Glen House comme un endroit o˘ elle pourrait à tout moment retourner, si elle avait vrai ment besoin d'un refuge. Mais la propriété était main tenant entre les mains de Robert.
    Lizzie avait toujours été au centre de la vie de s£ mère. Jamais l'idée ne lui était venue que cela change rait. Et voilà qu'aujourd'hui sa mère était une femme de pasteur vivant à Aberdeen, avec trois beaux-enfants qu'il fallait chérir et élever.
    Cela signifiait que Lizzie n'avait d'autre foyer que cette plantation, d'autre famille que Jay.
    Eh bien, elle était déterminée à se faire ici une existence agréable.
    Elle avait des privilèges que bien des femmes lu envieraient: une grande maison, une propriété de mille arpents, un beau mari et des esclaves pour la servir. Les esclaves de la maison lui avaient tout de suite fait une place dans leur cúur. La cuisinière c'était Sarah. La grosse Belle se chargeait de l'essentiel du ménage. Mildred était sa femme de chambre personnelle et servait aussi parfois à table.
    Belle avait un fils de douze ans, Jimmy, qui était le garçon d'écurie : son père avait été vendu voilà des années. Lizzie ne connaissait pas encore beaucoup les ouvriers qui travaillaient aux champs, à l'exception de Mack, mais elle aimait bien Kobe, le contremaître, et Cass, le forgeron, dont l'atelier était derrière la maison.

    La demeure était spacieuse et imposante, mais elle donnait une impression de vide et d'abandon. Elle était trop grande. Elle conviendrait à une famille de six enfants, avec quelques tantes et

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