Le pays de la liberté
poussière de charbon.
Depuis quarante-huit heures, des événements considérables s'étaient passés dans sa vie : son père lui avait fait don d'un patrimoine dérisoire, sa mère avait maudit son père et il avait tenté de tuer son 97
frère. Rien pourtant de tout cela n'occupait son esprit. Allongé dans l'eau, il songeait à Lizzie. Son visage espiègle apparaissait devant lui dans la vapeur qui montait de son bain, avec son sourire malicieux, ses yeux un peu plissés, se moquant de lui, le tentant, le provoquant. Il se rappelait la sensation qu'il avait éprouvée en la portant dans ses bras jusqu'en haut du puits de la mine : elle était douce et légère et il avait serré contre lui son corps fragile tout en montant les marches. Il se demandait si elle pensait à lui. Elle aussi avait d˚ réclamer de l'eau chaude : elle ne pouvait guère aller se coucher dans l'état de saleté o˘
elle était. Il l'imaginait debout, nue devant le feu qui br˚lait dans sa chambre, à se savonner le corps. Il aurait voulu être avec elle, lui prendre l'éponge des mains et essuyer doucement la poussière de charbon sur les courbes de ses seins. Cette pensée l'excita : il sortit de son bain et se sécha avec une serviette bien rugueuse.
Il n'avait pas envie de dormir. Il aurait voulu parler à quelqu'un de l'aventure de cette nuit, mais Lizzie allait probablement dormir pendant des heures. Il songea à sa mère. Il pouvait se fier à elle. Elle le poussait parfois à faire des choses qui n'étaient pas dans son tempérament, mais elle était toujours dans son camp.
Il se rasa, passa des vêtements propres puis alla jusqu'à la chambre de sa mère. Comme il s'y attendait, celle-ci était levée : elle buvait son chocolat devant son miroir tandis que sa femme de chambre la coiffait. Elle lui sourit. Il l'embrassa et se laissa tomber dans un fauteuil. Même aux premières heures du matin, elle était jolie mais on sentait l'acier dans son ‚me.
Elle congédia la domestique. ´Pourquoi es-tu debout de si bonne heure ?
demanda-t-elle à Jay.
- Je ne me suis pas couché. Je suis descendu dans le puits.
- Avec Lizzie Hallim ? ª
Elle était si maligne, se dit-il, attendri. Elle savait 98
toujours ce qu'il complotait. Mais peu lui importai jamais elle ne le condamnait. Ćomment avez-vov deviné ?
- Ce n'était pas difficile. Elle br˚lait d'envie d' aller et c'est le genre de fille qui ne supporte ps qu'on lui dise "non".
- Nous avons choisi un bien mauvais jour pou descendre : il y a eu une explosion.
- Mon Dieu, tu n'as rien ?
- Non...
- Je vais quand même faire venir le docteur Ste venson...
- Mère, cessez de vous inquiéter! J'étais sorti di puits quand tout a sauté. Lizzie aussi. J'ai simple ment les genoux un peu fatigués de l'avoir portée jus qu'à la sortie du puits. ª
Mère se calma. ´ qu'en a pensé Lizzie ?
- Elle a juré qu'elle ne permettrait jamais qu'or ouvre des mines sur le domaine Hallim. ª
Alicia se mit à rire. Ét dire que ton père rêve d< mettre la main sur son charbon. Enfin, j'ai h‚te d'as sister à la bataille. quand Robert sera son mari, i aura le pouvoir d'aller à l'encontre de ce qu'elle sou haite...
théoriquement. Nous verrons bien. Mais, à ton avis, comment sa cour progresse-t-elle ?
- Flirter n'est pas le point fort de Robert : c'est le moins qu'on puisse dire, fit Jay d'un ton méprisant.
- Mais c'est le tien, n'est-ce pas?ª fit-elle d'un ton indulgent.
Jay haussa les épaules. ´¿ sa façon maladroite, il fait de son mieux.
- Peut-être qu'après tout elle ne va pas l'épouser.
- Je crois qu'elle y sera bien forcée. ª
Sa mère lui lança un regard en coulisse. Śais-tu quelque chose que j'ignore ?
- Lady Hallim a du mal à renouveler ses hypothèques : Père y a veillé.
- Vraiment? Le sournois qu'il est!ª
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Jay soupira. Ć'est une jeune fille merveilleuse. quel g‚chis si elle épouse Robert ! ª
Mère lui posa une main sur le genou. ´Jay, mon cher garçon, elle n'est pas encore la femme de Robert.
- Je suppose qu'elle pourrait en épouser un autre.
- Elle pourrait t'épouser toi.
- Bonté divine. Mère ! ª Même s'il avait embrassé Lizzie, il n'était pas allé jusqu'à penser au mariage.
´Tu es amoureux d'elle, je le vois.
- Amoureux? C'est cela que ça veut dire?
- Bien s˚r, tes yeux s'éclairent dès qu'on prononce son nom et, quand elle est dans une pièce, tu ne vois personne d'autre. ª
Elle avait exactement décrit les
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