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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dupant vos semblables. Par le Christ, je ne voudrais pas être à votre place pour un empire. ª
    En sortant, il eut le plaisir de voir la colère assombrir enfin le visage de Delaney.
    Mais sa satisfaction ne dura pas plus que le temps qu'il fallait pour refermer la porte. Il avait remporté une discussion, mais perdu tout le reste. Si seulement il avait ravalé son orgueil et accepté le système des entrepreneurs, il aurait au moins du travail pour demain matin. Maintenant, il n'avait rien, et il avait mis quinze autres hommes et leur famille dans la même situation désespérée. La perspective de faire venir Esther à
    Londres s'éloignait plus que jamais. Il n'était vraiment qu'un imbécile.
    Les trois hommes s'installèrent dans un bar et commandèrent de la bière et du pain pour leur petit déjeuner. Mack pensa à Caspar Gordonson, l'avocat radical qui avait tout déclenché en lui expliquant quels étaient ses droits. Si je pouvais mettre la main sur Gordonson, se dit Mack, je lui montrerais un peu ce que valent nos droits.
    La loi ne servait qu'à ceux qui avaient le pouvoir de la faire appliquer, semblait-il. Les mineurs et les dockers n'avaient pas d'avocat. Ils étaient stupides de parler de leurs droits. Les gens malins se fichaient 179
    éperdument du bien et du mal. Ils ne s'intéressaient qu'à eux-mêmes, comme Cora, Peg et Bob Delaney.
    Il prit sa chope, mais, en la portant à ses lèvres, sa main s'immobilisa soudain. Voyons, mais Caspar Gordonson habitait Londres. Mack pouvait très bien mettre la main sur lui. Il pouvait lui faire savoir ce que valaient leurs droits, mais peut-être pouvait-il faire mieux que cela. Peut-être Gordonson accepterait-il de défendre la cause des dockers. Il était avocat et il écrivait constamment à propos de la liberté en Angleterre : il devrait les aider.
    «a valait la peine d'essayer.
    Caspar Gordonson habitait Fleet Street. Le Fleet était un méchant cours d'eau qui se jetait dans la Tamise au pied de la colline sur laquelle était érigée la cathédrale Saint Paul. Gordonson vivait dans une maison de brique à trois étages auprès d'une grande taverne. ÍI doit être célibataire, observa Dermot.
    - Comment le sais-tu ? fit Charlie Smith.
    - Des fenêtres sales, le pas de la porte n'est pas balayé : il n'y a pas de femme dans cette maison. ª
    Un domestique les fit entrer, sans manifester de surprise en les entendant demander Mr. Gordonson. ¿ ce moment, deux hommes bien vêtus sortaient, poursuivant une discussion animée o˘ il était question de William Pitt, le Lord du Sceau privé, et du vicomte Weymouth, un secrétaire d'…tat. Sans s'interrompre dans leur conversation, l'un d'eux salua Mack avec une politesse distraite, ce qui surprit grandement ce dernier car les gentlemen d'ordinaire ignoraient les gens du peuple.
    Mack s'était imaginé la maison d'un avocat comme un endroit encombré de documents poussiéreux et de secrets murmurés o˘ ce qu'on entendait de plus bruyant, c'était le crissement des plumes. La maison de Gordonson ressemblait plutôt à un atelier d'imprimeur. Dans l'entrée s'entassaient des pamphlets
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    et des journaux en paquets ficelés. L'air sentait le papier et l'encre d'imprimerie, et le bruit d'une machine en dessous de l'escalier donnait à
    penser qu'on faisait fonctionner une presse dans le sous-sol.
    Le domestique s'engouffra dans une pièce au fond du vestibule. Mack se demanda s'il ne perdait pas son temps. Les gens qui écrivaient de beaux articles dans les journaux ne se salissaient sans doute pas les mains en s'occupant des travailleurs. L'intérêt que Gordonson portait à la liberté
    pourrait bien être purement théorique. Mais Mack se disait qu'il devait tout essayer. C'était lui qui avait poussé ses compagnons dockers à la rébellion et voilà maintenant qu'ils étaient tous sans travail : il se devait de faire quelque chose.
    Une voix forte et perçante lui parvint. ´McAsh? Jamais entendu parler de lui ! qui est-ce ? Tu ne sais pas? Alors demande! Bah, qu'importé...ª
    quelques instants plus tard, un homme un peu chauve et sans perruque apparut sur le seuil et dévisagea les trois dockers derrière ses lunettes.
    ´Je ne crois pas connaître aucun de vous dit-il. que me voulez-vous ? ª
    Ce n'était pas un début bien encourageant, mais Mack n'était pas homme à se laisser facilement démonter. Il répondit avec fougue: ´Vous m'avez récemment donné quelques très mauvais conseils mais,

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