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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dans la rue en cassant des carreaux.
    Cette semaine encore, les tisserands d'un atelier de soierie, furieux de voir leur paie réduite, avaient saccagé trois des nouveaux métiers mécaniques de Spitalfields.
    ´J'espère qu'on ne va pas convoquer le régiment pendant que je suis en permission, dit Jay. Ce serait bien ma chance de manquer un engagement.
    - Cesse de t'inquiéter ! ª Chip versa du cognac 186
    dans deux verres. Il était grand amateur de cognac. ´¿ l'amour!
    - ¿ l'amourª, répéta Jay.
    Il ne connaissait pas grand-chose dans ce domaine, songea-t-il. Il avait perdu sa virginité cinq ans auparavant avec Arabella, une des femmes de chambre de son père. Il avait cru à l'époque qu'il l'avait séduite mais, à
    y bien réfléchir, il comprenait que c'avait été le contraire. Il avait partagé trois fois son lit, puis elle lui avait annoncé qu'elle était enceinte. Il lui avait versé trente livres - empruntées à un prêteur sur gages - pour disparaître. Il pensait aujourd'hui qu'elle n'avait jamais été
    enceinte et que toute l'histoire était un coup monté.
    Depuis lors, il avait flirté avec des douzaines de filles, en avait embrassé beaucoup et avait couché avec quelques-unes. Il n'avait aucun mal à charmer une fille : il s'agissait avant tout de faire semblant de s'intéresser à tout ce qu'elle disait. Et voilà maintenant que pour la première fois c'était lui qui subissait ce même traitement. quand il était avec Lizzie, il se sentait toujours un peu hors d'haleine. Il savait qu'il la dévisageait comme si elle était la seule personne dans la pièce, tout comme une fille le regardait quand il était en train de la fasciner. …tait-ce ça, l'amour? Il pensait que oui.
    Son père avait fini par s'apaiser à propos du mariage en songeant à la possibilité de mettre la main sur le charbon de Lizzie. Voilà pourquoi il accueillait Lizzie et sa mère dans la maison d'amis et payait le loyer de celle de Rugby Street o˘ Jay et Lizzie allaient habiter après le mariage.
    Il n'avait fait aucune promesse ferme à Père, mais il ne lui avait pas dit non plus que Lizzie était résolument opposée à l'ouverture de mines sur High Glen. Jay espérait simplement que tout finirait par s'arranger.
    La porte s'ouvrit et un valet lui demanda : ´Voulez-vous voir un Mr.
    Lennox, monsieur ? ª Jay sentit son cúur se serrer. Il devait de l'argent à
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    Sidney Lennox : des dettes de jeu. Il aurait volontiers renvoyé l'homme -
    après tout, ce n'était qu'un aubergiste - mais ce Lennox pouvait se montrer déplaisant quand il s'agissait de dettes. ´Tu ferais mieux de le faire entrer, dit Jay. Excuse-moi, dit-il à Chip.
    - Je connais Lennox, dit Chip. Moi aussi je lui dois de l'argent. ª
    Lennox entra. Jay remarqua aussitôt l'odeur douce-amère qui émanait de sa personne. Chip l'accueillit. Ćomment ça va, vieille canaille ? ª
    Lennox lui lança un regard sans chaleur. ´Je remarque que vous ne m'appelez pas "vieille canaille" quand vous gagnez. ª
    Jay, nerveux, l'observa. Lennox portait un habit jaune et des bas de soie avec des chaussures à boucle, mais il avait l'air d'un chacal déguisé en homme ; il y avait chez lui quelque chose de menaçant que des vêtements recherchés ne parvenaient pas à dissimuler. Jay, toutefois, n'arrivait pas à rompre complètement avec Lennox. C'était une relation très utile : il savait toujours o˘ il y avait un combat de coqs, une rencontre de gladiateurs ou une course de chevaux. Et faute de tout cela, il organisait lui-même une partie de cartes ou de dés.
    Il était disposé aussi à faire crédit aux jeunes officiers à court de liquide et c'était bien là l'ennui. Jay devait à Lennox cent cinquante livres. Ce serait gênant si Lennox insistait pour un remboursement immédiat.
    ´Vous savez, Lennox, que je me marie aujourd'hui, dit Jay.
    - Oui, je le sais, répondit Lennox. Je suis venu boire à votre santé.
    - Mais comment donc, comment donc! Chip... un verre pour notre ami. ª
    Chip versa une généreuse rasade de cognac. ´ ¿ vous et à votre future femme, dit Lennox.
    - Merci ª, dit Jay, et les trois hommes trinquèrent. Lennox s'adressa à
    Chip. Ćapitaine Marlborough,
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    il va y avoir une grande partie de pharaon demain soir au Café de Lord Archer.
    - «a me paraît tentant, fit Chip.
    - J'espère vous voir là-bas. Vous serez sans doute trop occupé, capitaine Jamisson.
    - Je le pense ª, répondit Jay. D'ailleurs, se dit-il,

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