Le pays de la liberté

je ne peux pas me le permettre.
    Lennox reposa son verre. ´Je vous souhaite le bonjour et j'espère que le brouillard va se leverª, ditril. Et il sortit.
    Jay dissimula son soulagement. Il n'avait pas été question d'argent. Lennox savait que le père de Jay avait payé sa dernière dette et peut-être était-il persuadé que Sir George allait recommencer. Jay se demanda pourquoi Lennox était venu : certainement pas pour avaler un verre de cognac gratis.
    Il avait la déplaisante impression que Lennox était venu lui porter une sorte de message. Il y avait dans l'air une menace tacite. Mais, au bout du compte, que pouvait donc faire un aubergiste au fils d'un riche négociant?
    De la rue, Jay entendit le bruit des voitures à chevaux qui s'arrêtaient devant la maison. Il cessa de penser à Lennox. ´Descendonsª, dit-il.
    Le salon était une vaste pièce aux meubles somptueux. Il flottait dans l'air une odeur d'encaustique. La mère de Jay, son père et son frère étaient là, tous habillés pour se rendre à l'église. Alicia embrassa Jay.
    Sir George et Robert l'accueillirent avec une certaine gaucherie. Ce n'avait jamais été une famille affectueuse et tout le monde se souvenait encore de la scène à propos du cadeau d'anniversaire.
    Un valet servait le café. Jay et Chip prirent chacun une tasse. Ils n'avaient pas eu le temps d'en boire une gorgée que la porte s'ouvrit toute grande et que Lizzie entra en trombe. Ćomment osez-vous ? lança-t-elle.
    Comment osez-vous ? ª
    Jay sentit son cúur s'arrêter. que se passait-il maintenant ? Lizzie était rosé d'indignation, ses yeux lançaient des éclairs, sa poitrine se soulevait. Elle
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    portait sa robe de mariée, une simple toilette blanche avec un bonnet blanc, mais elle était ravissante. ´ qu'est-ce que j'ai fait ? demanda Jay d'un ton plaintif.
    - Le mariage est annulé ! répondit-elle.

    - Non!ª s'écria Jay. On n'allait tout de même pas la lui souffler sous le nez à la dernière minute ? Cette pensée était insupportable.
    Lady Hallim arriva en h‚te derrière elle, l'air désemparé. ´Lizzie, fit-elle, je t'en prie, arrête.ª
    La mère de Jay prit les choses en main. ´ Lizzie, ma chérie, au nom du ciel, qu'arrive-t-il? Je vous en prie, dites-nous ce qui vous a mise dans un état pareil.
    - Ceci ! ª fit-elle en brandissant une liasse de papiers.
    ï Lady Hallim se tordait les mains.
    Ć'est une lettre de mon régisseur, expliqua-t-elle.
    - Elle dit, reprit Lizzie, que les géologues employés par les Jamisson ont procédé à des sondages sur le domaine Hallim.
    - Des sondages?ª fit Jay, déconcerté. Il regarda Robert et vit sur son visage une expression sournoise.
    ´ …videmment, s'écria Lizzie avec impatience, ils cherchent du charbon.
    - Oh non ! ª protesta Jay. Il comprit ce qui s'était passé. Dans son impatience, son père avait mis les bouchés doubles. Il était si pressé de mettre la main sur le charbon de Lizzie qu'il n'avait pas pu attendre le mariage.
    Mais le geste de son père avait peut-être fait perdre à Jay sa future épouse. Cette pensée le mit suffisamment en colère pour qu'il apostrophe son père : ´ Pauvre idiot ! lança-t-il imprudemment. Regardez ce que vous avez fait ! ª
    C'étaient là des propos choquants dans la bouche d'un fils s'adressant à
    son père, et Sir George n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tête. Il devint tout rouge, il avait les yeux exorbités. Álors! tonna-t-il, annule ce fichu mariage. que veux-tu que ça me fasse ? ª
    Alicia intervint. Ćalme-toi, Jay, et vous aussi, Liz-190
    zie ª, dit-elle. Elle s'adressait aussi à Sir George, mais elle eut le tact de ne pas le faire à haute voix. ÍI y a manifestement eu une erreur. Sans aucun doute les géologues de Sir George ont mal compris certaines de ses instructions. Lady Hallim, je vous en prie, retirez-vous quelques instants avec Lizzie et laissez-nous tirer cette affaire au clair. Je suis s˚re qu'il n'y a pas là de quoi annuler le mariage. ª
    Chip Marlborough toussota. Jay avait oublié sa présence. Śi vous voulez bien m'excuser...ª, dit Chip. Il se dirigea vers la porte.
    Ńe t'en va pas, supplia Jay. Attends-moi là-haut.
    - Certainementª, fit Chip. Mais on lisait sur son visage qu'il aurait donné n'importe quoi pour être ailleurs.
    Alicia poussa doucement Lizzie et Lady Hallim vers la porte. ´Je vous en prie, accordez-moi quelques minutes. Je viendrai vous chercher quand tout sera arrangé. ª
    Lizzie