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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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condamnés qui allaient mourir. L'un des hommes était ivre. Les deux autres arboraient un air de défi. Dolly priait tout haut et le garçon pleurait.
    On amena la charrette au pied de l'échafaud. L'homme ivre salua quelques amis, des individus à triste figure, qui se tenaient au premier rang de la foule. Ils lançaient des plaisanteries et des commentaires gaillards. Dolly d'une voix claire implorait le pardon du Seigneur. Le jeune garçon criait : Śauve-moi, maman, sauve-moi, je t'en prie ! ª
    Les deux autres condamnés furent acclamés par un groupe compact. Au bout d'un moment, Mack reconnut leur accent: irlandais. Un des condamnés hurla : Ńe me laissez pas aux mains des chirurgiens, les gars ! ª Des cris d'assentiment montèrent des rangs de ses amis.
    ´ De quoi parle-t-il ? demanda Mack à Cora.
    - Ce doit être un meurtrier. Les corps des assassins appartiennent à la Compagnie des chirurgiens. Ils les découpent pour voir ce qu'il y a à
    l'intérieur. ª
    Mack frémit.
    Le bourreau grimpa sur la charrette. L'un après l'autre, il disposa les núuds autour du cou des suppliciés et les serra solidement. Aucun d'eux ne se débattit, ne protesta ni ne tenta de s'échapper. C'aurait été inutile, entourés de gardes comme ils étaient, mais Mack se dit qu'il aurait quand même essayé.
    Le prêtre, un homme chauve à la soutane couverte de taches, monta sur la charrette et parla tour à tour à chacun des condamnés : quelques moments à
    peine pour l'ivrogne, quatre ou cinq minutes avec les deux autres hommes et plus longtemps avec Dolly et le jeune garçon.
    Mack avait entendu raconter que les exécutions étaient parfois interrompues pour des raisons variées
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    et il commença à espérer que ce serait le cas cette fois. La corde pouvait se rompre; la foule envahir l'échafaud pour libérer les prisonniers...
    Le prêtre termina sa mission. Le bourreau banda les yeux des cinq condamnés et puis descendit, ne laissant sur la charrette que les suppliciés.
    L'ivrogne n'arrivait pas à garder l'équilibre: il trébucha et tomba. Le núud coulant commença à l'étrangler. Dolly continuait à prier à haute voix.
    Le bourreau fouetta les chevaux.
    Lizzie s'entendit hurler : Ńon ! ª
    La charrette s'ébranla d'une secousse.
    Le bourreau fouetta une nouvelle fois les chevaux qui s'efforcèrent de prendre le trot. La charrette se déroba sous les pieds des condamnés et, un par un, ils tombèrent au bout de leur corde : d'abord l'ivrogne, déjà à
    moitié mort. Puis les deux Irlandais. Puis le garçon en sanglots. Et, enfin, la femme dont la prière s'interrompit au milieu d'une phrase.
    Lizzie contempla les cinq corps qui se balançaient dans le vide: elle se sentait pleine de mépris pour elle-même et pour la foule qui l'entourait.
    Ils n'étaient pas tous morts. Le garçon, Dieu soit loué, semblait avoir eu le cou instantanément brisé, tout comme les deux Irlandais. Mais l'ivrogne bougeait encore et la femme, dont le bandeau avait glissé, regardait devant elle avec de grands yeux ouverts tout en suffoquant lentement.
    Lizzie enfouit son visage contre l'épaule de Jay.
    Elle n'aurait pas demandé mieux que de partir, mais elle se força à rester.
    Elle avait voulu voir ce spectacle et maintenant elle devrait rester jusqu'à la fin.
    Elle rouvrit les yeux.
    L'ivrogne était mort, mais le visage de la femme était crispé par l'agonie.
    Les spectateurs étaient à présent silencieux, rendus muets par l'horreur du spectacle. Plusieurs minutes s'écoulèrent.
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    Les yeux de la femme se fermèrent enfin.
    Le shérif monta sur l'échafaud pour couper les cordes : ce fut alors que les problèmes commencèrent.
    Le groupe des Irlandais se précipita, en essayant de passer le cordon des gardes qui entourait l'échafaud. Les agents de police ripostèrent et les hallebar-diers se joignirent à eux, frappant les Irlandais. Le sang commença à couler.
    Ć'est bien ce que je craignais, dit Jay. Ils veulent empêcher le corps de leurs amis de tomber aux mains des chirurgiens. …loignons-nous d'ici aussi vite que possible. ª
    Beaucoup de spectateurs avaient apparemment la même idée, mais d'autres essayaient de s'approcher pour voir ce qui se passait. On poussait d'un côté, d'un autre, des coups de poing commencèrent à voler. Jay tenta de se frayer un passage. Lizzie se blottissait contre lui. Ils se retrouvèrent bloqués contre une vague ininterrompue de gens qui allaient dans la direction

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