Le pays des grottes sacrées
cette médecine, mère.
Ayla voyait le feu projeter des
étincelles dans la nuit comme s’il tentait d’atteindre celles qui scintillaient
dans le ciel. Il faisait sombre, la lune était jeune et s’était déjà couchée.
Aucun nuage ne masquait l’éblouissant foisonnement d’étoiles, si dense qu’elles
semblaient reliées par un écheveau de lumière.
Jonayla dormait dans les bras de
sa mère. Elle avait fini de téter depuis quelque temps déjà mais Ayla prenait
plaisir à la garder contre elle et se détendait près du feu. Jondalar était
assis à côté d’elle, un peu en retrait, et elle s’appuyait contre sa poitrine
et le bras qu’il avait passé autour d’elle. La journée avait été longue, Ayla
se sentait fatiguée. Neuf membres de la Caverne seulement ne s’étaient pas
rendus à la Réunion d’Été, six qui étaient malades ou affaiblis – Ayla
et Zelandoni les avaient tous examinés –, trois qui étaient restés pour
s’occuper d’eux. Plusieurs de ceux qui n’avaient pas eu la force de faire le voyage
se sentaient néanmoins assez vaillants pour participer aux corvées telle
l’élaboration des repas. L’homme mûr avec qui Jondalar s’était entretenu à leur
arrivée était parti chasser et avait abattu un cerf, ce qui avait permis aux
autres d’offrir à leurs invités un festin de venaison.
Le lendemain matin, la Première
prit Ayla à part pour lui annoncer que ce serait le jeune acolyte qui lui
montrerait la grotte sacrée de Camp d’Été.
— Elle n’est pas grande mais
très difficile, précisa-t-elle. Tu devras peut-être ramper à certains endroits,
alors mets des vêtements pour ça. Je l’ai visitée quand j’étais jeune et je ne
crois pas que j’en serais capable maintenant. Vous vous débrouillerez très bien
toutes les deux, j’en suis sûre. Vous êtes de robustes jeunes femmes, ça ne
devrait pas vous prendre longtemps mais je te conseille, vu la difficulté de
cette grotte, de laisser ton bébé ici.
Après une pause, elle
ajouta :
— Je le garderai, si tu
veux.
Ayla crut déceler un manque de
conviction dans la voix de la Première. S’occuper d’un bébé pouvait être
fatigant et la Première avait peut-être d’autres projets.
— Je peux demander à
Jondalar de le faire. Il aime être avec Jonayla.
Les deux femmes se mirent en
route, Shevola ouvrant la marche.
— Dois-je t’appeler par ton
titre, complet ou abrégé, ou par ton nom ? demanda Ayla après qu’elles
eurent parcouru une courte distance. Cela varie selon les acolytes.
— Comment les gens
t’appellent-ils, toi ?
— Ayla. Je sais que je suis
l’acolyte de la Première mais j’ai encore du mal à me penser comme ça et tout
le monde m’appelle Ayla. Je préfère. Mon nom est la seule chose qui me reste de
ma vraie mère, de mon peuple d’origine. Je ne sais même pas qui ils étaient. Je
n’ignore pas que l’on attend de nous que nous renoncions à nos noms personnels
et j’espère que je serai prête à le faire le moment venu, mais je ne le suis
pas encore.
— Certains acolytes sont
heureux de changer de nom, d’autres aimeraient mieux ne pas le faire.
Finalement, tout s’arrange. Je crois que j’aimerais que tu m’appelles Shevola.
C’est plus amical qu’Acolyte.
— Alors, appelle-moi Ayla.
Elles empruntèrent une piste qui
traversait une gorge étroite couverte d’arbres et de broussailles, flanquée de
deux hautes falaises dont l’une accueillait l’abri de pierre du groupe. Loup
surgit tout à coup et effraya Shevola, qui n’avait pas l’habitude. Ayla prit la
tête de l’animal entre ses mains, ébouriffa sa crinière en riant.
— Alors, tu n’as pas voulu
rester, dit-elle, ravie de le voir.
Elle se tourna vers l’acolyte.
— Il me suivait toujours
partout où j’allais, jusqu’à la naissance de Jonayla. Depuis, il est tiraillé
quand je suis à un endroit et elle à un autre. Il veut nous protéger toutes les
deux et n’arrive pas toujours à prendre une décision. Cette fois, je lui avais
laissé le choix. Il a dû estimer que Jondalar serait capable de protéger
Jonayla et il est parti à ma recherche.
— Le pouvoir que tu as sur
ces animaux est stupéfiant : ils vont où tu leur dis d’aller, ils font ce
que tu veux. On finit par ne plus s’en étonner mais cela reste difficile à
croire. Tu les as toujours eus ?
— Non. Whinney a été la
première, sauf si on compte
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