Le pays des grottes sacrées
une
guérisseuse expérimentée. Nous ne pourrons peut-être pas t’aider mais nous
aimerions essayer.
— Non, aucun, répondit la
malade à voix basse et, sembla-t-il, avec une certaine hésitation.
Ayla fut un peu étonnée que la
Première veuille qu’elle examine la malade puis elle s’aperçut que l’espace
était si confiné dans l’habitation que la doniate obèse aurait éprouvé quelques
difficultés à s’approcher du lit. Ayla s’agenouilla au chevet de Vashona et lui
demanda :
— Ressens-tu des douleurs en
ce moment ?
Shevola et sa mère remarquèrent
toutes deux la façon étrange dont elle parlait, son accent exotique.
— Oui.
— Montre-moi où.
— C’est difficile à dire. À
l’intérieur.
— En haut ou en bas ?
— Partout.
— Je peux toucher ?
La femme regarda sa fille, qui
regarda Zelandoni.
— Elle doit l’examiner,
insista la Première.
Vashona accepta d’un hochement de
tête ; Ayla rabattit la couverture et ouvrit le vêtement, découvrant
l’estomac. Elle remarqua immédiatement que la femme était ballonnée. Elle
appuya sur l’estomac en commençant par le haut, descendit. Vashona grimaça mais
ne cria pas. Ayla lui tâta le front, passa un doigt derrière ses oreilles, se
pencha pour flairer son haleine, s’assit sur ses talons, l’air pensive.
— Éprouves-tu une vive
douleur à la poitrine, en particulier après avoir mangé ?
— Oui, répondit la malade
avec un regard interrogateur.
— L’air sort-il bruyamment
de ta gorge, comme lorsqu’un bébé rote ?
— Oui, mais beaucoup de gens
rotent.
— C’est vrai, convint Ayla.
Craches-tu aussi du sang ?
— Quelquefois.
— As-tu vu du sang ou une
masse sombre et collante dans tes crottes ?
— Oui, ces derniers temps,
répondit Vashona dans un murmure. Comment le sais-tu ?
— Elle le sait parce qu’elle
t’a examinée, intervint la Première.
— Qu’as-tu fait pour calmer
tes douleurs ?
— Comme tout le monde :
j’ai bu de la tisane d’écorce de bouleau.
— Et aussi beaucoup de
menthe ?
Vashona et sa fille acolyte
regardèrent l’étrangère avec étonnement.
— C’est sa boisson préférée,
expliqua Shevola.
— Il vaudrait mieux de la
racine de réglisse ou de l’anis. Et plus d’écorce de bouleau pour le moment,
recommanda Ayla. Certains pensent que puisque tout le monde en prend cela ne
peut pas faire de mal. Or, en boire trop peut être mauvais. C’est un remède
mais il n’est pas bon pour tout et il ne faut pas l’utiliser trop souvent.
— Peux-tu aider ma
mère ? demanda l’acolyte.
— Oui. Je crois savoir ce
qui ne va pas. C’est sérieux, mais il existe des médecines qui peuvent la
guérir. Je dois cependant vous prévenir qu’il peut s’agir d’un mal plus grave
très difficile à traiter, même si nous pouvons au moins la soulager de sa
douleur.
Zelandoni inclina légèrement la
tête avec une expression entendue.
— Que suggères-tu comme
traitement ? demanda-t-elle.
Ayla réfléchit puis
répondit :
— De l’anis ou de la racine
de réglisse pour calmer l’estomac, j’en ai dans mon sac à remèdes. Et de l’iris
séché pour prévenir les crampes. Il pousse dans les environs des pissenlits qui
purifieront son sang et aideront ses entrailles à mieux travailler. J’ai des
gratterons qui peuvent débarrasser son corps d’un reste d’excréments, et une
décoction des aspérules que j’ai cueillies sera bonne pour son estomac et
l’aidera à se sentir mieux. En plus, cela a bon goût. Je trouverai peut-être
encore de ces radicelles de benoîte que j’ai utilisées comme assaisonnement
l’autre soir. Elles sont excellentes pour les maux d’estomac. Mais il me
faudrait surtout de la chélidoine. C’est un bon traitement pour l’un ou l’autre
des problèmes possibles, en particulier le plus grave.
Shevola regardait Ayla avec
admiration. La Première savait qu’elle n’était pas Premier Acolyte de la
Zelandoni de Camp d’Été et qu’elle avait encore beaucoup à apprendre. Ayla
pouvait encore la surprendre par la profondeur de son savoir. Elle se tourna
vers Shevola.
— Tu peux peut-être aider
Ayla à préparer les remèdes pour ta mère. Ce sera une façon d’apprendre à le
faire quand nous serons partis.
— Oh oui, j’aimerais tant
aider, répondit l’acolyte.
Regardant Vashona avec tendresse,
elle ajouta :
— Je crois que tu te
sentiras beaucoup mieux avec
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