Le pays des grottes sacrées
tranquillement dans le Monde d’Après… Mais c’est à
elle et à sa mère d’en décider.
— Elle est si jeune !
Et elle paraît si forte…
— Oui, c’est vraiment
dommage, mais puisqu’elle refuse toute aide, je crains que ses souffrances ne
cessent que lorsque la Mère la rappellera à Elle.
Lorsqu’elles revinrent à la
rivière, les deux radeaux étaient presque chargés. Ils transporteraient les
travois démontés et six des voyageurs. Ayla et Jondalar voyageraient à cheval
avec leurs affaires dans leurs sacs à dos. Loup se débrouillerait seul,
naturellement. Kareja leur expliqua qu’ils avaient envisagé d’utiliser trois
radeaux mais qu’il n’y avait pour le moment pas assez de personnes pour en
diriger plus de deux. Comme il aurait fallu envoyer chercher d’autres membres
de la Onzième et attendre leur arrivée, ils avaient décidé que deux
suffiraient. Ils n’entreprenaient jamais un voyage aussi long et
potentiellement dangereux avec moins de deux radeaux.
On remontait la rivière en
s’aidant d’une ou de plusieurs longues perches sur lesquelles on poussait après
en avoir appuyé une extrémité sur le fond du lit, et pour la descendre on
laissait faire le courant. Comme ils allaient vers l’aval, une fois que les
cordes attachant les radeaux au quai de bois furent dénouées, le voyage
commença facilement. Ils n’utilisèrent les perches que pour diriger les radeaux
et éviter les rochers. Les membres de la Onzième guidaient aussi leurs
embarcations par un autre moyen : une partie centrale de bois de mégacéros
attachée à un manche. Ce gouvernail rudimentaire, monté à l’arrière du radeau,
pouvait pivoter à droite ou à gauche pour le faire changer de direction. Avec
les bois d’élan ou de mégacéros en forme de palme, la Onzième fabriquait aussi
des sortes de rames qui aidaient à propulser et à guider les radeaux. Mais il
fallait de l’habileté et de l’expérience pour diriger ces plateformes lourdes,
peu maniables, et généralement trois personnes unissaient leurs efforts pour
cette tâche.
Ayla mit les couvertures de
cheval sur les dos de Whinney, de Rapide et de Grise, attacha une longe à la
jeune jument mais plaça Jonayla devant elle sur Whinney pour le moment. Elle
aurait bien le temps de laisser sa fille seule sur Grise quand elles ne
devraient pas descendre dans l’eau et en ressortir. Dès que le premier radeau
s’écarta du quai, Ayla chercha Loup des yeux, le siffla. Il la rejoignit en
bondissant, tout excité. Il savait qu’il se passait quelque chose. Ayla et
Jondalar firent entrer les chevaux dans l’eau et quand ils furent parvenus à la
partie la plus profonde de la rivière, près de son milieu, ils nagèrent en
suivant les radeaux avant de ressortir sur la berge opposée.
Les embarcations descendaient à
bonne vitesse vers le sud et les bêtes réussirent à ne pas trop se faire
distancer tant qu’il y avait une bande de terre le long de la rivière.
Lorsqu’il n’y eut plus que la paroi rocheuse, Ayla et Jondalar retournèrent
dans l’eau et laissèrent les chevaux nager. Sur le second radeau, les membres
de la Onzième utilisèrent les rames pour ralentir afin que les bêtes puissent
les rattraper. Quand elles l’eurent fait, Shenora, la femme qui tenait le
gouvernail de la première plateforme, avertit Ayla et Jondalar d’une voix
forte :
— Juste après la prochaine
courbe, il y a une rive basse. Profitez-en pour sortir et contourner les
falaises suivantes. Nous allons entrer dans une zone de tourbillons. C’est un
passage difficile, il vaut mieux pour vous et pour les chevaux que vous sortiez
du lit de la rivière.
— Et vous, sur les radeaux,
vous ne risquez rien ? répondit Jondalar sur le même ton.
— Nous avons l’habitude.
Avec une personne à la perche, une autre à la rame et moi au gouvernail, ça
devrait aller.
Jondalar, qui tenait la longe de
Grise, commença à diriger Rapide vers la gauche, le côté de la rive basse. Ayla
suivit, un bras autour de Jonayla. Loup nageait derrière.
Amelana et les deux apprentis,
Tivonan et Palidar, se trouvaient sur le deuxième radeau, le plus proche. La
jeune femme paraissait inquiète mais ne montrait aucune intention de descendre
et de faire le chemin à pied. Les deux jeunes gens s’affairaient autour
d’elle : une jeune femme séduisante attirait toujours les hommes, surtout
si elle était enceinte. Zelandoni, Jonokol et Willamar, qui
Weitere Kostenlose Bücher