Le pays des grottes sacrées
faisait plusieurs jours
qu’ils avaient retrouvé les familles retardataires, mais Beladora n’était pas
encore rétablie complètement. Si elle abusait de ses forces trop tôt, Ayla
craignait qu’il n’en résulte pour elle un problème chronique qui risquerait de
rendre la fin du trajet plus pénible.
Elle n’ajouta pas que Rapide
n’était pas le cheval le plus indiqué pour tirer son travois car il était plus
difficile à mener. Même Jondalar, qui savait très bien s’y prendre avec lui,
avait parfois du mal à le maîtriser quand l’étalon devenait ombrageux. Grise
était encore jeune, Jonayla encore plus jeune en termes d’aptitude, et, Whinney
tirant le travois, il serait plus difficile à Ayla de se servir de la longe
pour aider sa fille à diriger le cheval. Elle n’était pas certaine qu’il leur
faille fabriquer un travois pour Grise.
Cependant, la grande tente dans
laquelle les autres voyageurs avaient campé pendant qu’il y avait des malades
avait été montée en se servant des tentes de voyage plus petites et de peaux
supplémentaires, et le troisième travois pouvait transporter les piquets et
d’autres choses qu’ils avaient confectionnées durant leur halte forcée et,
sinon, ils les laisseraient là. Les enfants allaient beaucoup mieux mais se
fatiguaient encore rapidement. Les travois leur permettraient aussi de se
reposer pendant le déplacement sans avoir à s’arrêter. Ayla et Jondalar
voulaient repartir le plus vite possible. Ceux qui les attendaient se
demandaient sans doute où ils étaient.
La nuit précédant le départ, ils
s’organisèrent le mieux possible. Ayla, Jondalar, Jonayla et Loup couchèrent
dans leur tente de voyage. Le matin, ils préparèrent un repas rapide avec les
restes de la veille, chargèrent toutes leurs affaires sur les travois, y
compris les châssis qu’ils accrochaient d’habitude sur leur dos pour
transporter le nécessaire : abri, vêtements supplémentaires et nourriture.
Bien que les adultes aient été habitués à les porter, ils trouvaient plus
facile de marcher sans ces lourds fardeaux. Ils partirent et parcoururent plus
de chemin qu’ils ne le faisaient d’ordinaire, mais, le soir venu, tous étaient
fatigués.
Tandis qu’ils achevaient leur
infusion, Kimeran et Jondecam proposèrent de s’arrêter plus tôt le lendemain,
pour aller chasser, de façon à ne pas arriver les mains vides quand ils
rencontreraient les parents de Camora. Ayla était préoccupée. Le temps leur
avait été favorable jusque-là. Il y avait eu une petite averse le soir où Ayla
et Jondalar avaient trouvé les autres voyageurs. Le ciel s’était ensuite
dégagé, mais Ayla ignorait si ça allait durer. Jondalar savait qu’elle était
intuitive et qu’elle sentait généralement quand il allait pleuvoir.
Ce n’était pas exactement une
odeur qui annonçait la pluie, elle percevait plutôt comme une exhalaison
particulière de l’air et comme une sensation d’humidité. Plus tard, on
expliquera la fraîcheur de l’air avant la pluie par la présence d’ozone dans
l’atmosphère, d’autres, capables de la détecter, y verront une nuance
métallique. Ayla n’avait pas de mot pour le décrire et avait du mal à
l’expliquer, mais elle connaissait ce présage de pluie et l’avait perçu
récemment. Elle n’avait aucune envie de patauger dans la boue sous une pluie
battante.
Elle se réveilla alors qu’il
faisait encore nuit. Elle se leva pour utiliser le panier de nuit, mais sortit
finalement. Les braises du feu allumé devant la tente rougeoyaient encore et
donnaient assez de lumière pour qu’elle aille jusqu’à un buisson voisin. L’air
était frais mais pur et, en revenant vers la tente, elle vit que le noir
profond de la nuit avait laissé place au bleu nuit qui précède l’aube. Elle
regarda un moment un rouge profond envahir le ciel à l’orient et souligner un
banc pommelé de nuages d’un violet sombre, suivi par une lumière éblouissante
qui embrasa davantage le ciel rouge et dispersa les nuages en bandes de couleur
vive.
— Je suis sûre qu’il ne va
pas tarder à pleuvoir, annonça-t-elle à Jondalar en rentrant dans la tente, et
cela va être un gros orage. Je sais qu’ils ne veulent pas arriver les mains
vides, mais si nous continuons d’avancer nous arriverons peut-être avant la
pluie. Je ne voudrais pas que Beladora soit trempée et attrape froid au moment
où elle se rétablit, et l’idée d’avoir
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