Le pays des grottes sacrées
surpris qu’elle se permette une remarque alors que la Première
expliquait une notion fondamentale, mais celle-ci sourit en elle-même, ravie de
voir Ayla aussi intéressée.
— Ils considèrent que trois
est un mot à compter fondamental parce qu’il représente la femme, de même que le
triangle avec la pointe en bas représente la femme et la Grande Mère.
Lorsqu’ils ajoutent aux trois saisons principales les deux autres, automne et
milieu de l’hiver, qui annoncent un changement, cela fait cinq. Mamut disait
que cinq est le mot à compter de l’autorité cachée de la Mère.
— C’est très intéressant,
Ayla, reprit la Première. Nous, nous disons que cinq est Son mot à compter
sacré. Nous pensons aussi que trois est un nombre important, pour des raisons
semblables. J’aimerais en savoir plus sur ce peuple que tu appelles les Mamutoï
et sur leurs coutumes. Peut-être à la prochaine réunion de la Zelandonia.
Ayla était sous le charme. La
Première avait une voix qui retenait l’attention, qui l’exigeait, même, mais ce
n’était pas seulement pour ça. Les connaissances qu’elle transmettait étaient
stimulantes, captivantes. Ayla voulait en savoir plus.
— Il y a aussi Cinq Couleurs
et Cinq Éléments Sacrés, mais il se fait tard et nous verrons cela la prochaine
fois, promit Celle Qui Était la Première parmi Ceux Qui Servaient la Grande
Terre Mère.
Ayla fut déçue, elle aurait bien
écouté toute la nuit, mais en relevant la tête elle vit Folara approcher avec
Jonayla. Son bébé s’était réveillé.
4
L’impatience de partir pour la
Réunion d’Été s’accrut après que la Neuvième Caverne fut revenue de sa visite
aux Septième et Deuxième. Tout le monde se préparait dans la fièvre et
l’excitation était quasi palpable. Chaque famille effectuait ses propres
préparatifs et les chefs avaient pour tâche d’organiser le départ pour toute la
Caverne. C’était parce qu’ils acceptaient d’assumer cette responsabilité et
qu’ils s’en acquittaient qu’ils étaient chefs.
Les chefs de toutes les Cavernes
zelandonii étaient nerveux avant une Réunion d’Été, mais Joharran plus que
d’autres. Si la plupart des Cavernes comptaient de vingt-cinq à cinquante
personnes, quelques-unes soixante-dix ou quatre-vingts, généralement
apparentées, sa Caverne faisait exception : près de deux cents Zelandonii
appartenaient à la Neuvième.
C’était un défi de diriger tant
de gens, mais Joharran était à même de le relever. Non seulement sa mère,
Marthona, avait mené la Neuvième Caverne mais Joconan, le premier homme à qui
elle s’était unie et au foyer duquel il était né, l’avait fait avant elle.
Jondalar, le frère de Joharran, né au foyer de Dalanar, l’homme auquel Marthona
s’était unie après la mort de Joconan, s’était spécialisé dans une activité
pour laquelle il montrait de l’inclination et de l’habileté. Comme Dalanar, on
le reconnaissait pour un Maître Tailleur de Silex parce que c’était ce qu’il
faisait le mieux. Joharran avait grandi entre des parents exerçant les
fonctions de chef et avait une propension naturelle à prendre ces
responsabilités. C’était ce qu’il faisait le mieux.
Les Zelandonii n’avaient pas de
procédure officielle pour choisir leurs dirigeants mais ils vivaient ensemble,
ils apprenaient qui était le mieux à même de les aider à résoudre un conflit ou
régler un problème, et ils avaient tendance à suivre ceux qui prenaient en
charge l’organisation d’une activité et le faisaient bien.
S’ils décidaient par exemple
d’aller chasser, ils ne choisissaient pas forcément de suivre le meilleur
chasseur mais plutôt celui qui dirigerait le groupe d’une façon qui garantirait
une chasse fructueuse pour tous. Souvent – pas toujours –, le
plus apte à résoudre un problème était aussi le meilleur organisateur. Parfois,
deux ou trois personnes connues pour des savoir-faire particuliers
travaillaient ensemble. Au bout d’un moment, celui qui gérait les conflits le
plus efficacement était reconnu pour chef, non par une procédure structurée
mais par un accord tacite.
Ceux qui accédaient à une
position de commandement acquéraient un statut supérieur mais ils gouvernaient
par la persuasion et l’influence, ils ne détenaient aucun pouvoir coercitif. Il
n’existait ni règles ni lois exigeant obéissance, ni de moyens de l’imposer, ce
qui rendait la
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