Le pays des grottes sacrées
moins de mobilité n’était qu’un faible
prix à payer.
À l’aide de pinces, Ayla prit une
pierre brûlante. Elles étaient faites d’une mince bande de bois détachée d’un
arbre, juste sous l’écorce, et repliée à la vapeur. Le bois jeune gardait son
élasticité plus longtemps, mais pour ne pas faire mourir l’arbre on ne
prélevait la bande que d’un côté du tronc. Elle tapota la pierre contre un des
rochers entourant le feu pour en faire tomber les cendres, la laissa tomber
dans l’eau, faisant s’élever un panache de vapeur. Une seconde pierre porta
l’eau à une brève ébullition. Les morceaux d’os empêchaient les pierres chaudes
de brûler le fond du panier et lui assuraient une plus longue durée.
Ayla passa en revue sa réserve de
plantes et d’herbes séchées. La camomille avait toujours un effet calmant mais
c’était une infusion banale, elle voulait autre chose. Elle remarqua une plante
qu’elle avait cueillie récemment et sourit. La mélisse n’avait pas encore
totalement séché mais on pouvait déjà l’utiliser. En en ajoutant un peu à la
camomille, ainsi que du tilleul pour édulcorer le goût, elle obtiendrait un
breuvage apaisant. Elle mit les feuilles dans l’eau, laissa infuser un moment,
remplit deux bols et en tendit un à la doniate.
Zelandoni souffla sur la tisane,
but une gorgée, inclina la tête sur le côté en tentant d’identifier son goût.
— De la camomille, bien sûr,
mais… Laisse-moi réfléchir. De la mélisse, avec peut-être des fleurs de
tilleul ?
Ayla sourit. C’était exactement
ce qu’elle faisait lorsqu’elle goûtait à un breuvage inconnu : elle
s’efforçait d’en analyser la composition. Et bien sûr, Zelandoni connaissait
les ingrédients.
— Oui, acquiesça Ayla. J’ai
trouvé la mélisse il y a quelques jours seulement. Je suis contente qu’il en
pousse à proximité.
— Pourrais-tu en cueillir
aussi pour moi, la prochaine fois ? Elle nous serait utile à la Réunion
d’Été.
— Avec plaisir. Je peux même
y aller aujourd’hui. Elle pousse sur le plateau, près de la Pierre qui Tombe.
Ayla faisait allusion à une
colonne de basalte très ancienne que l’érosion avait dégagée du calcaire et qui
donnait l’impression de choir alors qu’elle était encore solidement encastrée
dans la paroi de la falaise.
— Que sais-tu de l’usage de
ces plantes ? demanda la doniate.
— La camomille détend, et si
on la prend le soir elle aide à s’endormir. La mélisse calme quand on se sent
nerveux et tendu. Elle apaise les maux d’estomac que cause parfois la nervosité
et fait dormir. Elle a un goût agréable avec la camomille. Le tilleul soulage
le mal de tête, en particulier lorsqu’on est tendu, et sert aussi d’édulcorant.
Ayla pensa à Iza, qui lui posait
des questions semblables pour vérifier qu’elle avait mémorisé les connaissances
qu’elle lui transmettait.
— Oui, cette infusion
pourrait servir de calmant léger, approuva la Première.
— Lorsque quelqu’un est très
excitable et n’arrive pas à dormir, il faut quelque chose de plus fort. Des
racines de valériane bouillies, par exemple.
— Surtout le soir, pour
faciliter le sommeil, mais si l’estomac est également perturbé, des fleurs et
des feuilles de verveine conviennent peut-être mieux, suggéra la Zelandoni.
— J’ai souvent utilisé de la
verveine pour quelqu’un qui relevait d’une longue maladie, mais il ne faut pas
en donner à une femme enceinte. Elle peut provoquer le travail et même
l’écoulement du lait.
Les deux femmes se turent, se
regardèrent et rirent.
— Tu n’imagines pas combien
je suis heureuse d’avoir quelqu’un à qui parler de remèdes, dit Ayla. Surtout
quelqu’un qui possède un tel savoir.
— Je crois que tu en sais
autant que moi. Plus, peut-être, pour certaines choses, et c’est un plaisir
d’échanger des idées avec toi. J’attends beaucoup de nos discussions futures.
Zelandoni regarda autour d’elle,
tendit le bras vers la fourrure de couchage étendue sur le sol.
— Tu te prépares pour le
voyage, à ce que je vois.
— Je vérifiais qu’il ne faut
pas la recoudre. Il y a un moment que nous ne l’avons pas utilisée. Elle
convient pour voyager par tous les temps.
La fourrure de couchage se
composait de plusieurs peaux cousues ensemble pour accueillir quelqu’un d’aussi
grand que Jondalar. Elle était fermée aux pieds et des lanières
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