Le pays des grottes sacrées
inquiétée.
Sa formation d’acolyte avait été
éprouvante et avait exigé des périodes de jeûne, la privation de sommeil et
d’autres restrictions, en particulier l’abstinence des Plaisirs durant un
certain temps. Pendant près d’un an, elle avait veillé la nuit pour étudier les
mouvements des objets célestes. Mais cet apprentissage rigoureux était presque
terminé. Son année d’observation du ciel nocturne allait bientôt s’achever, au
Long Jour d’Été exactement, moment auquel elle pourrait être agréée comme
acolyte à part entière. Elle était déjà habile dans l’art de guérir, sinon sa
formation aurait duré beaucoup plus longtemps, ce qui ne l’empêcherait pas de
ne jamais cesser d’étudier.
Ensuite, à tout moment, elle
pourrait devenir Zelandoni, bien qu’elle eût maintenant des doutes. Pour cela,
il fallait qu’elle soit « appelée », processus mystérieux que
personne n’était en mesure d’expliquer mais dont tous les Zelandoni avaient
fait l’expérience. Quand un acolyte prétendait avoir été appelé, l’aspirant
doniate subissait un examen probatoire devant d’autres Zelandonia, qui
acceptaient ses prétentions ou les rejetaient. Si elles étaient acceptées, on
trouvait une place à Celui qui Sert la Mère fraîchement émoulu, d’assistant
d’un ou d’une Zelandoni. Si elles étaient rejetées, l’acolyte restait un
acolyte mais on lui donnait généralement des explications afin qu’il comprenne
mieux l’appel la prochaine fois qu’il le sentirait. Certains acolytes
n’atteignaient jamais la position de Zelandoni et se contentaient de la leur,
mais la plupart désiraient être appelés.
Avant de s’endormir, elle songea
aux Plaisirs. Elle était la seule à être convaincue qu’ils étaient à l’origine
d’une vie nouvelle qui se développait dans les entrailles d’une femme. Si elle
était enceinte, elle serait sans doute trop occupée par son nouveau bébé pour
penser à un quelconque appel.
L’avenir le dira, ce qui est fait
est fait, inutile de s’inquiéter de savoir si je suis enceinte ou non maintenant,
se dit-elle. Et serait-ce si ennuyeux d’avoir un autre enfant ? Un bébé,
ça pourrait être bien.
Elle ferma les yeux et se
détendit à nouveau, puis sombra dans un sommeil bienheureux.
Ce fut l’un des enfants qui
remarqua le premier les signaux de fumée lancés par la Troisième Caverne et les
indiqua à sa mère, qui les montra à sa voisine, et toutes deux se rendirent
chez Joharran. Avant même qu’elles y soient parvenues, d’autres avaient aussi
vu les signaux. Proleva et Ayla sortaient du logis au moment où la petite foule
y arrivait. Elles levèrent les yeux, un peu surprises.
— De la fumée qui monte du
Rocher des Deux Rivières, dit l’un.
— Des signaux de la
Troisième Caverne, dit un autre en même temps.
Joharran suivit sa compagne. Il
gagna le bord de la corniche rocheuse.
— Ils vont envoyer un
messager, déclara-t-il.
Le messager arriva peu après,
hors d’haleine.
— Des visiteurs !
lança-t-il. De la Vingt-Quatrième Caverne des Zelandonii du Sud, y compris leur
principale Zelandoni. Ils se rendent à notre Réunion d’Été, mais veulent
s’arrêter à plusieurs Cavernes en cours de route.
— Ils viennent de loin,
remarqua Joharran. Il va leur falloir une habitation.
— Je vais aller le dire à la
Première, proposa Ayla.
Mais je ne partirai pas avec tous
les autres cette année, pensa-t-elle en prenant le chemin du logis de
Zelandoni. Je dois attendre le Long Jour d’Été. Elle en était un peu désolée.
J’espère que les visiteurs ne quitteront pas la Réunion trop tôt, mais ils sont
venus de très loin et devront peut-être repartir assez vite pour rentrer chez
eux avant l’hiver. Ce serait dommage.
— Je vais jeter un coup
d’œil à la grande aire de rassemblement de l’autre côté, annonça Proleva. Ils
seraient bien là, mais ils vont avoir besoin au moins d’eau et de bois pour
faire du feu. Combien sont-ils ?
— À peu près autant que dans
une petite Caverne, répondit le messager.
Cela peut représenter une
trentaine de personnes, peut-être plus, pensa Ayla, recourant mentalement à la
technique qu’elle avait apprise au cours de sa formation pour compter les
nombres les plus importants. Compter avec les doigts et les mains était plus
compliqué qu’en se servant des mots à compter et il fallait comprendre comment
faire, mais
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