Le pays des grottes sacrées
glissa derrière
une brume poussiéreuse proche du sol, qui atténua l’incandescence du disque
rouge. Il était aussi rond que sa compagne nocturne quand elle était pleine.
Les deux orbes célestes étaient parfaitement circulaires, les seuls cercles
parfaits de son environnement. La brume permettait de mieux voir le soleil et
de situer avec précision le lieu de son coucher sur la ligne d’horizon découpée
par la silhouette des collines. Dans la lumière affaiblie, elle fit une
entaille sur sa plaque de corne.
Puis elle se tourna vers l’est,
du côté de la Rivière. Les premières étoiles avaient fait leur apparition dans
le ciel de plus en plus sombre. La lune n’allait pas tarder à se montrer, elle
le savait, bien qu’il arrivât parfois qu’elle se lève avant le coucher du
soleil ; parfois même, elle présentait en plein jour une face plus pâle
sur le fond bleu clair du ciel. Elle avait observé le lever et le coucher du
soleil pendant près d’un an et, si elle détestait être séparée de Jondalar et
de Jonayla comme l’exigeait cette étude des corps célestes, les connaissances
qu’elle avait acquises la fascinaient. Ce soir, cependant, elle se sentait
perturbée. Elle avait envie de rentrer au logis, de se glisser entre ses
fourrures avec Jondalar, envie qu’il la tienne dans ses bras, la caresse et lui
procure ces sensations que lui seul savait éveiller. Elle se leva, se rassit et
tenta de trouver une position plus confortable pour se préparer à sa longue
nuit solitaire.
Pour passer le temps et rester
plus facilement éveillée, elle se concentra sur la répétition à voix basse de
quelques-unes des nombreuses chansons, histoires et légendes qu’elle avait
confiées à sa mémoire. Bien que celle-ci fût excellente, il lui fallait retenir
une grande quantité d’informations. Elle n’avait pas une voix mélodieuse et
elle n’essayait pas de les chanter comme le faisaient beaucoup de Zelandonia.
Zelandoni lui avait dit cependant qu’il n’était pas nécessaire de chanter à
condition de connaître les paroles et leur sens. Le loup, somnolant près
d’elle, semblait aimer le ronronnement monotone de sa voix douce, mais même
Loup n’était pas avec elle ce soir.
Elle décida de réciter une de ces
histoires, une histoire qui parlait du temps jadis, une histoire qui lui
donnait particulièrement du fil à retordre. C’était l’une des premières fois
qu’étaient mentionnés ceux que les Zelandonii appelaient les Têtes Plates, ceux
qu’elle considérait comme formant son Clan, mais son esprit partait sans cesse
à la dérive. L’histoire était pleine de noms qui ne lui étaient pas familiers,
d’événements qui ne signifiaient rien pour elle et de concepts qu’elle ne
comprenait pas tout à fait ou dont elle ne reconnaissait pas la vérité. Elle
pensait sans arrêt à ses propres souvenirs, à sa propre histoire, à ses
premières années avec le Clan. Peut-être ferait-elle mieux de passer à une
légende. C’était plus facile. Elles racontaient souvent des histoires drôles,
parfois tristes, qui expliquaient ou illustraient des coutumes et des
comportements.
Elle entendit un bruit ténu, une
respiration haletante, et se retourna : Loup gravissait le sentier et
venait la retrouver. Il bondit vers elle, manifestement heureux de la voir.
Elle éprouvait le même sentiment.
— Salut, Loup, dit-elle en
ébouriffant son épaisse fourrure autour de son cou.
Elle lui sourit et le regarda
dans les yeux en lui tenant la tête.
— Comme je suis contente de
te voir. Je suis d’humeur à avoir de la compagnie, ce soir.
Il lui lécha le visage, puis lui
prit tendrement la mâchoire entre ses crocs.
— Je crois que toi aussi tu
es content de me voir. Jondalar et Jonayla sont sûrement rentrés et elle dort
probablement. Ça me rassure de savoir que tu veilles sur elle, Loup, quand je
ne peux pas être là.
Le loup s’installa à ses pieds,
elle se serra dans son manteau, se renversa en arrière pour attendre le lever
de la lune et essaya de se concentrer sur la Légende d’un des ancêtres des
Zelandonii, mais au lieu de cela elle se rappela le jour où elle avait failli
perdre Loup au cours de leur Voyage. Ils étaient en train d’effectuer la
traversée périlleuse d’une rivière en crue et avaient été séparés de lui. Elle
se souvint de s’être mise à sa recherche, frigorifiée, trempée et affolée à
l’idée de l’avoir perdu. Elle
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