Le pays des grottes sacrées
comme tout ce qui concernait les Zelandonia, c’était encore plus
complexe qu’il n’y paraissait. Cela pouvait vouloir dire quelque chose de
complètement différent. Chaque signe avait plus d’une signification.
Après avoir annoncé la nouvelle à
la Première, Ayla partit rejoindre Proleva de l’autre côté de la grande saillie
en surplomb et en profita pour apporter du bois. Se procurer du combustible
pour faire du feu exigeait une attention et des efforts constants. Tout le
monde, même les enfants, ramassait tout ce qui pouvait brûler : bois,
broussailles, herbe, bouses séchées, et on conservait la graisse de tous les
animaux que l’on chassait, y compris un carnivore de temps à autre. Pour vivre
dans des régions froides, le feu était indispensable, tant pour se chauffer que
pour s’éclairer, sans parler de cuire les aliments afin de les rendre plus
faciles à mâcher et plus digestes. Bien qu’on utilisât un peu de graisse pour
la cuisine, celle-ci servait le plus souvent à faire du feu. Nourrir le feu
était astreignant mais essentiel pour entretenir la vie des bipèdes tropicaux
dont l’évolution s’était déroulée sous des climats plus chauds et qui s’étaient
disséminés autour du monde.
— Ah, te voilà, Ayla !
dit Proleva. Je pensais que nous mettrions à la disposition des visiteurs
l’endroit proche du ruisseau alimenté par la source qui sépare la Neuvième
Caverne d’En-Aval, mais je me suis posé des questions à propos des chevaux. Ils
sont trop près de l’endroit dont je parle ; crois-tu qu’il serait possible
de les déplacer ? Cette proximité risque de déconcerter nos visiteurs.
— J’y songeais justement, et
pas seulement à cause des visiteurs. Les chevaux seraient gênés par la présence
de tant d’inconnus. Je crois que je vais les conduire pour l’instant dans la
Vallée du Bois.
— Bonne idée.
Les visiteurs arrivèrent, se
présentèrent, furent installés dans leur espace de vie provisoire et nourris,
après quoi tout le monde se sépara en plusieurs groupes. L’un, composé de la
Première et d’Ayla, des Zelandonia des visiteurs et de leurs acolytes, des
Zelandonia des Troisième, Quatorzième et Onzième Cavernes, et de quelques
autres, retourna à l’aire de réunion, de l’autre côté de l’immense abri. Un feu
avait été allumé avant que les voyageurs soient partis manger et quelqu’un
l’alimenta de nouveau, puis mit de l’eau dans un grand récipient et des pierres
de cuisson dans le feu. Chacun apporta sa tasse pour boire l’infusion en
préparation et les conversations allèrent bon train.
Les visiteurs parlaient de leurs
voyages et tous échangeaient des idées sur les rituels et la médecine. La
Première suscita un grand intérêt en évoquant la boisson contraceptive. Ayla
dit de quelles herbes elle se servait, les décrivant soigneusement afin
d’éviter toute confusion avec des plantes similaires. Elle parla un peu du long
Voyage qu’elle avait fait à partir du pays des chasseurs de mammouths et on
comprit que c’était une étrangère venue de loin. Son accent ne surprit pas
outre mesure les visiteurs parce que eux aussi parlaient avec un accent, tout
en pensant que c’étaient les Zelandonii du Nord qui en avaient un. Ayla trouva
leur façon de parler approchante de celle des gens qu’ils avaient rencontrés au
cours de son Périple de Doniate, et cela lui rappela la manière dont Beladora,
la compagne de Kimeran, prononçait certains mots.
Comme la soirée tirait à sa fin, la
Zelandoni principale des visiteurs dit :
— Je suis contente de mieux
te connaître, Ayla. Nous avons entendu parler de toi jusque chez nous et je
crois que nous sommes sans doute la Caverne la plus éloignée où on se réclame
encore de faire partie des Enfants de Doni. Et où on reconnaît la Première
parmi Ceux Qui Servent la Mère, ajouta-t-elle en se tournant vers l’imposante
Première.
— J’imagine que tu es
considérée comme la Première de ton groupe de Zelandonii du Sud, répondit
celle-ci. Nous, nous vivons trop loin pour que vous me reconnaissiez ce titre.
— Peut-être le suis-je
localement, mais nous continuons à considérer cette région comme notre pays
d’origine, et toi comme la Première. C’est dit dans nos Histoires et Légendes
Anciennes, dans nos enseignements. C’est l’une des raisons de notre
venue : renouer les liens.
Et décider si tu veux les
conserver, pensa la
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