Le pays des grottes sacrées
qu’il allait bien pouvoir lui dire pour expliquer ce
qu’il ressentait, qu’il ne prêta même pas attention à la femme avec qui il
avait partagé peu de temps auparavant des moments si intimes, quand celle-ci
passa en trombe à côté de lui, serrant contre elle ses vêtements. Mais Ayla,
elle, s’en rendit compte.
Après son séjour avec Dalanar,
devenu un homme fait, Jondalar n’avait jamais eu de problème pour trouver des
compagnes, mais il n’en avait jamais aimé aucune. Rien n’avait pu atteindre
l’intensité, la puissance de son premier amour, et le souvenir de ces émotions
indescriptibles avait été encore renforcé par le scandale épouvantable et la
honte qui les avaient éclaboussés, lui et Zolena. Elle avait été sa
femme-donii, son initiatrice, sa guide dans la façon dont un homme doit se
comporter avec une femme, mais il n’était pas censé tomber amoureux d’elle, et
elle n’était pas censée permettre que cela se produise.
Il en était venu à croire qu’il
serait dès lors incapable d’aimer de nouveau une femme, se disant en fin de
compte que, en punition de cette imprudence de jeunesse, jamais plus il ne
pourrait tomber amoureux. Jusqu’à Ayla. Pour la trouver, il avait été contraint
de voyager plus d’une année, jusque dans des contrées inconnues de lui comme de
tous ceux de son peuple. Il aimait Ayla plus que tout, d’un amour
incommensurable. Il se savait prêt à faire n’importe quoi pour elle, à aller
n’importe où, à donner sa vie pour elle. La seule personne pour qui il
éprouvait un amour aussi intense, mais d’une nature différente, était Jonayla.
— Tu devrais lui être
reconnaissant d’être là pour satisfaire tes besoins, Jondalar, lança Ayla,
toujours profondément blessée et essayant de cacher sa peine. Je vais être plus
occupée que jamais, maintenant. J’ai été appelée. Je vais être en quelque sorte
une enfant de la Grande Terre Mère. Je devrai me plier à Ses souhaits,
désormais. Je suis une Zelandoni.
— Tu as été appelée ?
Quand cela, Ayla ? demanda Jondalar d’une voix affolée.
Il avait vu des membres de la
Zelandonia réapparaître après leur premier appel, mais d’autres n’étaient
jamais revenus.
— J’aurais dû être à tes
côtés, j’aurais pu t’aider…
— Non, Jondalar, tu n’aurais
pas pu m’aider. Personne ne le peut. C’est quelque chose que l’on doit faire en
solitaire. J’ai survécu, et la Mère m’a gratifiée d’un grand Don, mais j’ai dû
consentir un sacrifice en échange. Elle voulait notre bébé, Jondalar. Je l’ai
perdu dans la grotte, expliqua Ayla.
— Notre bébé ? Quel
bébé ? Jonayla était avec moi…
— Le bébé que nous avons
conçu quand je suis descendue de la falaise, un soir. Je suppose que je dois
m’estimer heureuse que tu n’aies pas déjà été avec Marona cette nuit-là, sans
quoi je n’aurais pas eu un bébé à sacrifier, fit Ayla avec une amertume non
feinte.
— Tu étais enceinte quand tu
as été appelée ? Oh, Grande Mère ! s’exclama Jondalar, affolé.
Il ne fallait surtout pas qu’il
la laisse partir comme cela. Que pouvait-il dire pour la retenir, pour qu’elle
continue de parler ?
— Ayla, je sais que tu crois
que c’est ainsi que commence une nouvelle vie, mais tu ne peux pas en être
sûre…
— Si, Jondalar, j’en suis
sûre. La Grande Mère me l’a dit. C’est le Don que j’ai reçu d’Elle en échange
de la vie de mon bébé, lança-t-elle avec une assurance douloureuse qui ne
laissait pas de place au doute. Je pensais que nous pourrions essayer d’en
concevoir un autre, mais je constate que tu es trop occupé pour moi.
Interdit, figé sur place, il la
regarda s’éloigner avant de s’exclamer d’une voix pleine de détresse :
— Oh Doni, Grande Mère,
qu’ai-je donc fait ? Elle a cessé de m’aimer et j’en suis le seul
responsable. Mais pourquoi, pourquoi, a-t-il fallu qu’elle nous voie ?
Il s’élança à sa poursuite,
trébuchant sur des racines, oubliant ses vêtements. Puis, la voyant presser le
pas, il tomba à genoux, se contentant de la suivre des yeux.
Regarde-la, se dit-il, elle est
si frêle ! Comme cela a dû être dur pour elle ! Certains acolytes
périssent. Et si Ayla était morte ? Je n’étais même pas là pour lui venir
en aide. Pourquoi ne suis-je donc pas resté avec elle ? J’aurais dû savoir
qu’elle était presque prête, que sa formation
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