Le pays des grottes sacrées
qui hocha la tête en souriant. Il rejoignit les deux
hommes à la droite de son frère. Marthona fit de même, d’autres aussi. Personne
ne se plaça à la gauche du chef pour exprimer son opposition, mais plusieurs
demeuraient immobiles.
Chaque fois qu’un Zelandonii de
plus se joignait au groupe, Ayla prononçait à voix basse le mot à compter
correspondant et se tapait la cuisse de l’index en même temps.
— Dix-neuf, vingt, vingt et
un… Combien y a-t-il de foyers ?
Lorsqu’elle parvint à trente, il
était évident que la plupart approuvaient les arguments du chef. Après que cinq
personnes de plus eurent encore grossi le groupe, elle compta les foyers qui
restaient. Il n’y avait que sept ou huit indécis.
— Et ceux qui ne seront pas
prêts demain ? demanda l’un d’eux.
— Ils partiront seuls plus
tard, répondit Joharran.
— Mais nous y allons
toujours tous ensemble, protesta un autre. Je ne veux pas y aller seul…
— Alors, arrange-toi pour
être prêt demain, lui conseilla Joharran avec un sourire. Comme tu le vois, la
plupart d’entre nous ont décidé de partir demain. Je vais envoyer un messager à
Manvelar pour l’informer que nous rejoindrons la Troisième Caverne demain
matin.
Pour une Caverne aussi nombreuse
que la Neuvième, il y avait toujours quelques personnes dans l’incapacité de
partir, du moins à un moment donné, les malades ou les blessés, par exemple.
Joharran désigna quelques Zelandonii qui resteraient afin de prendre soin d’eux
et de chasser pour les nourrir. Ils seraient remplacés par d’autres après une
demi-lune afin qu’ils ne manquent pas totalement la Réunion d’Été.
Les membres de la Neuvième
Caverne restèrent debout beaucoup plus tard que d’habitude et le lendemain
matin, quand ils commencèrent à se rassembler, quelques-uns étaient
manifestement fatigués et grincheux. Manvelar et la Troisième Caverne étaient
arrivés tôt et attendaient sur l’espace découvert situé juste après les
habitations, vers En-Aval, non loin de l’endroit où Ayla et Jondalar vivaient.
Déjà prêts, Marthona, Willamar et Folara étaient venus chez le jeune couple
pour faire transporter une partie de leurs affaires par les chevaux.
Ils avaient aussi apporté à
manger pour partager le repas du matin avec Manvelar et quelques autres. La
veille, Marthona avait suggéré à ses fils de recevoir le chef de la Troisième
Caverne et sa famille dans l’habitation d’Ayla – ainsi appelée parce
que Jondalar l’avait construite pour elle – pour permettre ainsi à
Joharran et à Proleva d’organiser plus tranquillement le reste de la Caverne
pour la longue marche jusqu’à Vue du Soleil, le foyer de la Vingt-Sixième
Caverne des Zelandonii, lieu de la Réunion d’Été.
5
Ce fut un groupe imposant – près
de deux cent cinquante personnes – qui se mit en branle plus tard
dans la matinée. Manvelar et la Troisième Caverne ouvrirent la marche dans la
descente commençant à l’extrémité est de l’abri de pierre. Le sentier qui
partait de la corniche de la Neuvième Caverne menait à un petit affluent de la
Rivière, qu’on appelait la Rivière des Bois parce que sa vallée, protégée du
vent, comptait un nombre d’arbres inhabituel.
Les régions boisées étaient rares
à la période glaciaire. La limite des grands glaciers couvrant un quart de la
surface de la Terre n’était pas très loin au nord, ce qui créait des conditions
de permafrost dans les régions proches. En été, la couche supérieure du sol
dégelait jusqu’à des profondeurs variables selon les endroits. Dans les zones
ombragées couvertes de mousse ou autre végétation isolante, le sol ne dégelait
que sur quelques centimètres de profondeur, mais là où la terre était
directement exposée au soleil il se ramollissait suffisamment pour laisser
pousser une herbe abondante.
D’une manière générale, les
conditions ne favorisaient pas les arbres, aux racines plus profondes. Mais
dans les endroits protégés des vents froids et des grands gels, le sol pouvait
dégeler sur un mètre de profondeur, ce qui permettait aux arbres de prendre
racine. Des forêts-galeries poussaient souvent le long des rivières aux berges
saturées d’eau.
La vallée de la Rivière des Bois
était l’une de ces exceptions, avec une abondance relative de conifères et de
feuillus, notamment des noyers et divers arbres fruitiers. Cette vallée
constituait une
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