Le pays des grottes sacrées
peux
t’occuper de Jonayla ? Elle a mangé et elle a envie de jouer, dit-elle en
lui tendant le bébé.
Jonayla agita les bras en
souriant à Jondalar, qui lui rendit son sourire et la prit. De toute évidence,
il adorait ce bébé, cet enfant de son foyer. Cela ne le dérangeait jamais de la
garder. Il semblait à Ayla qu’il montrait avec sa fille plus de patience
qu’elle-même. Jondalar était un peu surpris de la force de ses sentiments pour
Jonayla et se demandait si c’était parce qu’il avait longtemps douté d’avoir un
jour un enfant de son foyer. Il croyait avoir offensé la Grande Terre Mère
quand il était jeune en voulant s’unir à sa femme-donii et craignait que la
Mère ne refuse à jamais de mêler une partie de son esprit à l’esprit d’une
femme pour créer une nouvelle vie.
C’était ce qu’on lui avait
appris. La création de la vie résultait de l’union de l’esprit des femmes à
l’esprit des hommes avec l’aide de Doni, et la plupart des gens qu’il connaissait,
y compris ceux qu’il avait rencontrés pendant son voyage, pensaient en gros la
même chose… sauf Ayla. Elle était convaincue qu’il y avait autre chose qu’une
fusion d’esprits ; elle lui avait assuré que ce n’était pas seulement son
esprit qui s’était conjugué au sien pour créer un nouvel être mais son essence,
lorsqu’ils avaient partagé les Plaisirs. Elle affirmait que Jonayla était
autant l’enfant de Jondalar que le sien et il avait envie de la croire même
s’il n’était pas sûr qu’elle eût raison.
Il savait qu’Ayla avait acquis
cette conviction alors qu’elle vivait avec le Clan, alors même que ses membres
pensaient autrement, eux aussi. Ils croyaient que des esprits de totem créaient
une nouvelle vie en grandissant à l’intérieur d’une femme, le totem mâle
prenant le dessus sur le totem femelle. Ayla pensait qu’il fallait quelque
chose de plus que les esprits. Pourtant elle était acolyte, elle se formait
pour devenir une Zelandoni et c’était la Zelandonia qui expliquait Doni, la
Grande Terre Mère, à Ses enfants. Jondalar se demandait ce qui se passerait
lorsque le temps viendrait pour Ayla d’expliquer la création d’une nouvelle
vie. Répéterait-elle, comme la Zelandonia, que la Mère choisissait l’esprit
d’un homme pour l’unir à l’esprit d’une femme, ou soutiendrait-elle que
l’essence d’un homme était nécessaire, et qu’en dirait alors la
Zelandonia ?
En approchant des deux femmes,
Ayla vit que Zelandoni fouillait dans son sac d’herbes médicinales tandis que
Marthona se reposait, assise sur un rondin à l’ombre d’un arbre près de la
Rivière des Bois. La mère de Jondalar avait vraiment l’air épuisée mais tentait
de ne pas en faire cas. Elle souriait et bavardait alors qu’elle n’avait sans
doute qu’une seule envie : fermer les yeux et se reposer.
Après avoir salué Marthona et les
autres, Ayla rejoignit Celle Qui Était la Première.
— Tu as tout ce qu’il te
faut ? lui demanda-t-elle à voix basse.
— Oui. J’aurais voulu avoir
le temps de concocter dans les règles un remède à la digitale mais je dois me
contenter de la préparation séchée que j’ai emportée.
Ayla avait remarqué que Marthona
avait les jambes un peu gonflées.
— Il faut qu’elle se repose,
n’est-ce pas ? Au lieu de faire la conversation à ces gens qui veulent
juste être aimables. Je ne saurais pas aussi bien que toi leur faire
comprendre, sans l’embarrasser, qu’ils feraient mieux de la laisser tranquille.
Explique-moi comment lui préparer cette infusion.
La doniate sourit et
murmura :
— Tu es perspicace, Ayla. Ce
sont des amis de la Troisième Caverne qu’elle n’a pas vus depuis longtemps.
Elle montra rapidement à Ayla
comment procéder et se dirigea vers le groupe en train de bavarder.
Ayla se concentra sur les
instructions qu’elle avait reçues et, lorsqu’elle releva la tête, elle constata
que la Première s’éloignait avec les amis de Marthona et que celle-ci avait
fermé les yeux. Cela découragera d’autres retardataires de s’arrêter pour lui
parler, pensa-t-elle. Elle attendit que le breuvage refroidisse et au moment où
elle l’apportait à la mère de Jondalar, Zelandoni revint. Les deux femmes se
placèrent de manière à dissimuler Marthona aux autres pendant qu’elle buvait.
Au bout d’un moment, l’infusion sembla faire effet et Ayla se promit
d’interroger plus tard
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