Le pays des grottes sacrées
avait toujours cru que la légende était colportée par un
conteur passant d’un peuple à l’autre, qui avait dû avoir une inspiration
particulièrement géniale pour inventer une histoire aussi originale. Et quand
les deux cousins avaient annoncé que ces deux personnages légendaires faisaient
partie de leur famille, et qu’ils étaient en route pour aller leur rendre
visite, il avait eu du mal à croire qu’il s’agissait de créatures vivantes. Les
trois jeunes gens s’étaient fort bien entendus et lorsque les deux cousins lui
avaient transmis leur invitation, il avait accepté de venir avec eux dans la
suite de leur périple pour rendre visite à leur parentèle zelandonii, et en
juger par lui-même. Dans le cours de leur voyage vers l’occident, les trois
jeunes gens avaient entendu d’autres histoires : non seulement le couple
montait des chevaux, mais son loup était si « féroce » qu’il laissait
des bébés grimper sur son dos.
Lorsqu’ils étaient arrivés à la
Réunion d’Été des Zelandonii et qu’il avait entendu de la bouche de Jondalar la
véritable histoire d’Attaroa et des occupants du Camp, Aldanor avait été
stupéfié par la précision avec laquelle les Légendes relataient ces incidents.
Il avait même envisagé de retourner chez lui en compagnie de Danug et de Druwez
afin de raconter aux gens de son peuple à quel point les Légendes en question
étaient véridiques : une femme nommée Ayla existait bel et bien ;
elle vivait chez les Zelandonii, et son compagnon Jondalar était grand, blond,
il avait des yeux d’un bleu surprenant et, même s’il était aujourd’hui un peu
plus âgé, il n’en demeurait pas moins un très bel homme. De l’avis unanime,
Ayla était très belle, elle aussi.
Mais il avait en fin de compte
décidé de ne pas donner suite. Personne ne l’aurait cru, pas plus qu’il n’avait
cru, à l’époque, que les histoires qu’on lui racontait étaient en fait
absolument véridiques : ce n’étaient que des fables surnaturelles,
porteuses d’une certaine forme de véracité d’ordre mystique aidant à expliquer
des phénomènes inconnus devenus des mythes. En outre, la sœur de Jondalar était
elle aussi une vraie beauté, et elle avait gagné son cœur.
Plusieurs personnes s’étaient
regroupées pour entendre Marthona et l’étranger discuter, et écouter l’histoire
que racontait Aldanor.
— Pourquoi les deux membres
du couple sont-ils appelés dans l’histoire S’Ayla et S’Elandon et non Ayla et
Jondalar ? s’étonna Folara.
— Je crois pouvoir répondre
à ta question, intervint Ayla. Le son « S » est honorifique ;
c’est une marque de respect pour les S’Armunaï, dont le nom signifie « le
peuple que l’on honore », ou « les gens à part ». Lorsqu’on le
place devant le nom de quelqu’un, cela signifie que cette personne est tenue en
haute estime.
— Pourquoi on ne nous appelle
pas « les gens à part », alors ? demanda Jonayla.
— Mais si, on nous appelle
bien ainsi. Je crois que leur façon de s’honorer est une autre manière de dire
« les Enfants de la Mère », comme nous nous désignons, intervint
Marthona. Peut-être sommes-nous parents, ou l’avons-nous été jadis. Le fait
qu’ils aient pu prendre le nom « Zelandonii » et le modifier aisément
pour qu’il signifie celui qui est honoré, ou les gens à part, ne manque pas
d’intérêt.
— Lorsqu’ils étaient
enfermés dans l’enclos, reprit Ayla, Jondalar a commencé à montrer aux hommes
et aux jeunes garçons comment fabriquer des objets, des outils entre autres.
C’est lui qui a trouvé un moyen de les libérer tous. Quand nous voyagions et
que nous rencontrions des inconnus, il se présentait souvent comme
« Jondalar des Zelandonii ». Un garçon en particulier s’est emparé de
la partie Zelandonii du nom de Jondalar et a commencé à la prononcer sous la
forme « S’Elandon », avec le « S » honorifique, parce qu’il
l’honorait et le respectait profondément. À mon avis, il devait penser que son
nom signifiait « Jondalar, celui qui est honoré ». Dans la légende,
j’étais moi aussi honorée, apparemment.
Marthona se montra satisfaite
pour le moment. Elle se tourna vers Ayla.
— Désolée de me montrer si
impolie, Ayla. Je te prie de me présenter à tes deux parents.
— Voici Danug des Mamutoï,
fils de Nezzie, qui est la compagne de Talut, l’Homme Qui Commande le Camp
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