Le pays des grottes sacrées
dire « mère ». Elle a pleuré…
Les participants commencèrent à
se rassembler très tôt dans l’espace réservé aux cérémonies. L’excitation qui
vibrait dans l’air était presque palpable. La cérémonie se préparait depuis des
jours et l’attente était extraordinaire. Ce qui allait se passer serait
spécial, absolument unique. Tout le monde en était convaincu, sans savoir de
quoi il allait s’agir. Le suspense alla crescendo à mesure que le soleil baissait
à l’horizon. Jamais au cours d’une Réunion d’Été les Zelandonii n’avaient
souhaité à ce point voir le soleil s’effacer.
Enfin, lorsque l’astre du jour
eut disparu et que l’obscurité eut vraiment pris le relais, l’assistance
commença à s’installer, attendant que l’on allume les feux cérémoniels. Le
centre de l’espace était occupé par un amphithéâtre naturel suffisamment vaste
pour accueillir la totalité des occupants du campement, soit deux mille
personnes. En arrière-plan et sur le flanc droit du campement abritant la
Réunion d’Été, les collines calcaires avaient en gros la forme d’un bol peu
profond incurvé sur les côtés mais ouvert sur le devant. La base des pentes
convergeait vers un champ d’une surface assez restreinte, relativement plat,
qui avait été arasé à l’aide de pierres et de terre tassée au fil des longues
années durant lesquelles l’endroit avait été utilisé pour des rencontres de ce
genre.
Près du sommet aux contours
déchiquetés de la colline, une source prenait naissance dans un bouquet d’arbres,
emplissant une petite mare dont l’eau débordait le long de la pente, jusqu’au
milieu du champ en contrebas, alimentant au bout du compte le ruisseau plus
important qui irriguait le campement. Le ru issu de la source était si
minuscule, en particulier à la fin de l’été, que l’on pouvait le franchir d’un
pas, sans la moindre difficulté, mais l’eau fraîche et pure de la mare,
là-haut, fournissait une eau potable en quantité suffisante. Le flanc herbeux
de la colline à l’intérieur du bol s’étageait graduellement, de façon assez
irrégulière. Mais au fil des années les participants aux diverses Réunions
avaient creusé un peu ici, ajouté un peu de terre là, jusqu’à ce que sur la
pente soient aménagées nombre de petites sections aplanies qui fournissaient
des emplacements confortables pour les familles, voire la totalité des membres
d’une Caverne, qui venaient s’y installer avec une vue excellente sur l’espace
en contrebas.
Les gens prenaient place sur
l’herbe, ou étendaient sur le sol des nattes tissées, des coussins de formes et
de tailles diverses, des fourrures. On alluma des feux, pour la plupart des
torches fichées dans la terre, ainsi que des petits foyers creusés dans le sol,
encerclant l’ensemble de l’espace, autour de la scène centrale. Deux feux plus
importants illuminaient le devant et le centre tandis que d’autres foyers
étaient allumés un peu partout sur les lieux où les gens s’étaient installés.
Peu après, on commença à entendre, montant crescendo au-dessus du brouhaha des
conversations, le son caractéristique de jeunes voix qui chantaient. On
entendit alors de toute part des « Chut ! » insistants. Puis un
défilé regroupant la plupart des enfants de l’ensemble du camp prit la
direction de la scène centrale, chantant un air bien rythmé composé autour des
mots à compter. Lorsqu’il l’atteignit, le silence régnait dans l’assistance,
qui se contentait maintenant d’échanger sourires et clins d’œil.
Que la cérémonie débutât avec ce
chant des enfants avait deux objets. Le premier consistait à montrer à leurs aînés
qu’ils faisaient leurs les enseignements de la Zelandonia. Le second était le
message tacite qu’une Fête pour la Mère aurait lieu au beau milieu du festin et
des réjouissances habituelles. Lorsqu’ils en auraient terminé avec leur numéro,
les enfants seraient conduits vers l’un des campements installés non loin des
limites de la zone cérémonielle, où seraient organisés pour eux des jeux ainsi
qu’un banquet distinct de celui des adultes. Tout cela sous la supervision de
divers membres de la Zelandonia et d’autres personnes, souvent des hommes et
des femmes âgés, mais aussi des mères de fraîche date ne se sentant pas encore
prêtes à participer à la Fête, ou encore des femmes venant d’entrer dans leur
période de
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