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Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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peint de motifs zelandonii, à la seule exception de
la zone entourant son nouveau tatouage, laissée nue pour montrer la marque
d’acceptation définitive, avança sur la scène devant l’ensemble du groupe, les
deux mille personnes présentes retinrent leur souffle, prêtes à capter la
moindre de ses paroles, le plus infime de ses gestes.
    Des tambours entrèrent en action,
des flûtes à la tonalité suraiguë se mêlèrent aux sons lents, réguliers,
inexorables, de la basse, certains sons ne pouvant être perçus par l’oreille
humaine mais résonnant profondément, boum, boum, boum . Puis la cadence
changea de rythme avant de s’accorder à celui de strophes si familières que
l’assistance se mit elle aussi à chanter ou à dire le début du Chant de la
Mère :
     
    Des ténèbres, du Chaos du temps,
    Le tourbillon enfanta la Mère suprême.
    Elle s’éveilla à Elle-Même sachant la valeur de la
vie,
    Et le néant sombre affligea la Grande Terre Mère.
    La Mère était seule. La Mère était la seule.
     
    La Première rejoignit le chœur
avec sa voix pleine, vibrante, spectaculaire. Tambours et flûtes accompagnèrent
les chanteurs et les récitants tout au long des strophes du Chant de la Mère.
Vers le milieu, l’assistance commença à remarquer que la voix de la Première
était singulièrement prenante, et on s’arrêta de chanter pour mieux l’écouter.
Lorsque celle-ci eut atteint les derniers vers, elle s’arrêta, ne laissant plus
entendre que le son des tambours actionnés par les nouveaux venus de la
parentèle d’Ayla.
    Au début, l’assistance crut
presque entendre les mots, puis elle fut persuadée que c’était indubitablement
le cas, mais prononcés avec un vibrato étrange, presque surnaturel. Les deux
jeunes Mamutoï avec leurs petits tambours jouaient la dernière strophe du Chant
de la Mère dans un staccato très particulier : les battements des tambours
résonnaient tels des mots prononcés d’une voix vibrante, comme si quelqu’un
chantait en modifiant très vite la pression de son souffle, à ceci près qu’il
ne s’agissait pas du souffle d’un être humain mais bel et bien des
tambours ! Des tambours qui parlaient !
    Sa-a-tis-fai-ai-te des deux ê-ê-tres qu’Elle
a-a-vait-ait cré-és…
     
    Un silence absolu régnait dans
l’assistance, chacun tendant l’oreille pour entendre parler les tambours. Se
rappelant la façon dont elle avait appris à projeter ses paroles en avant afin
que les auditeurs placés tout au fond puissent l’entendre distinctement, Ayla
baissa sa voix, déjà basse d’ordinaire, de deux demi-tons et parla plus fort
dans l’obscurité que perçait désormais un unique feu. Le seul son qu’entendit
dès lors l’assemblée, semblant émaner de l’air environnant sur fond de
battement de tambours, fut la voix d’Ayla récitant la dernière strophe du Chant
de la Mère, répétant seule les mots que venait de prononcer le tambour :
     
    Satisfaite des deux êtres qu’Elle avait créés,
    La Mère leur apprit l’amour et l’affection.
    Elle insuffla en eux le désir de s’unir,
    Le Don de leurs Plaisirs vint de la Mère,
    Avant qu’Elle eût fini, Ses enfants L’aimaient aussi.
     
    Les battements des tambours
ralentirent imperceptiblement. Toutes les personnes présentes savaient que
c’était la fin, qu’il ne restait plus qu’un vers, et pourtant tout le monde
attendait, sans savoir quoi. Ce qui rendait l’assistance nerveuse, sous
tension. Quand les tambours atteignirent la fin de la strophe, ils ne
s’arrêtèrent pas, mais continuèrent de retentir, cette fois avec des mots qui
n’avaient rien de familier :
     
    Son-on der-ni-ier Don, la-a-a…
     
    L’assistance écoutait avec grande
attention, sans savoir exactement ce qui se disait. Puis Ayla s’avança sur le
devant de la scène, seule, et répéta lentement les paroles, en détachant les
mots avec soin :
     
    Son dernier Don, la Connaissance que l’homme a son
rôle à jouer.
    Son besoin doit être satisfait avant qu’une nouvelle
vie puisse commencer.
    Quand le couple s’apparie, la Mère est honorée
    Car la femme
conçoit quand les Plaisirs sont partagés.
    Les Enfants de la Terre étaient heureux, la Mère
pouvait se reposer un peu.
     
    Quelque chose n’allait pas. Ces
mots étaient nouveaux ! Jamais auparavant on n’avait entendu cette
strophe. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Un léger malaise s’était emparé
de l’assistance. Aussi

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