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Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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avait eu tout le temps
nécessaire pour lui parler, pour essayer de lui donner des explications. Pourquoi
donc ne l’avait-il pas fait ? Elle était partie à sa recherche et l’avait
trouvé en compagnie de Marona. Pourquoi donc n’avait-il pas tenté de la
retrouver, lui ? Tout simplement parce qu’il avait honte, et craignait de
l’avoir perdue. Mais où avait-il la tête ? Il avait essayé de cacher à
Ayla ses relations avec Marona. Il aurait dû lui dire la vérité. En fait,
jamais il n’aurait dû entamer cette liaison avec Marona. Pourquoi celle-ci lui
avait-elle semblé si attirante ? Pourquoi l’avait-il désirée à ce
point ? Uniquement parce qu’elle était disponible ? En cet instant
précis, il ne lui trouvait plus le moindre intérêt.
    Ayla disait qu’elle avait perdu
un bébé. Son bébé !
    — Ce bébé était à moi,
dit-il tout haut. À moi !
    Les quelques personnes qui se trouvaient
non loin le regardèrent, chancelant et se parlant à lui-même, et hochèrent la
tête d’un air entendu.
    Cet enfant qu’elle avait perdu
était le sien. Elle avait été appelée. Il avait entendu des rumeurs sur
l’épreuve terrible qu’elle avait endurée. Sur le coup, il avait voulu aller la
retrouver pour la réconforter. Pourquoi n’en avait-il rien fait ? Pourquoi
avait-il fait tout son possible pour l’éviter ? Elle ne voulait plus lui
parler, désormais. Pouvait-il lui en vouloir ? Non, il ne pourrait pas le
lui reprocher, même si elle ne voulait plus jamais le revoir.
    Et justement, si c’était le
cas ? Si elle voulait vraiment ne plus jamais le revoir ? Si elle ne
voulait plus jamais partager les Plaisirs avec lui ? C’est alors qu’une
pensée le frappa de plein fouet : si elle refusait désormais de partager
les Plaisirs avec lui, il ne pourrait jamais recommencer à faire un bébé avec
elle. Il ne pourrait plus jamais avoir d’enfants avec Ayla.
    Soudain, il refusa de se dire
qu’il avait quelque chose à voir là-dedans : si c’était bel et bien un
esprit qui était à l’origine du commencement d’une vie, celle-ci commencerait,
de toute façon. Mais s’il y était pour quelque chose, lui, ou plus précisément
l’essence de sa virilité, et qu’elle ne voulait plus de lui, il n’aurait plus
jamais d’enfants. Il ne lui vint même pas à l’esprit qu’il pourrait en avoir
avec une autre femme. C’était Ayla qu’il aimait. Elle était sa compagne.
C’était aux besoins de ses enfants qu’il s’était engagé à pourvoir. Ce seraient
les enfants de son foyer. Il ne voulait pas d’autre femme.
    Jondalar continua d’errer ainsi,
son gobelet à la main, trébuchant tous les dix pas, sans attirer plus
d’attention que tous les autres participants à la fête qui n’arrêtaient pas
d’aller s’alimenter et s’abreuver aux différents endroits où l’on servait
boissons et nourriture. Un groupe de gens hilares le heurtèrent. Ils venaient
tout juste de remplir une outre d’un puissant breuvage.
    — Euh… excuse-nous,
bafouilla l’un d’eux. Donne ton gobelet, que je le remplisse. Pas question
qu’il reste vide pendant une Fête de la Mère.
    Jamais l’on n’avait vu pareille
fête : il y avait plus de nourriture que l’on ne pouvait en absorber, plus
de vin et de breuvages divers que l’on ne pouvait en boire. On fournissait même
des feuilles que l’on pouvait fumer, des champignons et d’autres aliments très
particuliers que l’on pouvait goûter. Rien n’était interdit. Un certain nombre
de personnes avaient été choisies par tirage au sort ou s’étaient portées
volontaires pour ne pas participer aux activités propres à la fête afin de
veiller à ce que le camp demeure un lieu sûr, d’aider ceux qui, inévitablement,
se blesseraient et de prendre soin de ceux qui perdraient le sens de la mesure.
Pas de jeunes enfants dans les parages sur lesquels auraient pu tomber les
fêtards, ou pour qui on aurait eu à s’inquiéter : tous avaient été
rassemblés dans un campement spécial à la limite de celui de la Réunion d’Été,
surveillés par des doniates et d’autres volontaires.
    Jondalar but une gorgée du liquide
dont on venait une fois de plus de remplir son gobelet, sans se rendre compte
que pour l’essentiel il se déversait à l’extérieur tandis qu’il continuait
d’errer d’un pas mal assuré. Il n’avait rien avalé de solide et les rasades du
puissant breuvage qu’il ne cessait

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