Le pays des grottes sacrées
d’absorber commençaient à produire leur
effet. La tête lui tournait et sa vision se faisait de plus en plus floue, mais
son cerveau, toujours noyé dans les pensées qui l’obsédaient, semblait être
dissocié de tout le reste. Il entendit de la musique, de la musique de danse,
et ses pieds le dirigèrent vers le bruit. Il ne distingua que très vaguement
les danseurs qui formaient un cercle à la lueur vacillante d’un grand feu.
Puis une femme se détacha du
cercle et, soudain, sa vision se fit plus précise tandis que ses yeux se
fixaient sur elle. Ayla. Il la regarda danser, avec plusieurs partenaires. Elle
riait, visiblement ivre. Puis elle s’éloigna en titubant, suivie par trois
hommes qui se mirent à palper son corps, puis à lui arracher ses vêtements.
Perdant l’équilibre, elle s’effondra par terre, au milieu des trois hommes.
L’un d’eux l’enjamba, lui écarta rudement les jambes, et enfonça en elle son
organe dressé. Jondalar le reconnut : c’était Laramar !
Bouche bée, incapable de faire un
geste, Jondalar le regarda s’agiter sur elle, en elle. Laramar ! Cet
ivrogne puant, sale et paresseux ! Ayla ne daignait pas lui adresser la
parole, et voilà ce qu’elle était en train de faire avec lui. Elle qui refusait
désormais de l’aimer, lui, Jondalar, de partager les Plaisirs avec lui… Et de
commencer à faire un bébé avec lui !
Et si Laramar était en train de
commencer à faire un bébé avec elle ?
Un afflux de sang lui monta à la
tête. Dans un brouillard rougeâtre, tout ce qu’il était capable de voir,
c’était Laramar en train de besogner Ayla, de besogner sa compagne. Et
soudain, pris d’une fureur démente, le jeune homme poussa un véritable
rugissement :
— IL EST EN TRAIN DE FAIRE
MON BÉBÉ !
Il couvrit en trois enjambées la
distance qui les séparait, arracha Laramar d’Ayla, le redressa et écrasa son
poing sur le visage stupéfait qui se tournait vers lui. Laramar s’effondra par
terre, pratiquement inconscient, sans avoir réellement eu la possibilité de
voir qui l’avait frappé, ni même comment cela était arrivé.
Jondalar lui sauta dessus et,
ivre de fureur et de jalousie, se mit à le frapper, encore et encore, incapable
de s’arrêter. D’une voix rendue suraiguë par la colère, il ne cessait de
hurler : « Il est en train de faire mon bébé ! Il est en train
de faire mon bébé ! »
Plusieurs hommes tentèrent de le
tirer en arrière, mais il les repoussa avec violence. Dans sa fureur démente,
sa force était presque surhumaine. D’autres personnes s’en mêlèrent, essayant
de l’arracher à sa victime, mais furent incapables d’y parvenir.
Puis, alors qu’il projetait son
épaule en arrière pour asséner une fois encore son poing sur la masse sanglante
qui n’avait déjà pratiquement plus l’apparence d’un visage, une main énorme le
saisit au poignet. Jondalar se débattit en se sentant tiré loin de l’être
inconscient étendu sur le sol, au bord de la mort. Il lutta pour se libérer des
deux bras puissants qui le retenaient, mais se révéla incapable de se dégager
de leur étreinte.
Tandis que Danug continuait de le
tenir, Zelandoni se mit à crier :
— Arrête, Jondalar !
Arrête ! Tu vas le tuer !
Il reconnut vaguement la voix
familière de la femme qu’il avait jadis connue sous le nom de Zolena, et se
rappela avoir frappé jadis de la même façon un jeune homme dans la même
situation. Après quoi son esprit cessa de fonctionner. Tandis que plusieurs
membres de la Zelandonia se précipitaient pour prendre soin de Laramar, le
géant aux cheveux rouges saisit Jondalar dans ses bras, comme un bébé, et
l’entraîna au loin.
37
Zelandoni tendit à Ayla l’un de
ces gobelets en roseau étroitement tressé confectionnés tout spécialement pour
la fête, rempli presque à ras bord d’une concoction d’herbes connues pour être
relaxantes. Elle en posa un autre sur une table basse avant d’aller prendre
place sur le grand tabouret proche de celui sur lequel était installée Ayla.
Les deux femmes étaient seules dans le vaste local de la Zelandonia si l’on
exceptait l’homme inconscient qui reposait non loin, sur une litière, le visage
enveloppé dans des peaux de bêtes assouplies qui maintenaient en place
plusieurs emplâtres. Des lampes éclairaient le blessé d’une lueur chaude mais
pas trop intense, deux autres étaient disposées sur la table basse à
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