Le pays des grottes sacrées
côté des
gobelets de tisane.
— Je ne l’ai jamais vu dans
cet état, dit Ayla. Mais pourquoi a-t-il fait ça, Zelandoni ?
— Parce que tu étais avec
Laramar.
— Mais c’était dans le cadre
d’une Fête de la Mère. Je suis Zelandoni, désormais. On attend de moi que je
partage le Don de la Mère lors des Fêtes données en Son honneur, non ?
demanda la jeune femme.
— Tout le monde est censé
honorer la Mère durant les Fêtes que l’on donne pour Elle, et tu ne t’en es
jamais privée, mais jamais jusqu’alors avec un autre homme que Jondalar, lui
rappela la Première.
— Mais le fait que je ne
l’aie jamais fait auparavant ne devrait pas faire la moindre différence. Après
tout, il s’est accouplé avec Marona, lâcha Ayla.
À son ton, Zelandoni décela
qu’elle était sur la défensive.
— C’est vrai, mais tu
n’étais pas disponible lorsqu’il l’a fait. Tu n’ignores pas que les hommes
partagent souvent le Don des Plaisirs accordé par la Mère avec d’autres femmes
lorsque leurs compagnes ne se trouvent pas à portée immédiate, n’est-ce
pas ? demanda la Première.
— Non, bien sûr, admit Ayla
en baissant les yeux et en avalant une gorgée de tisane.
— Est-ce que l’idée que
Jondalar choisisse une autre femme te dérange, Ayla ?
— Eh bien, en fait il n’en a
jamais choisi d’autre. Pas depuis que je le connais, ajouta Ayla, regardant la
Première avec une inquiétude non feinte. Comment pouvais-je le méconnaître à ce
point ? Je n’arrive pas à croire qu’il ait fait ça. Jamais je ne l’aurais
cru si je n’en avais pas été témoin. D’abord il batifole avec Marona… et je
découvre que c’est le cas depuis un bon bout de temps. Puis il… Mais pourquoi
Marona ?
— Réagirais-tu différemment
s’il s’agissait de quelqu’un d’autre ?
La jeune femme baissa une fois de
plus les yeux.
— Je ne sais pas,
avoua-t-elle avant de les lever de nouveau vers Zelandoni. Pourquoi n’est-il
pas venu me trouver s’il souhaitait satisfaire ses désirs ? Je ne me suis
jamais refusée à lui. Jamais.
— C’est peut-être ça la
raison. Peut-être savait-il que tu étais fatiguée, ou profondément investie
dans un apprentissage quelconque ; dès lors, il n’a pas voulu s’imposer à
toi, sachant que tu ne le refuserais pas, expliqua Zelandoni. Il y a eu des
moments où on te demandait de renoncer à un certain nombre de choses pendant un
temps. Plaisirs, nourriture, eau, même.
— Mais pourquoi
Marona ? Si ç’avait été une autre, n’importe quelle autre, je crois que
j’aurais compris. Je n’aurais peut-être pas apprécié, mais j’aurais compris.
Pourquoi cette femme précisément ?
— Peut-être parce qu’elle
s’est offerte, avança Zelandoni qui, devant l’air stupéfait d’Ayla, poursuivit
son explication : Tout le monde a bien vu que ni toi ni Jondalar ne
choisissiez un autre partenaire, Ayla, pas même durant les Fêtes de la Mère.
Avant qu’il ne parte, Jondalar était toujours disponible, en particulier à
l’époque. Son appétit était tel qu’il était rare qu’une seule femme parvienne à
le satisfaire. Il donnait l’impression de ne jamais être complètement rassasié,
jusqu’à ce qu’il réapparaisse avec toi. Peu après son retour, les femmes ont
cessé de le solliciter. Si une personne ne se rend pas disponible, on cesse de
lui faire des propositions. La plupart des femmes n’aiment pas qu’on leur
oppose un refus. Marona, elle, s’en moquait. Dans la mesure où il lui était
facile d’avoir tous les hommes qu’elle voulait, un refus représentait pour elle
un défi. À mon avis, Jondalar est devenu pour elle un défi très particulier.
— Je n’arrive pas à croire
que je le connais si mal, dit Ayla en secouant la tête. Zelandoni, il a failli
tuer Laramar, poursuivit-elle après une nouvelle gorgée d’infusion. Son visage
ne sera plus jamais le même. Si Danug n’avait pas été là, je ne suis pas
certaine que Laramar serait encore en vie. Personne d’autre n’aurait pu
l’arrêter.
— C’était l’une des
conséquences que je redoutais après que nous avons révélé aux gens le rôle joué
par l’homme dans la conception d’une nouvelle vie. Mais je ne m’attendais pas à
ce que cela se passe de cette façon, ni si tôt. Je savais que des problèmes se
poseraient avec les hommes dès lors que ceux-ci disposeraient de l’information,
mais je pensais que
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