Le pays des grottes sacrées
choisi pour indiquer que si les
femmes sont gratifiées par Doni les hommes peuvent désormais se considérer
comme Ses préférés.
Cette révélation suscita une vive
animation dans l’assistance. Au beau milieu de la foule, Ayla entendit ce
nouveau mot répété à de nombreuses reprises, comme si les gens le testaient,
s’efforçaient de s’y accoutumer. Zelandoni attendit une fois de plus que le
brouhaha se calme un peu.
— Donc toi, Diresa, tu es la
fille de ta mère, Dinara, et tu es la fille de ton père, Joncoran. Ta mère a
des fils et des filles, tout comme ton père. Ces enfants peuvent l’appeler
« père » tout comme ils appellent « mère » celle qui leur a
donné naissance.
— Et si l’homme qui s’est
accouplé avec ma mère et m’a conçu n’était pas celui qu’elle a pris pour
compagnon ? demanda Jemoral, le jeune homme de la Cinquième Caverne.
— L’homme qui est le
compagnon de ta mère, celui qui est l’homme de ton foyer, est ton père,
répondit Zelandoni sans l’ombre d’une hésitation.
— Mais s’il ne m’a pas
conçu, comment peut-il être mon père ? insista Jemoral.
Ce jeune homme va être la source
de bien des ennuis, se dit Celle Qui Était la Première.
— Tu ne peux savoir avec
certitude qui t’a conçu, mais tu connais l’homme qui vit avec toi et ta mère.
C’est plus que probablement lui qui t’a engendré. Si tu n’as aucune certitude
quant à l’existence d’un autre homme, c’est probablement parce que celui-ci
n’existe pas, et il est inutile de qualifier une relation qui n’a pas
d’existence. Le compagnon de ta mère est celui qui s’est engagé à pourvoir à
tes besoins. C’est lui qui s’est occupé de toi, t’a entouré de son amour, a
aidé à t’élever. Ce n’est pas l’accouplement, ce sont les soins dont il t’a
entouré qui font de cet homme ton père. Si l’homme dont ta mère est la compagne
était mort, et si elle était devenue la compagne d’un autre, qui t’aurait
entouré d’autant de soins et d’amour, l’en aimerais-tu moins ?
— Mais lequel serait mon
vrai père ?
— Tu peux toujours appeler
« père » l’homme qui pourvoit à tes besoins. Quand tu énumères tes
relations, dans une présentation officielle, ton père est l’homme qui était le
compagnon de ta mère lorsque tu es né, l’homme de ton foyer. Si celui qui
pourvoit à tes besoins n’est pas celui qui était là quand tu es né, tu pourras
le désigner comme ton « second père », afin d’établir une distinction
entre les deux si c’est nécessaire, expliqua Zelandoni, qui ne regrettait pas
d’avoir consacré une nuit d’insomnie à réfléchir à toutes les ramifications en
termes de parentèle que cette nouvelle révélation allait entraîner.
Mais la Première avait une autre
annonce à faire :
— Le moment est peut-être
bien choisi pour soulever un autre problème que je me dois de mentionner :
la Zelandonia a estimé que les hommes devaient être inclus dans certains des
rituels, certains des usages associés à l’arrivée d’un nouveau bébé, et ce afin
qu’ils comprennent et apprécient mieux le rôle qui est le leur dans la création
d’une vie nouvelle. Or donc, à partir de ce jour, les hommes choisiront le nom
des enfants mâles nés à leur foyer ; quant aux femmes, elles continueront
bien sûr à choisir celui des filles.
Cette déclaration reçut un accueil
mitigé : les hommes eurent l’air surpris, mais certains d’entre eux se
prirent à sourire. À leur expression, Zelandoni constata en revanche que
certaines des femmes n’étaient pas prêtes à abandonner cette prérogative
consistant à donner leur nom à tous leurs enfants. Personne ne semblait avoir
envie d’en faire une affaire sur le moment, et aucune question ne fut posée,
mais la Première comprit que le problème n’était pas réglé : il y aurait
des suites, elle en avait la certitude.
— Et que dire des enfants
nés de femmes qui n’ont pas de compagnon ? demanda une femme d’apparence
très jeune qui n’en tenait pas moins un bébé dans ses bras.
Deuxième Caverne, se dit
Zelandoni au vu de ses vêtements et de ses bijoux. Était-ce un enfant fruit des
Premiers Rites de l’été précédent ?
— Les femmes qui donnent la
vie avant de trouver un compagnon sont gratifiées par la Mère, comme celles qui
sentent une nouvelle vie grandir en elles au moment où elles en prennent un.
Une
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