Le pays des grottes sacrées
as assez toi aussi du bruit et de la foule ? Eh
bien, sois le bienvenu, dit-il avec enthousiasme.
L’animal lui répondit par un
grondement de plaisir.
Loup n’avait pratiquement pas
quitté Jonayla ces derniers jours, pas plus qu’Ayla, à qui il était lié depuis
le jour où celle-ci avait arraché le pauvre petit louveteau, alors âgé d’un
mois à peine, de sa tanière glaciale et solitaire pour le prendre sous son aile.
Il n’avait donc guère eu de temps à consacrer au troisième être humain qu’il
considérait comme un membre essentiel de sa meute.
En rentrant au campement de la
Neuvième Caverne après avoir dévoré le repas qu’on lui avait préparé, il avait
vu Jondalar prendre la direction de la Rivière et lui avait couru après,
précédant Jonayla. Il s’était retourné vers la fillette et l’avait regardée en
poussant un gémissement.
« Vas-y, Loup, lui avait dit
l’enfant avec un geste de la main. Va rejoindre Jondalar. »
La grande tristesse de l’homme
n’avait pas échappé à Jonayla, pas plus que celle de sa mère, tout aussi
profonde même si celle-ci s’efforçait de ne rien laisser paraître. Sans savoir
exactement de quoi il s’agissait, la fillette savait que quelque chose n’allait
pas, quelque chose de très grave qui lui donnait l’impression que son ventre se
nouait, se rétrécissait. Ce qu’elle souhaitait par-dessus tout, c’était que sa
famille soit de nouveau réunie, ce qui incluait sa chère Thona, Wiimar, Loup,
ainsi que les chevaux.
Peut-être que Jondi a besoin de
te voir, Loup, et de rester en ta compagnie, comme moi, se disait Jonayla.
Ayla venait de penser à Jondalar,
ou plus exactement elle s’était dit que pour son bain de purification en
prévision de la cérémonie la pièce d’eau dans le ruisseau serait parfaite, ce
qui lui avait tout de suite fait penser à son compagnon. Assez éloigné de
l’agitation, discret et tranquille, le lieu serait idéal, mais elle avait été
incapable d’y revenir depuis qu’elle y était tombée sur Jondalar et Marona.
Elle savait qu’il y avait du silex dans le coin, Jondalar en avait trouvé, mais
jusque-là elle n’en avait pas vu et elle ne pensait pas avoir assez de temps
pour aller en chercher un peu plus loin. Elle n’ignorait pas, bien sûr, que Jondalar
en conservait toujours par-devers lui, mais elle n’envisageait pas une seconde
d’aller lui en demander. Il lui faudrait donc se contenter d’utiliser un
couteau zelandonii et une alêne pour découper la peau et percer des trous sur
le bord pour y passer le cordon, même s’il s’agissait encore d’un écart par
rapport aux coutumes du Clan.
Lorsqu’elle eut trouvé un caillou
un peu plat, elle le porta jusqu’à la pièce d’eau et là, avec une autre pierre,
plus ronde celle-là, elle écrasa les tiges de saponaire, qui se mirent aussitôt
à produire de la mousse. Elle en recueillit le suc, qu’elle mélangea avec un
peu d’eau, puis s’accroupit dans le ruisseau et s’enduisit le corps du produit
moussant. Après s’en être bien frottée, elle s’éloigna du bord pour aller se rincer
un peu plus loin. Le ruisseau prenant rapidement de la profondeur, elle plongea
sa tête sous l’eau, nagea quelques brasses, puis regagna le bord pour se laver
les cheveux. Durant toute l’opération, elle ne cessa de songer au Clan.
Son enfance au sein du clan de
Brun s’était déroulée dans la paix et la sécurité, Iza et Creb avaient toujours
été là pour l’entourer d’amour et de soins. Dès sa venue au monde, chacun
savait ce qu’on attendait de lui, et aucun écart n’était toléré. Les rôles
étaient clairement définis. Chacun connaissait celui qui lui était assigné, son
rang, sa tâche, sa place. La vie se déroulait sous le double signe de la
stabilité et de la sécurité. Personne n’avait à se soucier de nouvelles idées
susceptibles de bouleverser la routine établie.
Pourquoi donc fallait-il que ce
soit à elle qu’il revienne d’introduire des changements affectant la totalité
de ses semblables ? Au point que certains en venaient à la haïr ? En
revenant sur le passé, à sa vie si rassurante au sein du Clan, elle se
demandait ce qui l’avait poussée à se battre si durement contre ces servitudes.
Aujourd’hui, la vie si ordonnée du Clan lui paraissait bien séduisante :
une sécurité confortable en échange d’une existence strictement réglée.
Et pourtant, elle était
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