Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
atteignirent
l’immensité de la plaine, il poussa Rapide à un galop d’enfer, le cheval
paraissant avoir très envie de justifier le nom qui lui avait été donné.
Jondalar ne prêtait guère attention à l’endroit vers lequel ils se dirigeaient,
pas plus qu’à celui où ils se trouvaient, jusqu’au moment où il fut brutalement
tiré de ses sombres pensées. Il entendit un hennissement belliqueux, le bruit
de sabots frappant nerveusement le sol, et sentit sa monture commencer à se
cabrer : ils se trouvaient au milieu d’un troupeau de chevaux. Seuls ses
excellents réflexes et ses années d’expérience lui permirent de ne pas être
désarçonné : plongeant en avant, il agrippa de la main la crinière du
cheval des steppes et tint bon, s’efforçant d’apaiser son étalon et de le
maîtriser. Jeune et en parfaite santé, Rapide n’avait jamais eu l’occasion de
partager la vie des mâles de son espèce qui, assemblés en troupeau, ne
s’éloignaient jamais beaucoup de celui constitué par les juments et leurs
poulains, sous la garde permanente de l’étalon dominant, toujours prêt à
défendre son bien et ses prérogatives. Il n’avait pas davantage expérimenté
leurs jeux. Et pourtant il se sentait instinctivement prêt à défier le mâle
dominant.
    La première réaction de Jondalar
fut d’entraîner sa monture le plus loin et le plus vite possible du troupeau,
ce qu’il fit, reprenant le chemin du campement. Lorsque Rapide se fut calmé et
qu’ils eurent tous deux repris un rythme plus raisonnable, Jondalar commença à
se demander s’il était juste de garder son étalon à l’écart de ses congénères
et, pour la première fois, il songea sérieusement à lui rendre sa liberté.
    Sur le chemin du retour, la
mélancolie le reprit : il se rappelait le jour de la grande réunion, et
Ayla, assise bien raide à sa place tandis que Brukeval l’insultait. Oh, comme
il avait désiré la réconforter, contraindre Brukeval à cesser ses éructations,
lui expliquer qu’il avait tort. Il avait compris absolument tout ce qu’avait
révélé Zelandoni – au fil des années, il en avait déjà entendu
l’essentiel de la bouche d’Ayla et était sans doute plus préparé que la plupart
des autres hommes à l’accepter. Les seules nouveautés avaient été d’abord le
nom donné à la relation entre l’homme et l’enfant, père, puis la dernière
annonce de Zelandoni, selon laquelle les hommes donneraient leur nom aux
garçons ; les pères nommeraient leurs fils. Il répéta le mot dans sa tête.
Père. Il était père. Le père de Jonayla.
    Mais non, il n’était pas digne
d’être le père de Jonayla ! La fillette aurait honte de l’appeler
« père ». Il avait failli tuer un homme, avec ses poings. Sans Danug,
c’est ce qui se serait produit. Ayla avait perdu un bébé lorsqu’elle s’était
retrouvée seule, dans les profondeurs de la Grotte des Rochers de la Fontaine,
et il n’avait pas été là pour lui venir en aide. Et si l’enfant qu’elle avait
perdu était un garçon ? Si cela avait été le cas, et si elle ne l’avait
pas perdu, est-ce lui qui lui aurait donné son nom ? Quel sentiment
éprouvait-on lorsqu’on devait trouver un nom pour son fils ?
    Mais maintenant, quelle importance ?
Il ne serait plus jamais en mesure de donner son nom à un enfant. Il avait
perdu sa compagne, il allait devoir quitter son foyer. Après que Zelandoni
avait clos la réunion, il avait évité de prendre part aux conversations qui
rassemblaient la quasi-totalité de ceux qui y avaient assisté et s’était
empressé de rentrer à la lointaine des hommes seuls afin de ne pas avoir à
s’expliquer avec Ayla et Jonayla.
     
     
    C’était toujours ce sentiment qui
l’animait lorsqu’il revint à sa tente, vide de ses occupants habituels, partis
vaquer à leurs occupations. Au bout d’un certain temps, incapable de s’empêcher
de ressasser ses torts, il n’y tint plus et ressortit, sans cesser de se faire
des reproches, se flagellant moralement, et prit la direction de la Rivière
pour entreprendre de nouveau une longue promenade, à pied cette fois.
    Il se dirigeait vers l’amont
lorsque Loup surgit à ses côtés. Jondalar fut content de voir l’animal et
s’arrêta pour le saluer, prenant entre ses mains la tête du carnivore, dont la
fourrure s’était déjà bien épaissie à l’approche de l’hiver.
    — Loup ! Qu’est-ce qui
t’amène ici ? Tu en

Weitere Kostenlose Bücher