Le pays des grottes sacrées
qu’elle avait pris la bonne décision en cessant de rechercher
son peuple et en restant un temps dans la Vallée des Chevaux. Elle se sentait
toujours mal à l’aise chaque fois qu’elle voyait le morceau de manganèse noir.
Elle le reprit dans sa main et referma son poing dessus : il contenait
l’esprit de tous les membres du Clan. Pour l’obtenir, elle avait échangé un
morceau de son esprit afin que, lorsqu’elle sauvait la vie de quelqu’un,
celui-ci ne lui doive rien dans la mesure où elle possédait déjà une partie de
l’esprit de chacun.
À la mort d’Iza, Creb, le Mog-ur,
lui avait pris sa pierre de femme-médecine pour qu’on ne l’enterre pas avec
elle et qu’elle n’entraîne pas le Clan tout entier à sa suite dans le Monde des
Esprits et il l’avait confiée à Ayla, mais personne ne lui avait réclamé
l’objet lorsque Broud l’avait condamnée à la mort. Tout le monde avait été si
choqué par la décision de Broud que personne n’avait eu l’idée de demander à
Ayla de la rendre. Quant à elle, elle avait oublié de la restituer.
Qu’arriverait-il au Clan si cette pierre était toujours en sa possession
lorsqu’elle passerait dans le Monde d’Après ?
Elle déposa tous les symboles de
son totem dans sa nouvelle bourse, sachant qu’elle les y laisserait dès cet
instant : il était normal et juste que les signes totémiques du Clan se
trouvent dans une amulette du Clan. En nouant fermement le cordon qui
l’entourait, elle se demanda, et ce n’était pas la première fois, pourquoi elle
n’avait pas reçu un nouveau signe de son totem lorsqu’elle avait décidé de
quitter les Mamutoï et de partir avec Jondalar. Était-elle déjà à cette époque
devenue un enfant de la Mère ? Celle-ci avait-Elle annoncé à son totem
qu’elle n’avait pas besoin qu’on lui donne un nouveau signe ? Ou
s’agissait-il d’un signe beaucoup plus subtil qu’elle n’avait pas été capable
de reconnaître ? À moins que, songea-t-elle avec effroi, à moins qu’elle
n’ait tout simplement pris la mauvaise décision. Elle sentit un frisson la
parcourir. Pour la première fois depuis longtemps, elle serra l’amulette contre
elle et envoya un message silencieux implorant l’Esprit du Grand Lion des
Cavernes de la protéger.
Lorsqu’elle quitta la hutte de la
Zelandonia, elle portait une peau de cerf pliée en quatre, un sac à dos en cuir
lourd des objets qu’il contenait et enfin son sac à remèdes du Clan. Plusieurs
personnes étaient installées autour du foyer central, et elle leur adressa en
passant un signe de la main. Il ne s’agissait pas toutefois du geste habituel,
paume dirigée vers elle afin de signifier qu’il ne s’agissait là que d’une
absence temporaire et qu’elle serait de retour sous peu. Elle avait cette fois
levé sa main en tournant sa paume vers l’extérieur et en la remuant de gauche à
droite. Marthona fronça les sourcils, se demandant avec inquiétude ce que cela
pouvait bien signifier.
En commençant à remonter le cours
du ruisseau, raccourci menant à la grotte qu’elle avait découverte quelques
années plus tôt, Ayla se surprit à se demander si elle devait vraiment se plier
à cette cérémonie. Bien sûr, Zelandoni serait déçue, de même que tous les
autres membres de la Zelandonia qui se préparaient à y assister, mais elle
présentait plus de dangers qu’ils ne se l’imaginaient. Lorsqu’elle avait
accepté d’organiser cette cérémonie, la veille, elle était profondément
déprimée, au point de ne pas se soucier de se perdre dans le néant obscur. Mais
ce matin elle se sentait mieux, surtout après son bain rituel dans la Rivière
et sa rencontre avec Jonayla et Loup, sans même parler de Marthona et Proleva.
Et maintenant, elle ne se sentait pas prête à affronter ce néant obscur si
terrifiant. Elle devrait peut-être dire à Zelandoni qu’elle avait changé
d’avis.
Elle n’avait absolument pas pensé
aux dangers auxquels elle allait être confrontée lorsqu’elle s’était lancée
dans les préparatifs préliminaires, mais n’avait pu s’empêcher de ressentir un
certain malaise devant son incapacité à respecter comme il convenait tous les
rituels inhérents à la cérémonie. Pour le Clan, il s’agissait là d’un élément
extrêmement important, contrairement à ce qui se passait chez les Zelandonii,
plus tolérants sur les écarts à la règle. Même les paroles du Chant de la
Weitere Kostenlose Bücher