Le pays des grottes sacrées
les amas de broussaille qui en
obstruaient l’entrée avaient été poussés sur le côté, de même que l’arbre
abattu dont les racines arrachées avaient permis d’apercevoir les différentes
salles souterraines. La terre et les pierres autour de l’ouverture avaient
également été dégagées, ce qui élargissait l’entrée.
Sans aller jusqu’à attendre
impatiemment la cérémonie dont elle avait assuré la préparation, elle avait
éprouvé par moments une certaine excitation à l’idée de revoir la grotte, mais
ce sentiment avait maintenant cédé la place à une tristesse assimilable au
néant obscur qu’elle allait devoir affronter. Elle allait peut-être s’y
perdre ? Et alors, quelle importance ? Rien ne pourrait être pire que
ce qu’elle éprouvait en cet instant. Elle devait lutter de toutes ses forces
pour reprendre la maîtrise d’elle-même, qui semblait toujours sur le point de
lui échapper ces derniers temps. Et elle avait l’impression d’être en
permanence au bord des larmes depuis qu’elle s’était éveillée, ce matin.
Elle retira de son sac en cuir
une écuelle en pierre, peu profonde, ainsi qu’un paquet emballé dans de la
fourrure. Celui-ci contenait un petit sachet de graisse pratiquement étanche,
muni d’un bouchon à une extrémité, soigneusement ficelé et enveloppé dans le
morceau de fourrure afin d’empêcher que la graisse ne souille ce qui se trouvait
à côté. Elle prit ensuite son paquet de mèches en lichen, versa un peu d’huile
dans l’écuelle, y trempa une mèche pendant quelques secondes puis l’ôta et la
posa contre le rebord de la lampe ainsi constituée. Elle se préparait à
utiliser sa pierre à feu pour l’allumer lorsqu’elle aperçut deux autres membres
de la Zelandonia qui gravissaient le sentier menant à la grotte.
Cette vision lui fit
immédiatement recouvrer son sang-froid : nouvelle dans leurs rangs, elle
souhaitait vivement conserver leur respect. Les trois Zelandonia se saluèrent,
discutèrent de choses et d’autres, après quoi l’un d’eux tint la lampe tandis
qu’Ayla démarrait un petit feu à l’aide de sa pierre. Une fois la lampe
allumée, elle éteignit le foyer avec une poignée de terre et tous trois
pénétrèrent dans la grotte.
Lorsqu’ils eurent franchi la zone
proche de l’entrée et se retrouvèrent dans l’obscurité totale, ils constatèrent
que la température ambiante avait fraîchi d’un coup. Leur conversation se
réduisit au minimum tandis qu’ils cheminaient péniblement en contournant les
amas rocheux et en évitant de glisser sur le sol argileux, avec leur unique
lampe pour éclairer le chemin. Lorsqu’ils arrivèrent dans une salle assez
vaste, leurs yeux s’étaient si bien habitués à la pénombre que la lumière des
multiples lampes à huile leur parut presque éblouissante. La plupart des
membres de la Zelandonia étaient déjà là et attendaient Ayla.
— Ah, te voilà, Zelandoni de
la Neuvième Caverne, la salua la Première. As-tu mené à bien tous les préparatifs
que tu estimais nécessaires ?
— Pas tout à fait, répondit
Ayla. Je dois encore procéder à des modifications. Pendant la cérémonie du
Clan, je devais être nue pendant tout le temps de la préparation de la boisson,
et ne porter que mon amulette et les couleurs peintes sur mon corps par le
Mog-ur. Mais il fait trop froid dans la grotte pour rester nue très longtemps
et comme par ailleurs les Mog-ur qui buvaient le liquide étaient habillés, eux,
je le resterai moi aussi. Mais comme il est à mon avis important de se tenir le
plus près possible de la cérémonie du Clan, j’ai décidé de porter un pagne dans
le style de ceux que portaient les femmes du Clan. J’ai confectionné une
amulette du Clan pour mes symboles totémiques et, pour montrer que je suis une
femme-médecine, je porterai mon sac à remèdes du Clan, bien que ce soient les
objets contenus dans mon amulette qui aient le plus d’importance. Cela
permettra aux esprits du Clan de me reconnaître non seulement comme une femme
du Clan mais aussi comme une femme-médecine.
Sous le regard fasciné des
membres de la Zelandonia, Ayla ôta ses vêtements et entreprit de s’envelopper
de la peau de cerf bien souple qu’elle avait apportée, la nouant avec une
longue cordelière de façon à laisser des poches et des plis susceptibles
d’abriter un certain nombre d’objets. Elle pensait à tous les gestes qu’elle
faisait qui
Weitere Kostenlose Bücher