Le pays des grottes sacrées
avait
découvert cette nouvelle grotte mais elle avait fait en sorte qu’il soit parmi
les premiers à la voir, et elle avait accepté de devenir acolyte de la Première
pour lui permettre de rejoindre la Dix-Neuvième Caverne, qui en était proche.
— Mais tu sais faire
d’autres sons, Ayla, dit-il soudain. Tu sais siffler comme un oiseau, je t’ai
entendue. Et tu sais imiter beaucoup d’animaux. Tu hennis comme un cheval, tu
rugis même comme un lion !
— J’aimerais entendre ça,
dit le doniate.
— Montre-lui, Ayla.
Elle ferma les yeux et se
concentra, ramena ses pensées au temps où elle vivait dans sa vallée, élevant
un lionceau et une jeune pouliche comme s’ils étaient ses enfants. Elle se
rappela la première fois que Bébé avait rugi à pleine gorge. Elle avait décidé
de s’exercer elle aussi à rugir et, quelques jours plus tard, elle lui avait
répondu par un rugissement. Il n’était pas aussi puissant que celui de Bébé
mais il avait paru l’approuver. Comme l’aurait fait son lion, Ayla commença par
une série de grognements, unkh, unkh, unkh , chaque fois plus forts, puis
elle ouvrit grand la bouche et lâcha le plus tonitruant des rugissements
qu’elle put. Après un silence, la grotte le renvoya, comme si un lion avait
répondu, loin au cœur de la roche et même au-delà.
— Tu peux aussi hennir comme
un cheval ? lui demanda le jeune acolyte de la Vingt-Sixième lorsque
l’écho mourut.
C’était un son facile. C’était
celui qui l’avait inspirée quand elle avait donné à sa jument le nom de
Whinney, lorsqu’elle n’était encore qu’une pouliche. Ayla émit le son par
lequel elle saluait sa jument quand elle ne l’avait pas vue depuis un
moment : un joyeux Whiiinneeey .
Cette fois, le doniate de la Vingt-Sixième
Caverne éclata de rire.
— J’imagine que tu peux
aussi imiter un oiseau.
Ravie, Ayla sourit, siffla comme
elle avait appris à le faire lorsqu’elle vivait seule dans sa vallée pour
attirer les oiseaux, qui venaient manger dans sa main. Les trilles et les
gazouillis furent là encore renvoyés par la grotte en un étrange écho assourdi.
— Si j’avais encore eu des
doutes sur le caractère sacré de ce lieu, tu les aurais dissipés. Tu n’auras
pas de problème pour évaluer une grotte, Ayla, même si tu ne sais ni chanter ni
jouer de la flûte. Comme Falithan, tu as ta façon de le faire, dit le
Zelandoni.
Il fit signe à son acolyte, qui
tira de son sac quatre petites coupes munies de poignées qu’on avait taillées
dans un bloc de calcaire.
L’acolyte prit ensuite ce qui
ressemblait à une espèce de saucisse blanche : un morceau d’intestin
d’animal bourré de graisse. Il en dénoua une extrémité et fit tomber dans la
coupe de chaque lampe de la graisse figée, y planta une mince lanière de bolet
séché. Puis il s’assit et entreprit de faire du feu. Ayla l’observa et faillit
lui proposer l’une de ses pierres à feu mais la Première avait insisté, l’année
précédente, pour faire la démonstration de leur usage dans le cadre d’une
cérémonie, et même si un grand nombre de Zelandonii savaient maintenant s’en
servir, Ayla ignorait comment sa doniate voulait cette fois les montrer à ceux
qui ne les avaient pas encore vues.
Avec les matériaux qu’il avait
apportés, Falithan ne tarda pas à allumer un petit feu et, à l’aide d’une autre
bande de champignon séché qu’il enflamma, il fit fondre un peu de la graisse
pour qu’elle soit plus facilement absorbée puis alluma les mèches de bolet.
Lorsqu’une flamme se fut élevée
de chaque lampe, le Zelandoni de la Vingt-Sixième Caverne suggéra :
— Allons visiter cette
petite grotte. Ayla, tu vas devoir maintenant imiter le serpent. Tu crois que
tu peux te glisser à l’intérieur ?
Elle acquiesça de la tête, malgré
quelques doutes.
La poignée de sa lampe à la main,
le Zelandoni passa d’abord la tête dans l’ouverture, se mit à genoux, appuyé
sur une main, s’allongea finalement sur le ventre. Poussant la lampe devant
lui, il se tortilla pour pénétrer dans l’espace exigu. Ayla suivit, puis
Jonokol et enfin Falithan, chacun avec sa lampe. Ayla comprenait maintenant
pourquoi le Zelandoni avait découragé la Première de tenter cette visite. Même
si Ayla avait plusieurs fois été étonnée par tout ce dont cette femme
corpulente était capable quand elle le désirait vraiment, cette grotte était
vraiment trop
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