Le pays des grottes sacrées
étroite pour elle.
Les parois, plus ou moins
perpendiculaires avec le sol, s’incurvaient vers le plafond et semblaient
faites de roche recouverte de terre humide. Le sol, mou et argileux, collant,
les aida en fait à passer dans certains des endroits les plus exigus mais il ne
fallut pas longtemps pour que cette boue froide imprègne leurs vêtements.
Consciente que ses seins étaient gorgés de lait, Ayla s’efforçait de s’appuyer
sur les mains pour ne pas faire porter tout son poids sur eux, mais ce n’était
pas facile avec la lampe à la main. Lorsqu’elle se retrouva bloquée dans un
coude, elle éprouva un début de panique.
— Reste calme, Ayla, tu peux
y arriver, l’encouragea Jonokol.
Elle sentit qu’il lui poussait
les pieds par-derrière et, avec son aide, elle passa.
La grotte n’était pas
uniformément étroite. Après le coude, elle s’évasa. Ils purent s’asseoir, tenir
leur lampe en hauteur et se voir. Ils s’accordèrent une halte et Jonokol ne put
y tenir : avec un éclat de silex pris dans une poche accrochée à sa ceinture,
il grava un cheval en quelques coups rapides sur l’une des parois, puis un
autre en face.
Ayla était toujours sidérée par
son habileté. Lorsqu’il vivait encore à la Neuvième Caverne, elle l’avait
souvent regardé s’exercer sur une paroi calcaire, sur une plaque de roche
détachée, ou sur une peau brute, avec un morceau de charbon de bois. Il le
faisait si souvent et avec tant de facilité qu’il semblait presque gaspiller
son talent. Mais de même qu’elle avait dû s’exercer pour devenir habile avec sa
fronde ou avec le lance-sagaie de Jondalar, Jonokol, elle le savait, avait eu
besoin de pratique pour atteindre son niveau d’excellence. Pour Ayla, la
capacité de se représenter une créature vivante et de reproduire son image sur
une surface lisse était tellement extraordinaire qu’elle ne pouvait être qu’un
don étonnant de la Mère. Elle n’était pas la seule à le penser.
Après qu’ils se furent reposés un
moment, le Zelandoni de la Vingt-Sixième Caverne repartit, toujours en tête.
Ils durent franchir d’autres passages difficiles avant d’atteindre un point où
de gros rochers barraient leur chemin : c’était le fond de la grotte, ils
ne pouvaient pas aller plus loin.
— J’ai vu que tu n’as pas pu
t’empêcher de dessiner sur les parois de cette grotte, fit observer le Zelandoni
en souriant à Jonokol.
L’artiste n’aurait pas tout à
fait exprimé en ces mots ce qu’il avait fait mais il acquiesça.
— Je pense que Vue du Soleil
devrait célébrer une cérémonie pour cet endroit, reprit le doniate. Je suis
plus persuadé que jamais de son caractère sacré et je voudrais le faire
reconnaître. Ce pourrait être un lieu où les jeunes, voire les tout jeunes,
viendraient mettre leur courage à l’épreuve.
— Tu as raison, approuva
l’artiste acolyte. C’est une grotte difficile mais droite. On ne risque pas de
s’y perdre.
— Participeras-tu à la
cérémonie, Jonokol ?
Ayla devina que le Zelandoni
souhaitait que le peintre fasse d’autres dessins dans cette grotte sacrée si
proche de sa Caverne et se demanda si cela rehausserait encore son statut.
— Je pense qu’il faudrait y
marquer une limite, pour montrer qu’on ne peut pas aller plus loin… dans ce
monde, répondit Jonokol. Le lion d’Ayla a rugi du Monde d’Après. Fais-moi
savoir quand tu tiendras cette cérémonie.
Le Zelandoni et son acolyte
Falithan exprimèrent tous deux leur satisfaction par un sourire.
— Tu seras également la
bienvenue, Ayla, déclara le doniate.
— Je dois d’abord savoir ce
que la Première a prévu pour moi.
— Bien sûr.
Ils firent demi-tour et Ayla ne
fut pas mécontente de rebrousser chemin. Ses vêtements étaient trempés,
couverts de boue, et elle commençait à avoir froid. Le retour ne parut pas
aussi long et elle ne resta pas de nouveau bloquée. Parvenue près de l’entrée,
Ayla poussa un soupir de soulagement. Sa lampe s’était éteinte juste avant
qu’ils aperçoivent la lumière du jour. Cette grotte était peut-être sacrée mais
elle n’avait rien d’agréable, surtout parce qu’on devait y avancer en rampant
la plupart du temps.
— Veux-tu venir à Vue du
Soleil, Ayla ? proposa Falithan. Ce n’est pas loin.
— Je suis désolée. Une autre
fois, ce sera avec plaisir, mais j’ai promis à Proleva de rentrer dans
l’après-midi. C’est elle
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