Le pays des grottes sacrées
qui garde Jonayla.
Ayla n’ajouta pas que ses seins
lui faisaient mal et qu’il fallait absolument qu’elle allaite.
8
À son retour, Ayla trouva Loup
qui l’attendait à la lisière du camp central comme s’il savait qu’elle venait.
— Où est Jonayla ? lui
dit-elle. Cherche-la pour moi.
L’animal bondit en avant, se
retourna pour s’assurer qu’elle le suivait. Il la conduisit directement à
Proleva, qui donnait le sein à Jonayla au camp de la Troisième Caverne.
— Te voilà ! s’exclama
la compagne de Joharran. Si j’avais su que tu arrivais, je n’aurais pas nourri
ta fille. Elle est rassasiée, maintenant, j’en ai peur.
Ayla prit son bébé et lui tendit
le mamelon mais l’enfant n’avait plus faim.
— Sethona aussi a
tété ? demanda-t-elle. J’ai les seins tellement gonflés qu’ils sont
douloureux.
— Stelona m’a proposé de lui
donner à manger pendant que je discutais des Matrimoniales avec Zelandoni.
Comme je savais que je devrais allaiter Jonayla après, cela me convenait
parfaitement. J’ignorais quand tu rentrerais.
— Moi aussi, répondit Ayla.
Je vais voir si je trouve quelqu’un d’autre qui a besoin de lait. En tout cas,
merci d’avoir gardé Jonayla.
En se dirigeant vers la hutte de
la Zelandonia, Ayla vit Lanoga qui portait Lorala sur la hanche. Son frère
Ganamar, trois ans, s’accrochait d’une main à sa tunique, le pouce de l’autre
main dans la bouche. Au grand soulagement d’Ayla, Lanoga cherchait justement
quelqu’un pour allaiter sa petite sœur.
Elles s’assirent sur l’un des
troncs d’arbres abattus et recouverts de coussins qu’on avait disposés autour
d’un cercle noirci par le feu devant la grande hutte et Ayla échangea Lorala
contre sa fille. Loup s’assit près de Jonayla et Ganamar se laissa tomber à
côté de lui. Tous les enfants du foyer de Laramar se sentaient à l’aise avec
l’animal, même si Laramar ne l’était pas. Il se raidissait et reculait lorsque
l’énorme bête s’approchait de lui.
Avant de donner la tétée, Ayla
dut essuyer son sein sali par la boue. Alors qu’elle allaitait, Jondalar revint
d’une séance d’entraînement au lance-sagaie. Lanidar, le jeune garçon qui
l’accompagnait, adressa à Ayla un sourire timide et salua Lanoga avec plus
d’aisance. Il avait douze ans maintenant, bientôt treize, et il avait beaucoup
grandi depuis la Réunion d’Été précédente. Ayla remarqua qu’il semblait plus
sûr de lui. Il portait à son bras droit difforme un harnais spécial auquel
était accroché un propulseur. Son carquois contenait plusieurs lances, plus
courtes et plus légères que celles qu’on lançait à la main et qui ressemblaient
plutôt à de longues flèches munies d’une pointe de silex. Son bras gauche, bien
développé, était presque aussi musclé que celui d’un adulte et Ayla devina
qu’il devait s’entraîner beaucoup.
Lanidar portait aussi une
ceinture de puberté à franges rouges, étroite bande faite de matériaux divers
aux couleurs variées : lin ivoire, aconit beige, ortie taupe. Il y avait
aussi des poils de fourrure d’hiver d’animaux tels que le mouflon blanc, l’ibex
gris, le mammouth roux, et des crins noirs de queue de cheval. Certains avaient
gardé leur couleur naturelle, d’autres avaient été teints. Non seulement cette
ceinture signifiait qu’il avait atteint la puberté et qu’il était prêt pour une
femme-donii, mais ses motifs indiquaient aussi ses liens. Ayla reconnut le
symbole qui proclamait son appartenance à la Dix-Neuvième Caverne des
Zelandonii, mais elle n’était pas encore capable d’identifier ses noms et liens
par leurs motifs respectifs.
La première fois qu’elle avait vu
une ceinture de puberté, elle l’avait trouvée belle. Elle ignorait totalement
ce qu’elle signifiait lorsque Marona, la jeune femme qui avait espéré s’unir à
Jondalar, avait cherché à la ridiculiser en l’incitant à la porter avec des
sous-vêtements de jeune garçon. Ayla trouvait encore ces ceintures très jolies
même si elles lui rappelaient cet incident déplaisant. Elle avait gardé le
vêtement en peau de daim dont Marona lui avait fait « cadeau » car
elle n’était pas née zelandonii et n’avait pas, enraciné en elle, le sentiment
qu’il n’était pas approprié. Il était souple et doux et il avait suffi de
retoucher les jambières et la tunique pour les adapter à ses formes féminines.
Les
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